Colloque International «Temporalités esthétiques et artistiques»

Quelles temporalités animent les expériences esthétiques et les gestes artistiques? La dimension temporelle constitue ces expériences et comporte aussi des aspects phénoménologiques, herméneutiques et anthropologiques, dont les riches contenus échappent au temps objectif du chronomètre. La conscience du temps vécu peut survenir aussi bien lors d’une promenade en forêt, d’une flânerie en milieu urbain, de l’évocation d’un souvenir mémorable ou pendant une lecture captivante, que se produire dans un musée, dans une salle de concert, ou devant une performance artistique. Des « espaces-temps » particuliers susceptibles de rendre la subjectivité attentive non seulement au présent, mais à toutes les modalités temporelles, sont alors découverts. Depuis les célèbres réflexions augustiniennes sur le mystère du temps jusqu’à l’affirmation de l’« atome d’éternité » chez Kierkegaard, nous sommes avertis du fait que le temps nous possède plus que nous le possédons. À travers les textes sublimes de Valéry ou de Barthes, de Joyce ou de Proust et les réflexions plus actuelles sur l’attention, telles celles de Y. Citton, L. Jenny ou de J.-M. Schaeffer, nous sommes conviés à cette réflexion. Il suffit parfois d’un bref moment pour voir le temps se manifester ou s’effacer, laissant transparaître des sens oubliés, occultés ou inédits. L’instant esthétique vient ainsi définir une enclave dans la signification convenue des choses, une fracture dans la continuité. Ces épiphanies profanes nous rappellent aussi la brièveté fulgurante de notre existence. Dans le récit, disait P. Ricœur, la signification du temps discontinu est replacée à la lumière de l’existence.  Le colloque propose trois avenues de réflexion autour de ces questions.

A) La première aborde la part du sensible, de l’émotion, des tonalités affectives et du sentiment d’existence au sein de la temporalité esthétique. L’analyse de ces modalités rendra manifeste une dialectique d’alternance sous-jacente à ces notions.

B) Une autre avenue concerne la qualité de l’attention requise pour vivre et déceler une expérience esthétique riche. Face à la sollicitation qui fragilise nos capacités d’appréciation, des penseurs proposent une «écologie de l’attention», d’autres une «économie», d’autres encore un sauvetage esthétique qui se voit confirmé par la psychologie cognitive conjuguée à la tradition phénoménologique et herméneutique.

C) Le troisième axe touche les arts du temps (musique, danse, performance, littérature/lecture, théâtre, cinéma, vidéo et photographie).

Le temps comme matériau dans des formes d’art actuel et la figure singulière de la temporalité dans la musique numérique seront ici élaborés.  Parallèlement au colloque, une exposition collective des étudiants en art du Département de philosophie et des arts est présentée à la Galerie R3 sur le thème du colloque du 22 au 24 mai 2017.