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Plusieurs facteurs poussent les jeunes hommes à prendre des risques lors de leurs loisirs

Lors de la pratique d’activités sportives ou récréatives, les garçons semblent plus enclins à adopter des comportements à risque que les filles, subissant ainsi plus de blessures. Cette prédisposition résulterait de l’interaction de plusieurs facteurs, à la fois humains, sociaux, environnementaux et technologiques, selon les constats d’un groupe de recherche de l’UQTR s’intéressant à la prise de risque en loisir. Souhaitant approfondir les connaissances sur ce phénomène, Émilie Belley-Ranger, étudiante à la maîtrise en loisir, culture et tourisme, a analysé les données d’une étude menée par ce groupe de recherche auprès de jeunes hommes âgés de 14 à 24 ans, afin de comprendre l’évolution des dimensions de la prise de risque en fonction de l’âge.

L’étudiante Émilie Belley-Ranger (à gauche) en compagnie des professeures Hélène Carbonneau (au centre) et Pascale Marcotte, du Département d’études en loisir, culture et tourisme. (Photo Flageol)

L’étudiante Émilie Belley-Ranger (à gauche) en compagnie des professeures Hélène Carbonneau (au centre) et Pascale Marcotte, du Département d’études en loisir, culture et tourisme. (Photo Flageol)

«Pour réaliser cette étude, le groupe de recherche s’était entretenu avec 26 jeunes hommes s’adonnant à différents loisirs, individuellement ou en équipe, dans un contexte récréatif ou compétitif. Ces répondants pratiquaient diverses activités : parkour, vélo de montagne, boxe, planche à neige ou à roulettes, football, hockey ou soccer», d’expliquer la chercheuse.

Facteurs externes

Les jeunes hommes interrogés considèrent que l’environnement physique s’avère, en soi, un élément motivant pour la prise de risque en loisir. Un lieu peut représenter une source de défi, un espace de créativité où exercer de nouvelles pratiques (ex. planche à neige en milieu urbain). La possibilité d’explorer des chemins non fréquentés, de sortir des sentiers battus, pousse à la prise de risque, bien que les jeunes hommes se disent tout de même conscients de la dangerosité d’un lieu.

«La prise de risque en loisir présente aussi une dimension sociale, rapporte Mme Belley-Ranger. Chez les jeunes hommes, elle est fortement conditionnée, à tous âges, par la compétition avec les pairs. Le désir d’égaler ou de dépasser la performance des autres amène une surenchère du risque. La compétition, à la fois formelle et informelle, est fortement ressentie. Au sein d’une équipe, le pratiquant doit se démarquer pour prendre sa place et obtenir du temps de jeu, d’où la prise de risque.»

veloLes données de l’étude révèlent que la prise de risque peut aussi être stimulée par la présence d’un public, qu’il s’agisse d’une foule réunie lors d’une joute sportive ou de passants, devenus spectateurs par hasard. Les médias encouragent également les jeunes hommes à la pratique de loisirs à risque, en présentant ces derniers de façon attrayante. De plus, les médias sociaux permettent aux jeunes sportifs de diffuser leurs prouesses auprès d’un large public, ce qui favorise la prise de risque.

«Ce projet de recherche a également permis de constater que, souvent, ce sont les parents et les amis qui initient le jeune homme à la pratique récréative. Puis, au secondaire ou au collégial, une distanciation parentale s’opère alors que les amis deviennent la principale source d’influence. L’école constitue aussi un lieu d’initiation en raison de la disponibilité d’infrastructures et d’équipes sportives», note la chercheuse.

Facteurs internes

Chez tous les répondants, peu importe leur âge, les attentes et les bienfaits les plus importants de la pratique de leur loisir demeurent la recherche de plaisir et le dépassement de soi. «C’est un aspect fort positif, commente l’étudiante. De plus, la prise de risque soutient la quête identitaire et contribue à l’exploration de soi. Elle permet aussi d’extérioriser ses émotions : un résultat qui mérite réflexion considérant que des théories de développement mettent en lumière la difficulté des adolescents plus jeunes à exprimer ce qu’ils ressentent.»

L’étude a également montré que la perception du risque évolue avec l’âge. Entre 17 et 20 ans, un changement s’opère : le risque devient de plus en plus synonyme de blessure. Les jeunes hommes trouvent alors des solutions pour éviter les accidents. L’équipement de protection, mal vu et rejeté par les plus jeunes, commence à être accepté. Chez les plus âgés apparaît l’entraide avec les pairs, la volonté de prévenir les blessures chez les autres. Cette solidarité se traduit notamment par l’incitation à la prudence auprès des autres pratiquants.

Mme Belley-Ranger effectue ses recherches sous la direction de la professeure Hélène Carbonneau, en collaboration avec la professeure Pascale Marcotte. Ses travaux s’inscrivent à l’intérieur d’un vaste projet de recherche portant sur la prise de risque dans les loisirs, mené au Laboratoire en loisir et vie communautaire de l’UQTR et subventionné par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport.

Vers une pratique sécuritaire

Une fois tracé ce premier constat, Mme Belley-Ranger souhaite poursuivre ses travaux de recherche auprès d’un plus grand échantillon de répondants. Les résultats ainsi obtenus contribueront à la réalisation de campagnes de prévention mieux ciblées. «Il faut inciter les jeunes à bouger tout en minimisant les risques, pour éviter les traumatismes et les problèmes de santé à long terme. Le but n’est pas d’enrayer la prise de risque, mais de guider les jeunes vers une pratique de loisir sécuritaire, en conservant les bienfaits tels que le plaisir et le dépassement de soi», conclut-elle.

 

Quelques chiffres

Chaque année, au Québec, environ 5100 personnes sont hospitalisées à la suite de blessures sportives, et 175 en décèdent. (Benoit Tremblay, 2007)

Chez les hommes, la mortalité accidentelle est prépondérante entre 15 et 24 ans, chutant ensuite à partir de 25 ans. (Pierre G. Coslin, 2003)