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Israël-Palestine (2) : un vote historique aux Nations Unies

Géopolitique

Pour la deuxième fois en 65 ans, l’ONU vient de réaffirmer le droit du peuple palestinien à un état et à un territoire qu’il peut contrôler. Sur le plan des principes, les deux tiers des États du monde ont voté en faveur de ce constat, isolant ainsi Israël, les États-Unis et le Canada, ainsi que six autres États, que l’on peut qualifier d’irréductibles. Je ne répéterai pas ce que j’ai écrit dans un précédent blogue concernant l’historique du conflit israélo-palestinien. Plutôt que de discuter des causes, mon but ici est d’en parler en termes de conséquences territoriales.

Consultez la répartition des votes sur cette carte tirée du site Web du quotidien Le Monde

En ce qui concerne le Canada, le vote de refus du gouvernement actuel équivaut à renier la position médiatrice exprimée depuis plus de cinquante ans par Lester B. Pearson et ses successeurs, une doctrine politique visant à l’apaisement et au dialogue entre Palestiniens et Israéliens. Au lieu de cela, on alimente la polarisation et le refus du compromis.

L’enjeu territorial est capital : si les Israéliens ont évacué leurs colonies de peuplement de la Bande de Gaza en 2005, ils n’en ont pas moins intensifié leurs implantations en Cisjordanie depuis cette date. De quelle souveraineté parle-t-on quand le tiers du territoire cisjordanien est entièrement contrôlé par l’armée et les colons israéliens? L’annonce de plus de 3 000 nouveaux logements israéliens en représailles au vote du 29 novembre signifie que le nord et le sud de la Cisjordanie seraient séparés par un territoire sous contrôle israélien.

En considérant la situation actuelle, comment peut-on envisager de sortir de l’impasse? Israël ne veut pas revenir aux frontières d’avant juin 1967, car cela voudrait dire l’abandon de ses colonies de peuplement et le renoncement au contrôle de la vieille ville de Jérusalem annexée lors de la « Guerre des Six Jours ». Pourtant, ce serait la conséquence logique de l’acceptation d’une souveraineté effective des Palestiniens sur leur territoire. Or, en dépit de la reconnaissance de l’Autorité palestinienne par Israël en 1993, le contrôle territorial exercé par Israël sur la Palestine n’a fait que s’accentuer, culminant avec la construction du mur de séparation entre Israël et ses voisins. Même si l’on comprend ses motivations électoralistes à court terme, le premier ministre d’Israël (de même que ses alliés) devrait comprendre que le front du refus, loin d’assurer la sécurité du peuple israélien, ne fera qu’exacerber le conflit entre les «deux solitudes».

En conclusion, le vote des Nations Unies se situe dans la continuité de celui d’il y a 65 ans. Tôt ou tard, les deux peuples, et par conséquent les responsables politiques des deux côtés, devront se rasseoir à la table de négociations et en arriver à un compromis, si douloureux soit-il pour chacun d’entre eux.

Jean Cermakian est professeur associé au Département des sciences humaines, Section géographie.

Les références de notre blogueur :

  • Article de WiKipédia anglais sur l’Autorité palestinienne (la version française «provoquant une controverse de neutralité», selon le site français de Wikipédia).
  • Compte-rendu officiel du vote et des résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations Unies concernant la Palestine et Israël.
  • Liste des noms des États qui ont pris part au vote et répartition géographique des trois catégories de votants (pour, contre, abstentions).
  • Dossier du Comité de Solidarité de Trois-Rivières sur le conflit israélo-palestinien, favorable à la cause palestinienne.
  • Article et carte du journal Le Devoir sur la construction de nouvelles colonies israéliennes en Cisjordanie.