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«Chéri, mange tes légumes!»: pourquoi certaines femmes veulent que leur conjoint s’alimente de façon plus saine

– Collaboration de Laurie Montembeault, étudiante au baccalauréat en études françaises –

Apprendre une nouvelle langue ou faire plus d’activité physique sont des exemples de buts personnels que les gens poursuivent afin de donner une structure à leur vie. Certains entretiennent aussi des buts vicariants, c’est-à-dire des objectifs pour les personnes qui les entourent. C’est afin de mieux comprendre un de ces buts vicariants, et parce qu’elle s’intéresse autant au couple qu’à l’alimentation, que Noémie Carbonneau, professeure du Département de psychologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières, a mené une recherche sur la motivation qu’ont les femmes pour que leur conjoint s’alimente plus sainement.

Noémie Carbonneau, professeure au Département de psychologie. (Photo Annie Brien)

Cueillette de données

Pour cette étude, Noémie Carbonneau a recruté 131 couples, dont les partenaires étaient âgés entre 20 et 80 ans. Les femmes remplissaient des questionnaires afin de faire connaître leurs buts personnels concernant la régulation du comportement alimentaire ainsi que ceux qu’elles entretiennent pour leur conjoint. Le conjoint devait, quant à lui, rapporter la façon dont il percevait sa conjointe, à savoir si elle était un bon soutien, l’encourageait et lui offrait un support moral ou si elle était plutôt contrôlante, lui mettait de la pression pour changer son comportement. Le conjoint était aussi questionné au sujet de son propre bien-être psychologique et de sa satisfaction quant à sa relation amoureuse.

Premiers constats

Après avoir analysé ces questionnaires, la chercheuse a distingué deux formes de motivation chez les femmes : certaines souhaitent que leur conjoint s’alimente de façon plus saine pour des raisons d’apparence, alors que d’autres sont plutôt motivées par des considérations liées à la santé – meilleure vitalité, espérance de vie plus longue, etc. Par ailleurs, les résultats ont démontré que ces différents types de motivation reflètent les buts personnels que les femmes poursuivent elles-mêmes, tant du côté de l’apparence que de la santé.

Motivation et type d’interactions

Noémie Carbonneau a aussi constaté que les femmes qui entretenaient des buts en lien avec la santé étaient de meilleures aides pour leur partenaire, alors que les femmes qui poursuivaient des buts motivés par l’apparence étaient plus contrôlantes.

La chercheuse explique cela par le fait que «les buts liés à l’apparence sont des buts extrinsèques : ce sont des buts axés sur des indicateurs externes de la réussite. Il y a une pression reliée à ça et on devient plus contrôlant. Les buts en lien avec la santé sont plus intrinsèques; c’est plus relié à croître comme individu, à être authentique avec nos valeurs et cela mène à un style plus soutenant».

Impacts et perspectives

Mme Carbonneau souhaite que son étude entraîne une prise de conscience sur les buts que les individus poursuivent individuellement, car ils ont parfois tendance à les projeter sur les personnes de leur entourage, ce qui peut nuire notamment à leur relation de couple. En effet, les hommes dont la conjointe était perçue comme plus contrôlante rapportaient une moins bonne qualité de la relation amoureuse.

Pour la chercheuse, projeter nos buts alimentaires sur un adulte est dommageable, mais probablement pas autant que s’il s’agissait d’un enfant. Il s’agit d’ailleurs d’un aspect qui intéresse particulièrement la professeure du Département de psychologie, qui aimerait se pencher sur la régulation du comportement alimentaire dans la relation parents-enfants dans ses prochaines recherches.

Laurie Montembeault est étudiante au baccalauréat en études françaises. Elle signe ici un texte dans le cadre du projet d’intervention dans la communauté «Rédaction d’articles sur la recherche universitaire», réalisé à l’hiver 2017 en collaboration avec le Vice-rectorat à la recherche et au développement, Elizabeth Marineau, agente de recherche au Décanat des études, la professeure Geneviève Bernard Barbeau, du Département de lettres et communication sociale, ainsi que les chercheurs qui ont généreusement accepté de se prêter au jeu de la vulgarisation journalistique.

 

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