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Les jeunes chercheurs en communication animés par le renouveau de la critique sociale et politique

Retour sur le colloque interuniversitaire en communication sociale

Le vendredi 13 décembre dernier, des étudiants de cycles supérieurs et des chercheurs postdoctoraux se sont réunis à l’UQTR pour mettre en commun leurs recherches menées dans le vaste champ des pensées critiques, c’est-à-dire l’ensemble des théories qui remettent en question l’ordre social.

rsz_photoboudreauCes jeunes chercheurs, inscrits en communication pour la plupart, participent au renouveau de la critique sociale et politique. Abordant la contribution de l’histoire de la recherche en communication, au renouvellement de la critique dans le contexte du capitalisme néolibéral, ils n’hésitent pas à faire dialoguer les sujets bourdieusien et foucaldien ; l’histoire critique et les postcolonialismes.

Les interventions sur le sujet genré dans le sport-spectacle ou dans la chanson québécoise, sur la médiatisation des mouvements et conflits sociaux, sur l’idéologie du capital humain dans le discours politique québécois, ou encore sur la timide dimension culturelle du développement international, témoignent de leur capacité de distanciation et d’objectivation du monde qui les entoure. Journalisme de données, contenu généré par les utilisateurs, hacktivisme et autres pratiques de résistance numérique, les mutations en cours n’échappent pas non plus à l’acuité de leur critique. Les enjeux que pose la gouvernance des nouveaux dispositifs de communication sont appréhendés dans leurs dimensions économique, politique, juridique et idéologique.

rsz_photoboudreau2Le titre du colloque était «La pensée critique en communication après la fin de… la Fin de l’Histoire». L’expression «Fin de l’Histoire» renvoie bien sûr à celle de Francis Fukuyama (reprenant celle de Hegel) pour qui l’universalisation de la démocratie (et du libre marché) marquerait la fin de l’Histoire. Mais depuis la parution de son article en 1989, la succession et la diversité des crises – financière, économique, écologique, étudiante, sociale et politique – ont sérieusement délégitimé le discours triomphant entonné à l’occasion de la chute du mur de Berlin (qui en fait ne s’est pas effondré, mais a subi l’assaut de citoyens allemands). Selon Keucheyan (Hémisphère gauche, 2010), on assisterait, depuis le début des années 90, au renouveau de la critique sociale et politique.

De fait, après ce que d’aucuns ont nommé le désenchantement des clercs (Hourmant), le silence (Soulet), la fin (Debray), la trahison des intellectuels (Chomsky) ou encore la défaite de la pensée (Finkielkraut), on observe aujourd’hui un nombre croissant de manifestations scientifiques témoignant de ce retour de la critique. Les chercheurs en communication font bonne figure, notamment ceux du centre de recherche GRICIS dont font partie plusieurs des étudiants qui participent au séminaire doctoral de l’UQTR à l’origine du colloque.

Selon France Aubin, professeure responsable du colloque organisé dans le cadre du doctorat en communication sociale de l’UQTR, les interventions critiques de vendredi et les échanges qui les ont suivies prouvent bien une chose : l’histoire est loin d’être finie!