Le 12 mars 1945, la tragédie frappe la famille Dubreuil de Taschereau, en Abitibi. Le patriarche Joseph Dubreuil, propriétaire d’un atelier de bois, vient de rendre l’âme dans des circonstances nébuleuses. Sonnés, les quatre fils dispersés fondent Dubreuil et Frères Limitée, certes pour mettre en œuvre les apprentissages enseignés par leur père, mais aussi pour soutenir leur mère. Or, la difficulté de décrocher une concession forestière en Abitibi mène les frères à accepter des contrats dans le Nord-Est ontarien dès 1947. L’année suivante, le gouvernement de l’Ontario invite des jobbeurs canadiens-français à récolter le bois calciné par un brasier qui vient de dévaster la vallée de la rivière Mississagi, tâche que les grandes entreprises ont refusée. En dépit de la difficulté de la tâche, quelques familles en profitent pour propulser leurs petites entreprises et en faire des organisations considérables. Les Dubreuil ont la particularité d’avoir fondé un village privé – Dubreuilville (Ontario) – demeurée une colonie fermée de migrants du Québec jusqu’aux années 1980. Cette conférence portera sur l’histoire sociale et culturelle des dizaines de familles qui ont participé à l’expérience dubreuilvilloise, de la décennie 1940 à nos jours.