Dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire (JPS), du 13 au 17 février, les Services aux étudiants (SAE) soulignent le parcours d’étudiants s’étant démarqués par leur persévérance. Nous vous présentons le témoignage de Johanne Bélisle, étudiante au certificat en gestion des ressources humaines au centre universitaire hors campus de Victoriaville.
Mère de deux enfants, Johanne a toujours valorisé l’effort scolaire. Comme son fils faisait peu de travaux scolaires à la maison, elle a voulu lui inculquer le principe de faire des devoirs. C’est alors qu’il lui répond: «Toi, Maman, tu ne sais pas vraiment c’est quoi étudier parce que tu n’as qu’un secondaire 5». Cette remarque l’étonne, mais elle reconnaît qu’il a raison, s’en sent frustrée et le tout se transforme en défi.
Le cégep est sa première option, mais comme elle a un emploi de jour dans l’entreprise de son conjoint, l’horaire des cours ne lui convient pas. Jamais elle n’aurait pensé à l’université… En discutant avec une amie conseillère en emploi, celle-ci lui demande pourquoi elle ne ferait pas un certificat universitaire et lui explique qu’elle peut y être admise sur une base d’expérience. C’est là que tout commence et l’UQTR l’intéresse, mais la distance entre sa ville (Plessisville) et Trois-Rivières, surtout au niveau financier, est un obstacle. Comme elle travaille pour une très petite entreprise, elle reçoit parfois un salaire une semaine sur deux et son conjoint et elle partage une voiture. Quand elle apprend qu’il y a un centre universitaire à Victoriaville, elle trouve une solution.
Elle s’y rend donc trois fois, deux fois seule, la dernière avec sa fille. Elle passe devant le cégep, incapable d’entrer dans le stationnement, car elle est nerveuse et gênée (manque de confiance en soi et peur d’être jugée parce qu’elle avait 45 ans), mais sa fille l’encourage et lui ouvre le chemin. En rencontrant la commis du centre, elle se sent vite très à l’aise et sa demande d’information se transforme en demande d’admission au certificat en administration.
Le premier cours est un choc, car elle pensait qu’ils n’y seraient qu’une dizaine, mais ils sont une soixantaine, entassés dans un local sur des petites chaises pourvues de bras rétractable. La sixième personne à entrer en classe est l’ancienne gardienne de ses enfants… Johanne s’assoit derrière la classe pour passer inaperçue. D’entrée de jeu, l’enseignante demande aux étudiants pourquoi ils sont là. Tous répondent qu’ils poursuivent leurs études et quand c’est le tour de Johanne, elle répond qu’elle est là pour se sauver de ses deux adolescents, ce qui fait rire le groupe et lui donne l’idée d’utiliser l’humour en situation malaisante.
Faisant un retour aux études après 30 ans, elle réalise que beaucoup de choses ont changé (notamment au niveau informatique). Pour Johanne, ce ne sont pas des embûches, mais des connaissances à acquérir et ses enfants l’aident (sa fille, encore aujourd’hui, au niveau de la correction de ses travaux). D’un autre côté, ce qu’elle trouve difficile c’est faire ses travaux scolaires à la maison en faisant fi des travaux ménagers. Pour elle, à ce moment, le terme « conciliation » n’existait pas. Elle se sentait le devoir de tout faire à la fois. Pour les deux premières sessions, elle apprend donc à étudier dans un environnement neutre, le café étudiant de Victoriaville (parfois accompagnée de sa fille), ce qui l’aide à étudier sans se sentir coupable. Puis, elle commence à étudier à la maison seule et utilise des stratégies d’étude que ses collègues de classe lui partagent :
- Cibler l’essentiel dans sa prise de notes: «J’observais pendant mes cours que tous les étudiants écrivaient au même moment, sauf moi. Je me demandais ce que j’avais manqué, alors j’écrivais pour faire comme les autres, mais je ne savais pas quoi écrire. » Elle apprend donc à décoder ses professeurs en observant leurs indicateurs d’importance (le temps passé sur une notion, les résumés…).
- Être proactive par rapport à ses cours:
- faire ses lectures et survoler les notes de cours, et ce, sans surligner (pour éviter que tout soit jaune) d’abord, ce qui l’aide dans sa préparation, car elle a déjà en tête des questions;
- poser des questions (en classe, même si ça semble parfois embêter les autres étudiants, ou hors classe si cela demande plus de temps);
- après les cours, elle refait ses lectures, cette fois en surlignant puisqu’avec les informations reçues elle peut mieux détecter l’essentiel.
- Se référer régulièrement aux plans de cours : pour avoir en tête les objectifs généraux et ne négliger aucun élément d’évaluation.
Lorsqu’elle décroche son certificat, elle aurait «crié ça sur tous les toits, pas pour me vanter, mais parce que j’y étais arrivée ». Elle choisit ensuite de poursuivre au certificat en gestion des ressources humaines (GRH). «Dans la vie j’ai deux belles choses : mes enfants et mon retour aux études. Je souhaite tellement ça à tout le monde. Les gens me disent « t’es bonne! », mais pour moi ce n’est pas être bonne, je fais ce que j’aime. Vouloir apprendre c’est la base : on naît et on ne sait rien. Il faut aller chercher des connaissances tout le long de notre vie. Pourquoi pas y aller par l’université, avec des gens compétents?»
Le contact avec les générations plus jeunes, qui l’inquiétait au départ, est finalement source de motivation et la mène à s’impliquer dans différentes associations étudiantes à titre de trésorière. «Ils sont terriblement intéressants. Chacun a ses passions, ses façons de voir la vie et on dirait que ça me remet les pieds sur terre, parce qu’échanger et comprendre leurs façons de faire et de voir permet d’ouvrir mon esprit à autre chose que ce que je pense. Peut-être qu’il y a des choses qui ne nous conviendront pas, mais il y a des choses qu’on peut mettre dans notre bagage et ça permet d’évoluer.»
Pour elle, la persévérance c’est «ne pas calculer! Ni le temps, ni l’énergie, ni les efforts déployés dans notre réussite scolaire. Ne jamais se comparer! Aux autres étudiants quant à la rapidité et la facilité que certains ont comparativement à soi-même. Voir la réussite plutôt que la fatigue et le stress engendrés par les travaux. Plutôt constater l’effet de la persévérance! Ce que cela me procure… un sentiment d’accomplissement et de fierté!» Quand une difficulté importante survient, elle recommande de ne pas lâcher et de se mettre en mode solution en faisant preuve de débrouillardise.
«Le fait d’entrer à l’université a amélioré mon estime personnelle et ma condition de vie.» Elle fait toujours la comptabilité de l’entreprise de son conjoint, mais elle a informatisé le tout en apprenant à utiliser le logiciel Acomba dans ses cours. Depuis trois ans, elle a un emploi à la Banque nationale. Pour elle, l’université est accessible pour tous, à son rythme et peu importe la distance. Elle souhaite que son expérience personnelle inspirera au moins une personne à faire un retour aux études.
Elle est entrée à l’université pour répondre au défi de son fils et s’est fait prendre au jeu, car elle aime aujourd’hui apprendre et souhaiterait obtenir un baccalauréat par cumul, peut-être même une maîtrise. Félicitations Johanne: défi relevé! Bonne chance pour la suite et nous te souhaitons plein d’autres succès. #JPS2017