Maria Juliana Velez et les mots de l’intimité
Aujourd’hui, plusieurs victimes d’enlèvement impriment après coup leur histoire dans un livre. C’est le cas, entre autres, d’Ingrid Betancourt : elle raconte, à travers ses écrits, son expérience de la captivité. En feuilletant les pages de ces auteurs au parcours particulier, le lecteur plonge littérairement dans la gueule du loup. De fait, ces victimes d’enlèvement décrivent dans leurs récits ce qu’elles ont vu, ce qu’elles ont vécu, mais aussi ce qu’elles ont ressenti. Maria Juliana Velez, doctorante en lettres à l’UQTR, s’intéresse à ces écrits qui témoignent d’une expérience marquante.
«De nos jours, c’est presque une obligation de se raconter, explique Maria. Dans ce contexte, je m’intéresse à l’intimité et à l’extimité, soit la façon dont on dévoile une partie de notre intimité à l’autre, dans les témoignages de victimes d’enlèvement en Colombie entre 1990 et 2010.» La doctorante a choisi ce corpus parce qu’elle le connaissait déjà, étant sensible à cette cause, notamment parce qu’elle a grandi en Colombie.
Comment ces personnes témoignent-elles de leur expérience? Que choisissent-elles de montrer, de raconter? Comment construisent-elles une image d’elles-mêmes au moyen de leurs écrits? En s’attardant à ces questions, Maria peut mieux comprendre les stratégies employées par ces auteurs pour déployer une partie de leur intimité. Elle examine ainsi les diverses facettes de leur écriture, tant sur le plan du choix de la langue et des souvenirs exposés que sur la manière dont ils en font usage.
Il s’agit là d’une entreprise minutieuse que de scruter à la loupe les 14 titres de son corpus : tous rédigés par des victimes d’enlèvement en Colombie, quelques-uns sont en français, d’autres en anglais et d’autres encore en espagnol. Elle effectue donc une analyse trilingue. « Je voulais faire l’expérience d’étudier dans une autre langue », raconte celle pour qui l’espagnol est la langue maternelle. Écrire en français était le défi qu’elle souhaitait relever en mettant les pieds à l’UQTR, ce qu’elle fait présentement haut la main.
Pour ses recherches doctorales, Maria compte sur l’appui de son directeur, Jacques Paquin, et de son codirecteur, Jason Luckerhoff. Tous deux sont professeurs au Département de lettres et communication sociale à l’UQTR.
Avant d’arriver à Trois-Rivières pour le doctorat, l’étudiante a complété un baccalauréat et une maîtrise en Colombie, où elle s’est distinguée notamment par ses résultats. Qui plus est, son parcours comporte aussi un stage en France, ainsi que des mentions particulières pour son grand engagement à titre d’enseignante à l’Universidad Pontificia Bolivariana de Bucaramanga, en Colombie.
À l’UQTR, Maria poursuit sur cette voie de la réussite et du mérite. Celle qui a reçu une bourse d’excellence à l’admission en 2010 ainsi qu’une bourse de la Fondation de l’UQTR en 2011 compte aussi sur l’appui financier du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FQRSC).
**Ce texte est tiré du numéro printemps/été 2014 de la publication Connexion UQTR. Consultez la publication ici : www.uqtr.ca/connexion