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L’éducation physique au collégial favorise l’adoption d’un mode de vie actif

La plupart des études démontrent qu’à partir de l’adolescence, le niveau de pratique de l’activité physique chez les jeunes Québécois connaît un important déclin. Pour contrer cette baisse, les cours d’éducation physique au collégial misent sur une approche intégrant les principes d’éducation à la santé, tout en mettant l’accent sur l’adhésion à un mode de vie actif. Mais que sait-on de l’impact réel de ces cours sur les habitudes des jeunes? Peu de données ayant été recueillies sur cette question, le professeur Jean Lemoyne du Département des sciences de l’activité physique de l’UQTR a mené une étude au Collège Shawinigan, afin d’analyser l’évolution de la pratique de l’activité physique d’étudiants au collégial. Dans le rapport final de cette étude, subventionnée par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, les résultats obtenus plaident en faveur des cours d’éducation physique et fournissent des pistes intéressantes d’amélioration et d’intervention pour les enseignants.

M. Jean Lemoyne, professeur au Département des sciences de l’activité physique de l’UQTR.

 Effets probants

 Au cours de son étude, échelonnée de 2008 à 2010, le professeur Lemoyne a suivi plus de 400 étudiants à travers leur cheminement collégial, incluant trois cours obligatoires d’éducation physique. Par différents tests et questionnaires, il a mesuré l’influence des cours d’éducation physique, à la fois sur la pratique de l’activité physique et le niveau de condition physique des jeunes. Il s’est aussi intéressé aux variables influençant l’adoption d’un mode de vie actif, ce qui fera d’ailleurs l’objet d’une publication dans la Revue canadienne des sciences du comportement.

 « Notre étude a révélé que chaque cours d’éducation physique a un impact positif, entraînant un gain de l’activité physique du début à la fin du trimestre. L’augmentation la plus forte survient lors du troisième cours, où l’on insiste sur la prise en charge de l’activité physique en dehors des heures de classe. L’influence des cours est donc immédiate, un certain déclin étant ensuite observé après la fin du trimestre », de constater M. Lemoyne.

 Le chercheur se réjouit de constater que l’influence positive des cours se manifeste particulièrement chez les étudiants les moins enclins à la pratique de l’activité physique. « Les plus forts taux de progression ont été enregistrés chez les filles, les personnes sédentaires et celles ayant une moins bonne perception de leurs capacités physiques. De plus, à la fin du cheminement collégial, près de 70 % des jeunes atteignent un niveau de pratique suffisant pour en retirer des bénéfices santé. En ce domaine, les filles connaissent également une progression significativement supérieure à celle des garçons. Dans chacun des cours, nous constatons aussi une amélioration des aptitudes musculaires. De surcroît, le troisième cours permet des gains intéressants sur le plan psychosocial, notamment une augmentation positive de la perception d’endurance et de la satisfaction envers le soi physique et l’image corporelle. Cet accroissement est déterminant, puisqu’associé positivement à la pratique future de l’activité physique », rapporte-t-il.

 Facteurs limitatifs

 En menant son projet de recherche, le professeur Lemoyne a aussi constaté que les jeunes perçoivent plus de barrières à la pratique de l’activité physique à la fin du collégial, parce qu’ils prennent alors conscience des difficultés reliées à un mode de vie actif.

 « À leur entrée au collège, les principales limites à l’activité physique évoquées par les étudiants sont la peur de se blesser, le fait d’être trop fatigué et le manque d’habiletés. Pendant leur passage au collégial, la gestion de l’horaire et le manque de temps deviennent des facteurs limitatifs majeurs et en augmentation. L’accroissement de ces barrières perçues, en fin de programme, suggère qu’il y a lieu de se préoccuper des perceptions des étudiants à cet égard », note le chercheur.

 Pistes d’amélioration

 Le projet de recherche réalisé par le professeur Lemoyne fournit des indications intéressantes pour les enseignants en éducation physique. Dans leurs cours, ces derniers mettent traditionnellement l’accent sur le développement des habiletés physiques et d’attitudes favorables à la pratique d’activités physiques. Ils auraient également intérêt à se pencher sur les barrières à la pratique de l’activité physique perçues par les étudiants, et à trouver des moyens de les abaisser.

 « Nos résultats suggèrent de porter une attention particulière aux barrières, principalement dans le cas où les éducateurs physiques veulent inciter les jeunes à pratiquer l’activité physique de façon autonome et régulière, souligne M. Lemoyne. La perception des barrières est un réel obstacle à la pratique d’activités physiques et la forme actuelle des cours porte peu d’attention à ce phénomène. Différentes approches comme des ateliers de discussion, des études de cas ou du counseling, peuvent aider les étudiants à trouver des solutions visant à réduire ces barrières. »

 Le professeur Lemoyne propose également de favoriser les succès et de valoriser les points forts des étudiants, pour améliorer leur perception de soi et leur sentiment de compétence. « Une bonne perception encourage la pratique de l’activité physique. Rendre l’expérience de cours plus positive est un élément important en éducation physique et à la santé, pour accroître les chances d’adoption de comportements sains. En ajoutant, par exemple, un quatrième cours d’éducation physique au collégial, nous pourrions nous attarder aux facteurs psychosociaux reliés à la pratique de l’activité physique des étudiants, et ce, de façon plus approfondie. Malgré son impact important, cette thématique est actuellement peu abordée en éducation physique », de signaler le chercheur.