Université du Québec à Trois-Rivières

Des solutions pour favoriser le retour aux études des mères monoparentales

Il n’est pas facile d’effectuer un retour aux études pour les femmes monoparentales. Conjuguer vie familiale et vie scolaire, tout en faisant face aux difficultés financières, s’avère ardu pour bon nombre d’entre elles. Afin de mieux comprendre la réalité vécue par ces mères apprenantes, la professeure Rollande Deslandes, du Département des sciences de l’éducation de l’UQTR, a réalisé une étude auprès d’une quarantaine d’entre elles, en collaboration avec la professeure Marie-Claude Rivard (sciences de l’activité physique, UQTR). Cette enquête apporte un éclairage sur les besoins particuliers des mères monoparentales de retour aux études, tout en fournissant des pistes d’amélioration de leur situation.

Mme Rollande Deslandes, professeure au Département des sciences de l’éducation de l’UQTR. (D. Jalbert photo : Philippe Gervais)

Rollande Deslandes, professeure au Département des sciences de l’éducation de l’UQTR. (D. Jalbert photo : Philippe Gervais)

«L’étude a été menée à la demande de l’organisme Maman va à l’école, qui souhaitait ainsi identifier des façons d’aider les mères monoparentales, à la fois dans leur rôle d’étudiante et de parent. Peu de recherches se sont consacrées aux femmes monoparentales qui décident de retourner aux études pour l’obtention d’un premier diplôme, d’où l’intérêt de cette enquête. Cette dernière a été réalisée au printemps 2012 auprès de femmes âgées de 24 ans et plus, inscrites à la formation générale aux adultes ou à la formation professionnelle. Six entrevues de groupe ont permis la cueillette des données», explique Mme Deslandes.

L’organisme Maman va à l’école

logo MVECréé en 2009, Maman va à l’école (www.mamanvaalecole.org) est un organisme québécois sans but lucratif ayant pour objectif d’aider les mères monoparentales à obtenir un premier diplôme et à intégrer le marché du travail, tout en développant leurs habiletés parentales.

«L’étude réalisée par les professeures Deslandes et Rivard générera des retombées concrètes pour notre organisme et servira de base à la suite de nos actions. Les résultats obtenus, corroborant nos propres observations, seront aussi rendus disponibles à d’autres intervenants. Nous aimerions également ajouter un volet à cette enquête, afin d’interroger des femmes monoparentales dont le retour aux études ne s’est pas encore concrétisé», mentionne Paula Duguay, présidente fondatrice de Maman va à l’école.

Constats et recommandations

Les raisons motivant les mères monoparentales à retourner aux études sont variées : développement de l’estime de soi, satisfaction d’un intérêt particulier ou amélioration de la qualité de vie et de la situation financière. Bien que déterminées, ces apprenantes doivent toutefois relever de nombreux défis.

«Les répondantes de l’étude se disent exténuées de devoir concilier leurs obligations familiales et scolaires, rapporte la professeure Deslandes. Leur tâche, qualifiée de stressante, s’alourdit quand les enfants tombent malades ou manifestent des problèmes de comportement. L’incompatibilité des horaires d’autobus des mères et de leurs enfants complique aussi la situation. Quelques femmes bénéficient du soutien de leur famille, mais plusieurs trouvent difficile de gérer les rendez-vous de leurs enfants, car elles ne peuvent s’absenter trop souvent de leur centre de formation. De plus, les heures d’ouverture des services communautaires, comme les banques alimentaires, sont peu compatibles avec leurs horaires scolaires.»

Pour améliorer la situation, les mamans interrogées suggèrent de leur offrir des services de garde sur les lieux mêmes de leur formation. Elles souhaiteraient également bénéficier d’heures de cours plus flexibles et de congés pédagogiques en concordance avec ceux de leurs enfants. Elles aimeraient avoir accès plus facilement aux ressources médicales et communautaires ainsi qu’à des conseils, par exemple sur la préparation de repas économiques ou la gestion du stress. Elles voudraient aussi être mieux informées à propos des services d’aide disponibles.

«Ces mamans sonnent également l’alarme à propos de leur niveau d’endettement. L’aide gouvernementale qui leur est offerte, à titre d’étudiante, ne prend pas en compte le nombre d’enfants ou le coût élevé de l’essence. Une bonification de cette aide financière serait donc la bienvenue», commente la chercheuse.

140227CampusExpressEn ce qui concerne leur milieu de formation, les répondantes de l’enquête espéreraient avoir accès plus facilement et rapidement à un conseiller ou mentor lorsqu’elles ont besoin d’aide. Certaines souhaiteraient plus d’empathie et de compréhension quant à leur situation personnelle et familiale. D’autres trouvent difficile de se retrouver en classe avec des étudiants plus jeunes, parfois turbulents et moins motivés. Elles aimeraient profiter de possibilités de regroupement avec les autres mères, pour échanger et s’entraider, tout en ayant accès à un enseignement individualisé. Elles voudraient également pouvoir participer à des activités parascolaires peu coûteuses, incluant si possible les mamans et leurs enfants.

«En lien avec leur rôle de parent, certaines mères interrogées se sentent parfois incompétentes, surtout si leurs enfants éprouvent des difficultés d’apprentissage. Elles disent expérimenter découragement et stress, notamment pendant la période des devoirs. Elles apprécient donc les services de répit offerts aux mamans, comme les maisons de jeunes ou l’aide aux devoirs, et aimeraient que ceux-ci soient encore plus disponibles. Elles souhaiteraient aussi que les enfants puissent visiter l’école de leur mère, et vice-versa, pour que chacun comprenne mieux l’expérience de formation vécue par l’autre. Cet échange améliorerait les relations mère-enfant et parent-professeur», d’ajouter Mme Deslandes.

Retombées

L’étude réalisée par les professeures Deslandes et Rivard indique que les mères monoparentales de retour aux études ont besoin d’aide, à la fois pour leur propre formation et pour celle de leurs enfants. «Bien qu’il s’agisse d’une étude limitée dans le temps et l’espace, réalisée auprès d’un petit groupe de volontaires, elle pourra quand même inspirer l’organisme Maman va à l’école et d’autres décideurs, dans les avenues à privilégier pour mieux répondre aux besoins des femmes monoparentales en formation. Nous remercions d’ailleurs chaleureusement toutes les mamans qui ont participé à cette enquête, permettant ainsi d’identifier des solutions pratiques et réalistes», souligne Mme Deslandes.

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