Un nouvel outil facilitera la prospection de nombreux champignons sauvages comestibles
– Travaux de recherche novateurs à l’UQTR –
Des chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), en collaboration avec des partenaires externes, travaillent à l’élaboration d’un outil qui, d’ici quelques années, permettra de détecter plus facilement la présence d’une cinquantaine d’espèces différentes de champignons sauvages – comestibles et toxiques – sur le territoire québécois.
À l’aide de champignons recueillis partout au Québec, l’équipe de recherche dresse actuellement le portrait génétique (ADN) de 37 espèces comestibles et de 12 espèces toxiques semblables aux champignons comestibles. Ce processus d’identification permettra ensuite de déceler la présence de ces champignons sur un territoire donné, à partir de l’analyse d’un simple échantillon de sol.
Les chercheurs testeront ensuite de nombreux sites québécois, afin de vérifier si les champignons y sont présents. Ils établiront ainsi quelles sont les caractéristiques environnementales (sol, végétation, etc.) favorables à la croissance de certaines espèces. Ces renseignements seront ensuite couplés avec une base de données géomatique qui permettra de prédire la présence d’espèces données de champignons, à la grandeur du Québec.
D’importantes retombées
Ce nouvel outil sera fort utile aux cueilleurs de champignons sauvages, de plus en plus nombreux. Grâce à cette innovation, ils concentreront leurs efforts aux endroits les plus prometteurs, pour les espèces recherchées. Ils seront aussi informés de la présence possible de champignons toxiques ressemblant aux espèces comestibles, un avertissement qui renforcera leur vigilance et favorisera une cueillette sécuritaire.
Les résultats obtenus par l’équipe de recherche seront aussi très profitables à l’industrie alimentaire. Cette dernière pourra identifier précisément les espèces de champignons présentes dans divers aliments transformés, grâce à l’ADN. Ce type de test améliorera la sécurité alimentaire, contribuera à la traçabilité des aliments et jettera les bases qui permettront éventuellement d’attester la provenance géographique dans le cadre d’une marque certifiée ou d’appellation réservée.
L’équipe
Ce projet est mené par le professeur Hugo Germain, directeur du Groupe de recherche en biologie végétale de l’UQTR, et l’étudiante Geneviève Laperrière, doctorante en biologie cellulaire et moléculaire. La firme ProgiGraph de Val-d’Or, spécialisée en gestion du territoire et en géomatique, s’investit aussi dans ce projet (60 000$ en fonds et services). Une subvention de 52 176$ (sur trois ans) a également été obtenue du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) du Canada.
L’équipe de recherche reçoit aussi l’appui logistique de la Filière mycologique de la Mauricie. De plus, certains échantillons de champignons sont obtenus avec l’aide de Biopterre – Centre de développement des bioproduits, un centre collégial de transfert de technologie (CCTT) affilié au Cégep de La Pocatière et à l’Institut de technologie agroalimentaire.
Innover en partenariat
«Ce projet constitue un excellent exemple des retombées concrètes que peuvent engendrer les travaux de nos chercheurs, en collaboration avec les organismes du milieu. Cette innovation transformera sous peu la façon de repérer et de récolter les champignons sauvages, tout en profitant à une industrie en croissance», de commenter M. Robert W. Mantha, vice-recteur à la recherche et au développement et vice-recteur intérimaire aux études et à la formation de l’UQTR.
De son côté, M. Danny Bisson, président de Progigraph, s’est exprimé en ces termes: «Progigraph est fière d’utiliser les données géomatiques qu’elle a mis des dizaines d’années à acquérir en synergie à des données de métagénomique pour permettre le développement d’un outil ayant le potentiel de transformer l’industrie de la cueillette de champignons sauvages et permettre le développement des communautés rurales.»
Pour sa part, le coordonnateur de la Filière mycologique de la Mauricie, M. Patrick Lupien, a déclaré que «la Filière mycologique de la Mauricie est fière de s’associer à cette première canadienne qui permettra de munir les agents, inspecteurs et professionnels des milieux alimentaires et gastronomiques d’un outil de traçabilité unique, et de distinguer les champignons forestiers utilisés dans les produits transformés».
Enfin, Pascale G. Malenfant, professionnelle de recherche chez Biopterre, s’est dite «enthousiaste de voir l‘économie mycologique du Québec s’outiller grâce à la recherche. Dans le cas présent, les résultats vont contribuer à solutionner des problématiques qui freinent l’industrie dans son développement, et ce, tout en valorisant les équipes terrain qui étudient la ressource fongique depuis plusieurs années grâce à un partenariat rassembleur».