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L’anxiété de performance

L’avis psychologique

Collaboration de Julie-Anne Jalbert, consultante au service de psychologie des Services aux étudiants de l’UQTR

Qu’est-ce que l’anxiété de performance? Les études universitaires peuvent souvent engendrer de l’anxiété et un désir de performance. Par le fait même, il est de plus en plus commun d’entendre parler d’anxiété de performance. Ce phénomène, en contexte scolaire, s’adresse davantage aux étudiants qui éprouvent un niveau de stress démesuré face à la réussite scolaire et à l’obtention de résultats élevés. Cela va au-delà du stress normal qui précède les examens ou tout autre type d’évaluation. L’anxiété de performance peut miner la vie de l’étudiant au quotidien. Souvent, cela se manifeste à partir de l’école primaire et ne tend pas à se dissiper avec l’âge. Les élèves forts comme les élèves faibles, les filles comme les garçons, les enfants comme les adultes peuvent être affectés par l’anxiété de performance. Elle peut concerner plusieurs domaines (études, travail, sport, activité artistique), soit les situations évaluatives en général ou une matière spécifique.

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Quels sont les déterminants de l’anxiété de performance?

Perception de soi: La vision que l’étudiant entretient de lui-même peut l’amener à maintenir un certain niveau d’anxiété. Cela ne concerne pas seulement ses compétences, mais d’autres sphères également. Ainsi, il peut penser qu’il ne mérite pas de réussir académiquement, qu’il va causer du tort à l’un de ses proches s’il réussit, que sa propre performance lui causera du tort, etc.

Perception de ses capacités

Face à une tâche, l’étudiant entretient une perception de sa capacité à l’accomplir de manière adéquate. S’il doute de ses capacités, il se pourrait que sa réussite soit influencée par cette vision.

Perceptions attributionnelles

Elles comportent trois dimensions:
– Le lieu de la cause: L’étudiant se demande si la cause de son échec ou de sa réussite est attribuable à lui (p.ex. : aptitudes intellectuelles, talent, effort, fatigue, etc.) ou à des causes venant de l’extérieur (p.ex.: difficulté de la tâche, chance, qualité de l’enseignement, camarades, etc.).
– La stabilité de la cause: L’étudiant entretient une vision de la stabilité de la cause de son échec ou de sa réussite : Est-ce que la cause de l’échec est instable (p.ex. : effort, état de santé, événements de vie ponctuels ayant une influence sur la performance, etc.) ou stable (p.ex. : intelligence, facilité de l’examen).
– Le contrôle de la cause : L’étudiant percevra un caractère contrôlable ou non à sa réussite ou son échec. Par exemple, il peut attribuer une réussite à l’effort (contrôlable) qu’il a investi dans une tâche ou à la chance (incontrôlable) dont il a bénéficié.
En ce sens, la littérature soulève que les étudiants anxieux attribuent leurs échecs à des causes internes, stables et incontrôlables. Les étudiants qui sont moins anxieux les attribuent, quant à eux, à des causes externes, instables, contrôlables ou incontrôlables.

Les stratégies d’études: Si l’étudiant prend conscience que ses stratégies d’études ne sont pas bien adaptées, il peut devenir anxieux face à toute situation évaluative.

L’environnement scolaire: L’évaluation fait nécessairement partie de l’environnement scolaire. Or, la peur d’échouer, d’être un dernier de classe ou de ne pas atteindre ses objectifs peut augmenter le stress lié aux études.

L’influence des parents: Certains auteurs soulèvent que les attentes irréalistes que certains parents peuvent inculquer, consciemment ou non, à leur enfant peuvent engendrer une anxiété chez l’enfant. Au lieu de percevoir les situations d’évaluation comme étant une manière de s’améliorer ou une occasion d’apprendre, l’étudiant pensera en mode dichotomique, soit d’échec ou de réussite.

Comment l’anxiété de performance interfère sur le processus d’apprentissage?
Diminution de l’attention: L’étudiant qui présente une forte anxiété de performance risque de connaître une diminution de son attention. Les pensées distractives liées au stress peuvent engendrer une perte de la mémoire et amener la personne à ne plus savoir quoi répondre alors qu’elle connaît la réponse. Le traitement de l’information peut être affecté à trois niveaux :
– Capter l’information: La manière de capter l’information peut être amenuisée si l’étudiant cherche, par exemple, à prendre toutes les explications du professeur en note au lieu d’en saisir l’essentiel et d’en faire une bonne synthèse.
– Traiter l’information: L’organisation et la structuration de l’information risquent d’être affectées si la personne met trop d’énergie à mémoriser l’entièreté de la matière, même ce qui n’est pas essentiel.
– Utiliser l’information: Les doutes et les inquiétudes de l’étudiant quant à ses capacités à performer et sur la perception que les autres ont de lui peuvent influencer sur la manière dont il utilisera l’information. Il n’est pas rare de voir l’étudiant utiliser des stratégies d’évitement pour ne pas avoir à affronter sa peur d’échouer.

