L’UQTR près de son milieu!
Pour une deuxième année consécutive, l’UQTR s’implique dans le comité organisateur de la Journée internationale de la Francophonie qui a été célébrée en Mauricie du 20 au 30 mars dernier. Nous vous proposons un retour en arrière sur l’édition 2013 pour vous permettre d’en apprendre un peu plus sur la coopération entre les différents acteurs socioéconomiques de la Mauricie ainsi que sur le rôle de l’université au sein de la communauté lors d’un événement de cette envergure.
La direction du Bureau de l’international et du recrutement (BIR) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) a ouvert une véritable boîte de Pandore lorsqu’elle a accepté la proposition de l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) d’organiser la Journée internationale de la Francophonie en Mauricie en 2013. En effet, ce qui devait être un événement d’une seule journée — comme le stipule si bien l’intitulé de l’événement — s’est transformé en six jours d’activités tellement la collaboration entre les différents organismes a été profitable. Le thème de l’édition 2013, le français est une chance, se voulait peut-être prémonitoire.
Une myriade d’acteurs importants de la Mauricie ont répondu à l’appel du BIR pour donner vie à cette initiative. Étaient présents autour de cette table : la Ville de Trois-Rivières, la Conférence régionale des élus, Culture Mauricie, la Société Saint-Jean-Baptiste, Innovation et développement économique (IDÉ) Trois-Rivières, le Salon du livre de Trois-Rivières, le Musée québécois de culture populaire, la Chambre de commerce et d’industries de Trois-Rivières, la Table régionale de l’éducation de la Mauricie, la Ville de Shawinigan, la Commission scolaire du Chemin-du-Roy et l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD).
L’adage populaire dit que l’union fait la force et la Journée de la Francophonie, qui fut un succès sur toute la ligne, en est la preuve. Pour nous en parler, Lucie Proulx, conseillère en développement de la Conférence régionale des élus (CRÉ), Guy Rousseau, directeur de la Société St-Jean-Baptiste, Eric Lord, directeur de Culture Mauricie, François Roy, directeur des communications à la Ville de Trois-Rivières, ainsi que Yves Marchand, directeur d’Innovation et Développement économique – (IDÉ) Trois-Rivières, André Bertrand, commissaire au démarrage et à l’économie sociale pour IDÉ et Anne-Marie Côté, Conseillère en communication pour IDÉ ont accepté de nous recevoir à leurs bureaux respectifs.
Une efficience accrue
Les organisateurs, qui ne disposaient que de peu de temps pour mettre en place les événements qui allaient ponctuer la semaine de la Francophonie, ont tous été agréablement surpris de la rapidité et de l’efficacité avec laquelle ils ont travaillé ensemble. Le directeur de Culture Mauricie, Éric Lord, exprimait sa stupéfaction ainsi : «Ce qui m’a étonné, c’est notre capacité à agir rapidement. On dit souvent : seul on va plus vite, en groupe on va plus loin, mais là on a été capable de conjuguer les deux; on a travaillé assez vite et est on est allé assez loin». Guy Rousseau, directeur de la Société St-Jean-Baptiste, abondait dans le même sens : «Ça m’a permis de m’apercevoir que lorsqu’on travaillait ensemble, on augmentait notre taux d’efficience et on augmentait aussi notre capacité d’innover».
Et les résultats ont été concrets : la programmation a été très étoffée — plus d’une vingtaine d’activités réparties sur une semaine — l’événement a eu une portée internationale — Clément Duhaime, administrateur de l’Organisation internationale de la Francophonie, s’est vu décoré de l’Ordre de La Vérendrye, la plus haute distinction décernée par la Ville de Trois-Rivières — et la semaine a fait l’objet d’un cahier spécial dans le quotidien trifluvien Le Nouvelliste, ainsi que sur le site Web de l’OIF.
