Des chercheurs de l’UQTR analysent le discours média sur le Musée canadien pour les droits de la personne de Winnipeg
Depuis l’annonce, en 2008, de la construction du Musée canadien pour les droits de la personne à Winnipeg, beaucoup d’encre a coulé dans les médias au sujet de ce projet. Ce discours médiatique a interpellé tout particulièrement le professeur Jason Luckerhoff, du Département de lettres et communication sociale de l’UQTR, qui travaille en collaboration avec le Musée depuis quelques années. Souhaitant réaliser l’analyse du discours de la presse écrite au sujet du Musée, le professeur Luckerhoff a proposé à Mélissa Doucet, alors étudiante au baccalauréat en communication sociale, de l’assister dans ce projet à l’intérieur d’un stage de recherche à temps plein. L’étude, débutée il y a un an, a fourni des renseignements fort utiles au Musée, tout en stimulant l’intérêt de l’étudiante pour la recherche.
«Pour réaliser ce projet, j’ai effectué l’analyse de plus de 1600 articles publiés au Canada entre 2009 et 2012, dans quelque 200 journaux différents. Pendant cette période, plusieurs sujets concernant le Musée ont été traités dans les médias, notamment la visibilité accordée aux différents groupes opprimés dans les expositions, le choix de Winnipeg comme lieu de construction, la nomination controversée d’un ancien politicien comme président-directeur général, l’architecture choisie ou le coût du projet», rapporte Mme Doucet.
Au fil de ses travaux, l’étudiante a identifié et suivi l’évolution de plusieurs variables, telles que les genres journalistiques (informatif, argumentatif, publicitaire, de divertissement), les intentions (informer, juger/persuader, louer/vanter, amuser/divertir), le ton des articles (factuel, négatif, positif, équilibré) ainsi que les principaux thèmes abordés (financement, expositions, construction, administration, etc.).
Évolution du discours média
Le professeur Luckerhoff et Mme Doucet ont constaté que les premiers articles parus en 2009 se révélaient surtout informatifs, présentant de nombreux faits liés au financement public et privé et aux expositions du Musée. Avec le temps, le thème du financement s’est fait plus rare dans les journaux, au fur et à mesure que le projet se concrétisait. De plus, entre 2009 et 2012, la place dédiée à l’information a diminué, au profit de l’argumentation. Dans les articles, les faits ont alors été remplacés par les critiques et les jugements, portant surtout sur les expositions. Au total, seulement 10,6 % des articles présentaient une prise de position contre le Musée.
«L’étude à laquelle Mélissa a collaboré est toujours en cours, mais elle a déjà permis d’établir que la couverture de presse au sujet du Musée n’était pas aussi désapprobatrice que certains le laissaient entendre. Les critiques les plus virulentes provenaient de quelques médias seulement. Les analyses montrent également que la mission du Musée, son financement et les thématiques liées aux droits de la personne ont été discutés par les journalistes sans que l’ouverture du Musée soit remise en question par un grand nombre d’intervenants», note le professeur Luckerhoff.
Des données pratiques
Pour le Musée, les résultats d’analyse du discours journalistique constituent d’importants outils de communication, permettant d’améliorer les relations de presse. L’étude jette un regard neutre sur la couverture médiatique, ce qui permet aux dirigeants du Musée d’être plus objectifs quant à leur interprétation du discours des journalistes. Couvrant quatre années, l’analyse recense les principaux sujets critiqués par les médias, une information pertinente pour le Musée. Les résultats de recherche peuvent aussi guider les dirigeants dans leurs interventions sur la place publique, pour donner voix au Musée et l’inscrire officiellement dans les débats d’opinion. Tous ces éléments s’avèrent utiles pour aider le Musée à relever d’importants défis : attirer les visiteurs et bâtir un centre international de recherche sur les droits de la personne.
Retombées positives
À la fin de son stage d’une durée de quinze semaines, l’étudiante Mélissa Doucet a continué à travailler comme assistante de recherche auprès du professeur Luckerhoff, afin de poursuivre l’analyse du discours de la presse écrite au sujet du Musée canadien pour les droits de la personne. «En plus d’améliorer mon anglais, ce projet a développé mon goût pour la recherche et m’a incitée à m’inscrire à la maîtrise en communication sociale. Il m’a aussi permis de joindre le Groupe de recherche interdisciplinaire sur la communication, l’information et la société (GRICIS), réunissant des chercheurs d’ici et de l’étranger», mentionne-t-elle.
De son côté, le professeur Luckerhoff poursuit sa collaboration avec le Musée, où il est membre du comité consultatif depuis 2010 à titre d’expert en communication et en muséologie, ainsi que conseiller du président-directeur général.
Le Musée canadien pour les droits de la personne
Le Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP) a été érigé à la Fourche de Winnipeg, un site historique national situé au confluent des rivières Rouge et Assiniboine. Premier musée national bâti à l’extérieur de la région Ottawa/Gatineau, le MCDP ouvrira officiellement ses portes aux visiteurs à l’automne 2014, dans un bâtiment présentant une architecture novatrice et complexe, de forme unique.
Financé par des fonds publics et privés, le Musée a pour mission d’explorer le thème des droits de la personne en vue d’accroître la compréhension du public à cet égard, de promouvoir le respect des autres et d’encourager la réflexion et le dialogue. Le MCDP est conçu comme un centre d’apprentissage où les visiteurs, venus de partout dans le monde, pourront participer à des discussions et s’engager activement contre la haine et l’oppression. (Source : site Web, Musée canadien pour les droits de la personne)