Diminution de la performance
: À force de vouloir performer, cela peut engendrer l’effet contraire. Parfois, l’étudiant peut mettre beaucoup d’énergie (p.ex. : en temps, en vérification constante des réponses, en pensées irrationnelles et négatives) sur des éléments qui nuisent à la performance.

Diminution de la confiance: Le désir de performer à tout prix peut amener l’étudiant à douter de ses capacités et à perdre confiance en lui. Il arrive parfois que même la réussite ne parvienne plus à rehausser la confiance suffisamment longtemps pour qu’un sentiment de bien-être s’installe. Comme si les attentes devenaient de plus en plus inatteignables…

Impacts émotifs, comportementaux et physiologiques: L’étudiant anxieux peut avoir une tendance à avoir peur, à être insécure, à être gêné et solitaire. Cela peut l’amener à être plus impatient, à moduler son rythme de débit de parole, à éprouver des difficultés de sommeil, etc. Il peut aussi ressentir des tensions musculaires, transpirer beaucoup et avoir un rythme cardiaque élevé.

Autres sources de stress chez les étudiants
D’autres facteurs accompagnant normalement la situation des étudiants peuvent augmenter leur niveau général de stress. En effet, le fait de demeurer loin du domicile familial pour la première fois peut déstabiliser les points de repères de l’étudiant. Aussi, il arrive parfois que ce soit la première fois que l’étudiant ait à gérer ses finances de manière autonome et que cela représente stress de plus. La vie après les études peut aussi constituer un projet anxiogène si l’étudiant a besoin de résultats élevés pour accéder à une profession spécifique.

Comment diminuer l’anxiété de performance?
Voici quelques conseils afin de prévenir ou diminuer l’anxiété de performance :
Soi : Il importe de modifier ses attentes et ses exigences envers soi-même en ce qui concerne les études. Pour ce faire, il peut être bénéfique de suivre son propre rythme d’étude, de respecter ses limites et de ne pas chercher à se comparer continuellement aux autres.
Être plus indulgent envers soi-même peut aider à dédramatiser une situation et aider à rediriger son énergie sur autre chose que les reproches.
Parfois, il peut devenir pertinent de se poser des questions plus personnelles à propos des émotions qui nous habitent dans le moment, de prendre conscience des peurs et des croyances qui alimentent notre anxiété. Une réflexion approfondie sur la peur inconsciente qui peut être liée à l’anxiété de performance peut permettre de mieux comprendre les cercles vicieux dans lesquels nous pouvons nous trouver. Par exemple, l’intensité du sentiment d’échec vécu à la suite d’un résultat scolaire insatisfaisant pourrait refléter la vision de sa valeur personnelle de manière générale. En d’autres mots, l’importance accordée à la réussite scolaire sert de test pour évaluer sa propre valeur personnelle. Ainsi, c’est comme si l’estime de soi dépendait directement des résultats scolaires.

Études : Prendre le temps d’évaluer les stratégies d’études utilisées et les adapter peut aider à baisser le niveau d’anxiété. Pour cela, être aidé par un conseiller en soutien à l’apprentissage ou participer à des ateliers de stratégies d’études efficaces peut être utile.

Santé : Il n’est pas surprenant de dire que de miser sur de saines habitudes de vie puisse aussi aider à diminuer l’anxiété de performance. Par exemple, dormir suffisamment, manger sainement et faire de l’exercice régulièrement permet d’augmenter les chances d’être concentré et motivé dans les études.
La santé passe également par les moments de plaisir que nous nous accordons. Afin de se changer les idées et de ne pas être envahi par les études, se garder du temps de loisirs peut être primordial. Ainsi, prévoir du temps pour les amis, la famille, les loisirs, la méditation, la relaxation, etc. devient tout aussi important que la réussite scolaire.

Finalement, recourir à de l’aide psychologique pour réfléchir à son perfectionnisme, revoir ses idéaux de réussite et la valeur qu’on s’attribue peut être bénéfique. Vous pouvez vous adresser au service de psychologie des Services aux étudiants afin d’être dirigé vers les ressources appropriées : local 1261 du Pavillon Albert Tessier ou au 819-376-5011, poste 6051.

Références

Beaucage, B. (1997). L’anxiété de performance ou la réussite à tout prix. Vies à Vies, Bulletin du service d’orientation et de consultation psychologique, vol.10, n.2.
Cohen, M. (vu en juillet 2016). Student Guide to Surviving Stress and Anxiety in College & Beyond. http://www.learnpsychology.org/student-stress-anxiety-guide/
Mimeault, V. (site consulté en juillet 2016). Trop de stress? Douze pistes de solutions. Centre d’aide aux étudiants de l’Université Laval. https://www.aide.ulaval.ca/apprentissage-et-reussite/textes-et-outils/stress-et-anxiete-scolaire/trop-de-stress-douze-pistes-de-solutions/
Viau, Rolland (1995). L’état des recherches sur l’anxiété en contexte scolaire. Cahiers de la recherche en éducation, vol. 2, n°2, p.375-398.