La table, autour de laquelle ces dirigeants se sont rencontrés pour organiser la Journée internationale de la Francophonie, avait ceci de nouveau qu’elle permettait une collaboration horizontale entre les différents acteurs socioéconomiques. La majorité du temps, ces organismes consacrent bien évidemment leurs énergies à remplir la mission pour laquelle ils existent, à faire évoluer leur secteur — une façon de travailler que l’on peut qualifier de verticale. Rares sont les occasions qui permettent de s’arrêter et de réfléchir sur un enjeu, la francophonie par exemple, qui transcende toutes les sphères d’activités. «Un projet collectif qui fait en sorte que c’est au-dessus de tous les projets sectoriels, on ne voit pas ça souvent», soulignait Guy Rousseau. Dans la même optique, Lucie Proulx affirmait que de «trouver un fil conducteur au niveau de la francophonie, puis de travailler ensemble, c’était déjà en soi des retombées très positives sur notre territoire ». Elle croit qu’il s’agit du « début d’alliances à tisser entre les partenaires ». Ces deux derniers mentionnaient que ce genre de collaboration n’est pas encore monnaie courante en Mauricie, mais que tout le monde trouverait son compte en multipliant les occasions de travailler ensemble.
L’UQTR, un leader attendu
Bien que la Journée internationale de la Francophonie ait grandement profité de la synergie créée par les organismes de la région, tous s’accordaient pour affirmer que l’Université a été la bougie d’allumage qui a permis de mettre au monde l’événement. «L’UQTR a été l’initiatrice et le catalyseur, c’est évident», mentionnait François Roy. «Elle était un moteur central» affirmait, Éric Lord. «Elle avait un rôle de leader dans le projet», d’ajouter Lucie Proulx.
Le constat était clair et unanime; l’Université a assumé son rôle de leader avec brio. Mais qu’est-ce qui fait de l’Université un établissement apte à mobiliser les différents acteurs socioéconomiques avec autant d’aisance? Guy Rousseau avait une opinion très intéressante à ce sujet. Selon lui, l’Université possède une légitimité, de par son statut, que d’autres établissements n’ont pas : «Je pense que ça a initié quelque chose parce que ça venait de l’Université et non d’un organisme gouvernemental ou social, par exemple».
L’établissement de haut savoir possèderait une aura de noblesse qui justifierait ses initiatives. En d’autres mots, ses actions sont désintéressées et ses objectifs globaux sont le partage, la diffusion et le développement du savoir. De par sa mission et sa notoriété, les gens lui feraient donc naturellement confiance.
L’UQTR est un leader certes, mais pour reprendre l’expression d’Éric Lord, elle est également un «leader attendu», en ce sens qu’on «veut la voir de plus en plus dans la communauté, dans la société civile». Et ce lien qui a commencé à se nouer doit être solidifié, croit Yves Marchand : «On veut maintenir cette connivence-là, cet échange-là, parce que l’Université, c’est une très grande richesse».
Avoir une université dans sa ville est une ressource inestimable certes, mais encore faut-il qu’elle soit facilement accessible. L’idée, comme l’expliquait Éric Lord, est de favoriser l’échange entre la communauté et l’établissement du savoir de façon réciproque : «Je souhaite que l’UQTR soit présente à plusieurs niveaux et proactive dans la communauté pour que ça devienne un réflexe, tant de la communauté d’interpeller l’UQTR que de l’UQTR de se retourner vers la communauté lorsqu’il y a des enjeux, des dossiers, des problématiques régionales».
François Roy résumait l’idée de belle façon, Trois-Rivières doit être une «ville universitaire» et l’UQTR doit devenir une «université urbaine». Il mentionnait également qu’au début de sa création, il était normal que l’UQTR «fonctionne en circuit fermé, car il fallait qu’elle se mette au monde». Mais selon lui, il y a eu «énormément d’ouverture au fil des ans». Cependant, cette ouverture doit continuer de s’opérer jusqu’à ce que cela devienne un réflexe pour la communauté d’interpeller l’Université lorsqu’un besoin se fait sentir.
