Une unité de soins virtuelle pour former les infirmières

Intervenir à l’intérieur d’un environnement virtuel en trois dimensions recréant une unité de soins, avec son poste de garde, son matériel, ses corridors, ses chambres… et ses patients! Cela paraît provenir d’une œuvre de science-fiction; pourtant, la future infirmière formée à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) pourra, dès 2013, vivre une immersion dans un contexte hospitalier virtuel qui la rapprochera de la réalité clinique.

L’unité virtuelle en sciences infirmières permettra aux étudiantes de s’adapter au contexte de la pratique professionnelle.

Lorsqu’elle entre dans l’environnement virtuel, l’étudiante se trouve immergée dans une unité de soins où seraient hospitalisés quatre patients, par exemple. Celle-ci doit alors consulter leurs dossiers, faire son plan de travail, aller voir ses patients et même interagir avec eux.

Ensuite, la future infirmière décide des actions à mener selon chaque cas : doit-elle installer un soluté, refaire un pansement, etc.? Le matériel nécessaire aux interventions appartient également à l’environnement virtuel : les gants, ciseaux, pansements, médicaments, seringues, solutés… Tout y est!

«Cette nouvelle approche pédagogique permettra notamment aux étudiantes de pratiquer les différents protocoles de soins, de trouver leurs repères et d’apprendre à rassurer le patient», explique Liette St-Pierre, professeure au Département des sciences infirmières. Celle-ci travaille en étroite collaboration avec le professeur François Meunier, du Département de mathématiques et d’informatique, dans le cadre de ce projet intitulé Création d’une unité virtuelle en sciences infirmières, financé par le Fonds d’innovation pédagogique (FIP) de l’UQTR.

Développer la pratique et le jugement clinique

Liette St-Pierre, professeure au Département des sciences infirmières.

En plus de reproduire un contexte de pratique identique à celui de l’hôpital, l’unité virtuelle s’animera grâce à divers scénarios cliniques susceptibles d’ébranler la routine. Par exemple, à l’intérieur d’un scénario, un patient pourrait faire une réaction allergique à son médicament; l’étudiante doit alors utiliser son jugement clinique et prendre une décision. Et si elle fait une erreur ou un oubli dans le protocole de soins, le patient réagira en fonction de l’action posée par l’étudiante.

Pour la professeure St-Pierre, «il s’agit d’un outil novateur pour développer le jugement clinique de l’étudiante dans un environnement contrôlé et sécuritaire, ainsi que ses capacités décisionnelles et d’organisation». De fait, alors que ces compétences sont importantes à acquérir, il faut prévoir des activités pédagogiques qui ont pour effet de mieux préparer les futures infirmières à la réalité du milieu hospitalier, entre autres en les exposant à des situations cliniques particulières.

Personnaliser l’enseignement

De plus, l’utilisation du virtuel permet de conserver une trace de chaque décision clinique. Par exemple, certaines oublieront des étapes dans le protocole de soins, alors que d’autres seront moins habiles dans leurs interactions avec les patients. Les enseignants pourront alors intervenir auprès de chaque étudiante pour les aider à travailler sur les aspects à améliorer. «Nous personnalisons ainsi la formation, tout en respectant le rythme d’apprentissage de chacune», affirme Mme St-Pierre, qui détient un doctorat en pédagogie en plus de sa formation d’infirmière.

Approches pédagogiques diversifiées

Le déploiement prochain de l’unité virtuelle s’inscrit dans une série d’approches pédagogiques mises sur pied par le Département des sciences infirmières de l’UQTR. Parmi ces approches, mentionnons la réalisation de capsules vidéo, disponibles en tout temps pour les étudiantes sur le portail du programme, qui visent à se familiariser avec divers aspects de la pratique allant des techniques invasives aux soins de plaies, en passant par l’entrevue médicale avec un patient.

Également, le Département a fait l’acquisition il y a quelques années de SimMan, un simulateur à la fine pointe de la technologie qui prend la forme d’un être humain grandeur nature et présente de nombreuses caractéristiques humaines, puisqu’il peut respirer, parler et être ausculté. Les étudiantes s’en servent pour expérimenter plusieurs aspects de leur pratique, entre autres améliorer leur jugement et leur prise de décision.

«En complément de la formation théorique et de la pratique sur le SimMan, l’unité de soins virtuelle permettra aux futures infirmières de s’adapter au contexte de la pratique professionnelle», conclut Liette St-Pierre. Gageons que cette nouvelle innovation pédagogique rayonnera en dehors des murs de l’UQTR!

**Ce texte est tiré du numéro d’automne 2012 de la publication Connexion UQTR. Consultez la publication ici : www.uqtr.ca/connexion