STEP: soutenir les adultes victimes de maltraitance en enfance au moment où ils deviennent parents
– Collaboration de Marie Barré, étudiante au baccalauréat en études françaises –
Devenir parent est un défi en soi. Devenir parent lorsqu’on a soi-même vécu de la négligence ou de l’abus lors de l’enfance est une autre paire de manches. C’est précisément de façon à mieux répondre aux besoins spécifiques de cette clientèle de futurs parents que Nicolas Berthelot, professeur au Département des sciences infirmières de l’Université du Québec à Trois-Rivières, et son équipe ont conçu le projet STEP.
Un projet unique
Le projet STEP (Soutenir la transition et l’engagement dans la parentalité) se concentre autour de l’élaboration et de la mise en place d’un programme d’accompagnement visant à outiller les futurs parents face aux différents défis pouvant se présenter dans le chemin vers la parentalité. En effet, les gens ayant vécu de l’abus lors de l’enfance peuvent se voir confrontés à des situations difficiles telles que la dépression, l’anxiété ou encore des problèmes relationnels, et peuvent en venir à reproduire malgré eux des comportements proches de ceux qu’ils ont vécus. La recherche en cours à l’UQTR est unique puisqu’il n’existe présentement aucun programme d’intervention orienté uniquement sur les besoins de cette clientèle.
Le programme s’étend sur divers plans. Bien qu’il s’agisse principalement de rencontres individuelles et de groupe, on peut également compter la création de manuels d’intervention, de dépliants d’information et d’un site Web sur les défis de la parentalité à la suite d’événements difficiles. Ces moyens visent à faciliter l’adaptation lors de la période – marquée par d’importants changements – qu’est celle de devenir parent.
Le concept de mentalisation, au coeur de STEP
L’équipe s’intéresse particulièrement au concept de mentalisation, c’est-à-dire la capacité à réfléchir aux émotions et aux motivations qui guident les comportements. Dans le contexte particulier de l’abus/négligence, elle permet de se représenter les impacts psychologiques et relationnels qu’ont pu engendrer ces expériences traumatiques. Ceux qui parviennent à mentaliser ces expériences le font de façon cohérente, sans nier ou minimiser ce qui s’est passé et sans s’en attribuer le blâme.
Les travaux de l’équipe ont démontré que les futurs parents qui parviennent à prendre conscience des mécanismes qu’ils ont employés pour passer à travers ces situations difficiles (la mise à distance émotionnelle, par exemple) sont davantage en mesure de développer une relation positive et sécurisante avec leur enfant et d’intercepter les cycles intergénérationnels de risques associés à leur vécu.
L’état des travaux
Les chercheurs sont présentement dans la période de préparation visant à construire le programme. Ils se sont d’abord entretenus avec une quinzaine de professionnels des milieux communautaires, de la santé et des services sociaux afin de sonder leur perception quant aux actions prioritaires à mettre en place.
Actuellement, l’équipe de recherche rencontre des parents ayant eux-mêmes vécu de l’abus, de façon à connaître ce qui aurait facilité leur transition vers la parentalité et les types de services qu’ils auraient aimé recevoir. Le projet STEP ne constitue pas une psychothérapie, mais bien un programme axé sur la capacité du futur parent à prendre conscience de ses zones de fragilité, de ses ressources personnelles et des ressources qui lui sont offertes.
Les rencontres seront menées par des professionnels du CIUSSS MCQ (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux, Mauricie et Centre-du-Québec) de façon à avoir un personnel formé qui pourra maintenir une relation professionnelle avec les parents après la durée des rencontres, s’échelonnant sur environ deux mois. D’autres types de suivis (questionnaires et entrevues ciblées) permettront de déterminer l’efficacité du programme STEP. Des résultats positifs pourraient mener à une implantation du programme à long terme au CIUSSS MCQ, ainsi qu’à des bénéfices considérables dans la communauté. «C’est pour ça qu’on travaille», conclut monsieur Berthelot.
Marie Barré est étudiante au baccalauréat en études françaises. Elle signe ici un texte dans le cadre du projet d’intervention dans la communauté «Rédaction d’articles sur la recherche universitaire», réalisé à l’hiver 2017 en collaboration avec le Vice-rectorat à la recherche et au développement, Elizabeth Marineau, agente de recherche au Décanat des études, la professeure Geneviève Bernard Barbeau, du Département de lettres et communication sociale, ainsi que les chercheurs qui ont généreusement accepté de se prêter au jeu de la vulgarisation journalistique.
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