Éric Lord se rappelle d’avoir cherché un expert à travers le Québec pour donner une formation sur le patrimoine immatériel — un sujet important pour Culture Mauricie — pour réaliser qu’il y en avait un tout près de chez lui à l’UQTR : «On se rend compte que c’est dans notre cour et on ne le sait pas». L’anecdote fait sourire, mais elle révèle selon lui une vérité importante : la communauté «a intérêt à être mieux arrimée avec l’UQTR». Lucie Proulx utilise une analogie intéressante pour illustrer la situation. Pour elle, il s’agit du même phénomène qui se produit lorsque l’on cherche un endroit pour prendre nos vacances; le premier réflexe est de regarder ce qui se passe ailleurs. On oublie que dans notre région, il y a également plusieurs attraits touristiques intéressants qui nous sont méconnus. En effet, qui n’a jamais eu la surprise de découvrir une nouvelle activité dans sa propre ville par l’entremise d’un étranger en visite? «On voit beaucoup ça aussi au niveau culturel et dans les musées de notre municipalité. Quand on veut sortir au niveau touristique, bien souvent on est porté à aller à l’extérieur. On dirait que c’est la même chose qui se passe avec les entreprises, c’est comme si on va à l’extérieur pour profiter de services commercial et culturel au lieu de bénéficier de ce qu’on a dans notre cour» affirmait-elle.
La conception erronée de croire qu’ailleurs tout est meilleur doit donc être transformée. «Il faut faire en sorte que les entreprises puissent bénéficier des recherches qui se passent à l’UQTR dans les champs d’expertise bien spécifiques et que ce soit la Mauricie qui en bénéficie aussi », continuait-elle. Même son de cloche du côté de Guy Rousseau : «Trop souvent, les professeurs font leur thèse et tu ne les vois pas passer parce qu’ils ont décidé qu’ils écrivaient un texte en France et un autre en Afrique, par exemple, mais ici en Mauricie on en entend peu parler».
L’UQTR a donc un beau défi entre les mains : elle possède des ressources et un savoir qui sont recherchés par la communauté mauricienne, ne lui reste plus qu’à les rendre accessibles aux différents acteurs de la région. Et ce pas, Éric Lord croit qu’elle est justement en train de le franchir : «On sent qu’il y a une volonté à l’UQTR de s’ouvrir davantage à la communauté. La Journée internationale de la Francophonie, c’était une manifestation concrète de cette volonté». Yves Marchand partageait sensiblement la même opinion «On a longtemps souhaité travailler plus étroitement avec l’UQTR et […] pour nous, c’était majeur et depuis les dernières années, on sent un intérêt à vouloir travailler ensemble».
Pour Guy Rousseau, le rôle de l’Université doit être repensé et élargi. Selon lui, la plupart du temps, les spécialistes ou les professeurs de l’UQTR répondent à une demande venant de leur secteur d’activités de façon très ponctuelle et retournent ensuite vaquer à leurs occupations. Exceptionnellement, les choses ne se sont pas déroulées ainsi pour la Journée internationale de la Francophonie : «Avec ce dossier-là, ils ont initié quelque chose, ils ont initié un débat de société, c’est ça qu’ils ont fait. Ils n’ont pas seulement répondu à une demande technique». Le lien entre l’Université et la communauté doit donc dépasser la simple logique de pourvoyeur/bénéficiaire et s’inscrire dans un contexte plus large : «Je pense que l’UQTR doit mettre sur la place publique des débats ou des lieux de concertation qui font en sorte que ça élève une communauté et je trouve que la langue française, c’était un bon prétexte».
En mettant de l’avant la Journée internationale de la Francophonie, l’UQTR affirmait l’importance de la langue française en Mauricie et la nécessité de la protéger et de réfléchir à ce qu’elle doit représenter pour la région. Si l’Université ne remplit pas ce rôle, qui pourra le faire? Et si cela est vrai pour la question de la langue, c’est aussi vrai pour d’autres questions aussi importantes que l’environnement, les communications, la mondialisation. Toujours selon Guy Rousseau, les chercheurs universitaires doivent «penser» la société — à la manière des anciens philosophes — et guider les différents organismes socioéconomiques vers des solutions gagnantes pour tous. Il résumait ses propos ainsi : «L’Université devrait initier des débats et mettre des ressources sur des dossiers horizontaux afin de changer nos paradigmes».
Bien plus qu’une simple journée sur l’importance de la langue, la Journée internationale de la Francophonie a permis de s’arrêter un moment pour repenser la fonction des universités et a permis aux principaux acteurs socioéconomiques de la Mauricie de développer leur habileté à travailler de concert. Et bien qu’elle vienne tout juste de se terminer, nous pouvons d’ores et déjà affirmer que l’édition 2014 a été tout aussi profitable pour la Mauricie.
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