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Les impacts environnementaux du déversement des eaux usées de Montréal se font surtout sentir à proximité de la métropole

Une étude réalisée par une équipe de chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) démontre que les importants déversements d’eaux usées montréalaises dans le fleuve Saint-Laurent, survenus en novembre dernier, ont eu des impacts environnementaux négatifs, principalement dans des zones situées à proximité de la métropole.

(Photo Maude Montembeault, RDI)

Michel Péloquin, maire de Sainte-Anne-de-Sorel, Karine Saucier, étudiante à la maîtrise en sciences de l’environnement et Gilbert Cabana, professeur au Département des sciences de l’environnement de l’UQTR.(Photo Maude Montembeault, RDI)

«Avant, pendant et après ces déversements, nous avons récolté des échantillons d’eau à divers endroits sur le fleuve, de Montréal à Bécancour. En ce qui concerne plus spécifiquement les coliformes fécaux, indicateurs de pollution organique, nous avons constaté une augmentation très importante au nord de l’île Sainte-Thérèse et près de Pointe-aux-Trembles. Cependant, à partir de Sorel-Tracy et jusqu’à Bécancour, les déversements n’ont pas eu d’impact sur les taux habituels de coliformes», explique le professeur Gilbert Cabana du Département des sciences de l’environnement de l’UQTR, qui a effectué les prélèvements sur le fleuve.

Dans les zones les plus affectées par les déversements, à proximité de Montréal, le taux de coliformes présents (nombre de colonies bactériennes par 100 ml d’eau) est passé de moins de 20 à quelque 5000, après les déversements. Rappelons qu’un taux supérieur à 200 rend les eaux impropres à la baignade.

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Îles de Sorel : des taux toujours très élevés

Les mesures prises par l’équipe du professeur Cabana ont permis de constater, une fois de plus, que certaines portions du fleuve présentent toujours des taux extrêmement élevés de coliformes.

«Dans les îles de Sorel, nous mesurons des taux pouvant aller au-delà de 6000, et ce, peu importe que ce soit avant, pendant ou après les grands déversements de Montréal. Il s’agit donc d’un secteur particulièrement affecté par les différents rejets en amont du fleuve», explique le professeur Cabana.

Le chercheur constate que le lac Saint-Pierre fait office de filtre naturel, puisque les taux de coliformes baissent significativement dans la région de Trois-Rivières et Bécancour. « Il faut donc s’inquiéter de la santé du lac Saint-Pierre, cette réserve mondiale de la biosphère de l’UNESCO. Ce plan d’eau retient une énorme quantité de matières polluantes, ce qui peut avoir un impact important sur son écosystème», signale M. Cabana.

En termes de degré de contamination, le fleuve Saint-Laurent ne présente pas un portrait homogène : la présence de pollution varie considérablement d’un point à l’autre, notamment en raison de la présence de masses d’eau et de courants distincts.

Michel Péloquin, maire de Sainte-Anne-de-Sorel, Karine Saucier, étudiante à la maîtrise en sciences de l’environnement et Gilbert Cabana, professeur au Département des sciences de l’environnement de l’UQTR.(Photo Maude Montembeault, RDI)

Michel Péloquin, maire de Sainte-Anne-de-Sorel, Karine Saucier, étudiante à la maîtrise en sciences de l’environnement et Gilbert Cabana, professeur au Département des sciences de l’environnement de l’UQTR.(Photo Maude Montembeault, RDI)

Particules en suspension

Outre le taux de coliformes, les échantillons prélevés dans le fleuve ont aussi permis de vérifier la concentration des matières en suspension dans l’eau. Cette analyse a été effectuée par l’équipe du professeur Stéphane Campeau, du Département des sciences de l’environnement de l’UQTR.

«L’augmentation des particules en suspension dans l’eau, due au rejet important d’eaux usées montréalaises, a été plutôt modeste et s’est surtout fait sentir à proximité du lieu de déversement, au nord de l’île Sainte-Thérèse et près de Repentigny. Cette faible hausse s’explique probablement par la dilution des matières en suspension dans un grand volume d’eau et le dépôt des solides dans le lit du fleuve», explique le professeur Campeau.

Les matières en suspension ont toutefois augmenté graduellement, d’une date de prélèvement à l’autre, ce qui fait dire au chercheur que les particules continueront de transiter dans le fleuve, avec le temps.

«Les grands déversements de Montréal n’ont pas eu plus d’impact sur les matières en suspension dans le fleuve qu’une crue printanière ou de grandes pluies. Si l’on voulait diminuer significativement les particules en suspension, il faudrait prioritairement s’attaquer aux débordements d’égouts municipaux, qui surviennent fréquemment tout au long de l’année, ou au ruissellement des terres agricoles, affectant significativement le fleuve», ajoute M. Campeau.

Méthodologie et équipe

Les prélèvements d’échantillons d’eau du fleuve effectués pour cette étude ont été réalisés à trois reprises: le 15 octobre (avant les déversements de Montréal), le 13 novembre (pendant les déversements) et le 23 novembre (après les déversements).

À chaque date, des échantillons ont été prélevés sur 19 points de cueillette, sur le fleuve : Montréal (6), Sorel-Tracy (3), archipel des îles de Sorel (8), Trois-Rivières (1) et Bécancour (1). Les échantillons recueillis ont été analysés avec l’aide de l’étudiante Karine Saucier (maîtrise en sciences de l’environnement, supervisée par le professeur Simon Barnabé, professeur au Département de chimie, biochimie et physique), pour ce qui est des taux de coliformes.

Notons que les professeurs Gilbert Cabana et Stéphane Campeau sont tous deux membres du Centre de recherche sur les interactions bassins versants – écosystèmes aquatiques (RIVE) de l’UQTR ainsi que du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie et en environnement aquatique (GRIL).

L’étude réalisée par ces chercheurs a été rendue possible grâce à la participation financière de Radio-Canada Mauricie – Centre-du-Québec.