L’équipe de recherche du Laboratoire de mécanique et écomatériaux (LMEM) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) vient de faire une percée très importante dans le secteur innovant des matériaux composites. En effet, à l’issue de trois années de travaux, le chercheur postdoctoral Mohamed Habibi est parvenu à développer de nouvelles méthodes de fabrication misant sur des fibres naturelles canadiennes. Cette première mondiale pourrait influencer le développement de la nouvelle bioéconomie.
Mohamed Habibi est le premier diplômé de l’UQTR au doctorat en ingénierie (avril 2016). Il a travaillé sous la codirection de Luc Laperrière et Gilbert Lebrun, professeurs au Département de génie mécanique, membres du LMEM. Cette collaboration se poursuit durant son stage postdoctoral à l’UQTR sous la direction du professeur Laperrière. Le nouvel angle de recherche de M. Habibi, issu de ses trois années au doctorat, s’intitule «Valorisation de la fibre de lin et de chanvre canadiens pour une nouvelle bioéconomie: application au secteur des matériaux biocomposites».
Résultats probants
Le professeur Laperrière est très emballé par les résultats obtenus par Mohamed Habibi. «Il a développé de nouvelles méthodes de fabrication des renforts à fibres naturelles, jugées uniques au monde, et économiquement avantageuses pour des applications dans le domaine des matériaux composites. Mohamed a aussi développé de nouveaux matériaux semi-finis de type sandwichs à âme en nid d’abeilles. Ces derniers représentent un potentiel énorme pour l’industrie du transport, qui cherche à améliorer l’efficacité énergétique de ses produits en réduisant leurs poids», a-t-il expliqué.
Le Centre de recherche industrielle de Québec (CRIQ) a reconnu le potentiel des résultats de recherche menés par les chercheurs de l’UQTR et travaille dorénavant en partenariat afin de contribuer à l’intégration de ces nouveaux matériaux dans différents secteurs industriels québécois.
Une des pistes d’applications industrielles envisagées réside dans l’intégration de ces écomatériaux dans la fabrication de pales d’éoliennes. À ce sujet, les chercheurs du LMEM partagent leur expertise des biocomposites avec le professeur Adrian Ilinca, expert en énergie éolienne à l’Université du Québec à Rimouski.
Écomatériaux à fibre naturelle québécoise
Jusqu’ici, les travaux menés au LMEM pouvaient uniquement être réalisés à partir de fibres européennes. Évidemment, dans un contexte d’écodéveloppement, il était essentiel de pouvoir miser sur un produit disponible sur un marché de proximité. La solution est née grâce aux travaux conjoints des membres de l’équipe de l’UQTR et de Denis Rho, microbiologiste au Conseil national de recherches du Canada. C’est un spécialiste dans le développement de technologies de défibrage et de rouissage, axé sur la production de fibres naturelles (cellulosiques) issues de la culture du lin au Québec. Ainsi, pour la première fois, une fibre de lin entièrement locale a été mise en forme, puis injectée d’une résine pour en former un matériau composite à fibre naturelle.
«Les résultats préliminaires montrent un excellent potentiel de ce matériau lorsque comparé aux fibres européennes. La valorisation de la biomasse canadienne est bien sûr au centre de ce nouveau projet, qui devrait en même temps contribuer à développer des biocomposites répondants aux requis techniques de l’industrie, tout en contribuant au rayonnement de l’UQTR», a conclu Mohamed Habibi.
Mohamed Habibi poursuit ses travaux de recherche à l’UQTR grâce à stage postdoctoaral MITACS
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