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Découverte majeure sur les effets à long terme des commotions cérébrales

Chaque année, plusieurs athlètes sont victimes d’une commotion cérébrale et en subissent les contrecoups de nombreuses années plus tard. Jusqu’à présent, des études réalisées auprès d’anciens athlètes sexagénaires suggèrent en effet que les commotions cérébrales qu’ils ont subies durant leur vingtaine occasionnent un déclin prématuré du fonctionnement du cerveau. Les résultats d’une récente étude réalisée par l’équipe de Louis de Beaumont, professeur au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), permettent d’identifier que le dommage causé à la matière blanche à la suite d’une commotion cérébrale durant la vingtaine s’accentue avec l’avancement de l’âge chez ces athlètes et constitue un facteur déterminant du déclin cognitif et moteur des décennies plus tard.

Louis de Beaumont est professeur au Département de psychologie d el'UQTR.

Louis de Beaumont est professeur au Département de psychologie de l’UQTR.

Réalisée par une équipe de recherche dirigée par Louis de Beaumont, neuropsychologue, chercheur au Centre de recherche de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche de l’UQTR en neurobiologie du traumatisme craniocérébral léger, l’étude identifie clairement le lien entre le dommage répandu des structures permettant la propagation des influx nerveux, aussi appelés matière blanche, et le déclin de la mémoire, des capacités d’apprentissage, de l’attention, et de la vitesse d’exécution retrouvés chez les anciens athlètes sexagénaires ayant subi une commotion cérébrale au cours de leur vingtaine. D’ailleurs, ce dommage de la matière blanche affecte de façon accentuée les régions du cerveau les plus vulnérables au processus de vieillissement du cerveau.

«En 2009, notre équipe de recherche avait démontré pour la toute première fois que les athlètes ayant subi une ou des commotions cérébrales durant leur carrière présentent, en vieillissant, un risque de voir leurs fonctions motrices et cognitives, tels l’attention, la mémoire et la vitesse d’exécution de mouvements répétitifs, se détériorer plus rapidement que chez les athlètes n’en ayant pas subies», explique l’initiateur de l’étude Louis de Beaumont. «Or, la présente recherche nous permet d’identifier que le dommage causé à la matière blanche à la suite d’une commotion cérébrale durant la vingtaine, s’accentue avec l’avancement de l’âge chez ces athlètes et constitue un facteur déterminant du déclin cognitif et moteur des décennies plus tard.»

Cette donnée a été recueillie auprès d’anciens athlètes qui ne présentaient, au moment de leur évaluation, aucun problème de santé ou antécédents médicaux prédisposant au développement de maladies du cerveau. Les participants du groupe étaient des hommes âgés entre 51 et 75 ans qui avaient évolué dans les ligues universitaires de hockey et de football durant leurs études. L’arrivée de nouveaux outils plus puissants en neuroimagerie ont permis d’investiguer l’intégral du cerveau humain et ainsi, de détecter les anomalies de la matière blanche résultant d’une commotion cérébrale.

«Ultimement, cette découverte d’un important maillon manquant de la pathologie de la commotion cérébrale identifie une cible thérapeutique pour les athlètes commotionnés visant à freiner, voire même renverser le processus de dégénérescence de la matière blanche du cerveau à la suite d’une commotion cérébrale, lequel est au moins en partie responsable du déclin prématuré aux plans cognitif et moteur», explique Louis de Beaumont.

Les résultats de cette recherche ont été publiés dans le journal britannique Brain, réputé pour la qualité de ses contenus scientifiques, sous le titre Diffuse white matter tract abnormalities in clinically normal ageing retired athletes with a history of sports-related concussions.

L’étude a été rendue possible grâce à l’appui financier des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).