– 11 au 17 mars | Semaine québécoise de la déficience intellectuelle –
L’intégration sociale des personnes ayant une déficience intellectuelle représente un défi important pour la société québécoise. Mais depuis une vingtaine d’années déjà, l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) a développé une solution innovante pour répondre à cet enjeu grâce au Plateau de travail UQTR qui offre un milieu de stage aux personnes ayant certaines limitations.
Jouissant d’une expérience de près de 30 ans, Marc Ayotte travaille à titre d’intervenant auprès des personnes ayant une déficience intellectuelle. Dévoué à leur intégration, il a passé les 14 dernières années à œuvrer au développement du Plateau de travail UQTR. Avec Manon Lupien, éducatrice spécialisée au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ), il assure l’insertion au travail des neuf déficients adultes qui sont membres du Plateau.
«Le partenariat avec l’UQTR est très important. Le milieu universitaire nous permet de développer leurs habiletés sociales. Avec les partenaires du campus, nous développons diverses compétences au travail, et cette intégration vient assurément briser l’isolement de ces personnes trop souvent perçues comme inaptes au travail», explique M. Ayotte.
L’intervenant précise également qu’au préalable, les participants ont tous dû faire des demandes auprès du CIUSSS MCQ pour avoir un suivi d’intégration au travail
Des partenaires précieux
Si les gens du Plateau peuvent bénéficier d’une expérience d’emploi, c’est que des partenaires acceptent de leur confier des tâches. Parmi ces collaborateurs, on compte notamment le Comité de développement durable, le Département de kinésiologie, la Chasse-Galerie, le Service de l’imprimerie, Sodexo et les Services ménagers Roy.
«Nous cherchons à leur faire faire des travaux de base. Par exemple, en collaboration avec le Comité de développement durable et les Services ménagers Roy, nous avons commencé à faire la récupération du savon. Autrefois, les contenants de savon « vides » étaient jetés aux ordures. Aujourd’hui, nous récupérons les restes dans d’autres contenants. Cela a permis à l’Université d’économiser plus de 2000 $ jusqu’à maintenant», témoigne M. Ayotte.
La possibilité de travailler dans un milieu ouvert sur le monde a un effet bénéfique sur l’estime de soi des gens du Plateau. Ainsi, ils sont heureux de se lever le matin pour venir rejoindre leurs collègues de travail.
En plus de bénéficier de nombreuses possibilités de sociabilisation et de dépassement, les gens du Plateau se plaisent dans la réalisation de leurs tâches. Ils n’ont d’ailleurs pas peur d’affirmer leur satisfaction.
«J’aime beaucoup mon travail à l’UQTR. Je travaille avec les Services ménagers Roy. Je m’occupe du compacteur, du chariot et de la récupération», lance Francis Castonguay.
«Je fais l’entretien à la buanderie. Je suis là depuis 2008, donc ça fait dix ans que je suis ici. J’aime ça travailler à l’UQTR!», témoigne également Marie-Josée Beauchamp.
Un début difficile
Aujourd’hui, la communauté universitaire fait preuve d’ouverture à l’égard des différents projets du Plateau. Cependant, beaucoup de travail de terrain a été nécessaire pour acquérir la reconnaissance du milieu.
Lorsque M. Ayotte est arrivé à l’Université, le Plateau était situé au pavillon Michel-Sarrazin. Ses membres étaient alors confinés dans un local, d’où ils ne sortaient que rarement. L’intervenant a alors entrepris de cogner aux portes de plusieurs départements et services de l’UQTR. De fil en aiguille, les gens du Plateau ont reçu plusieurs mandats. Ceux-ci ont même commencé à être sollicités par d’éventuels partenaires pour des projets spéciaux.
Devant ce succès, les administrateurs ont apporté des ajustements en matière de logistique. Depuis maintenant six ans, les locaux du Plateau sont situés au pavillon Pierre-Boucher et sa notoriété a considérablement augmenté depuis ce déménagement.
«Je trouve rafraîchissant de voir comment les étudiants et le personnel interpellent les gens du Plateau. Ils les félicitent pour leur travail, et sont agréablement surpris de leur présentation. Ces interactions constituent un excellent moyen de sensibilisation», note Mme Lupien.
«Un jour, une employée m’a demandé si nous serions ici pour longtemps. Surpris de sa question, je lui ai répondu que oui, mais je lui ai demandé pourquoi elle me demandait cela. Elle m’a répondu que nous amenions du soleil dans le milieu. C’est là que j’ai réalisé que l’Université était un beau milieu, où les gens sont sensibilisés et ouverts», ajoute M. Ayotte.
Inspirer les gens outre-mer
Dans sa recherche de partenaires, M. Ayotte est entré en contact avec l’enseignant Paul Gaudet, du Département des sciences de l’éducation. L’un des cours proposés par ce dernier s’intitule Intervention auprès des élèves en difficulté d’apprentissage. M. Gaudet a eu l’idée d’inviter les gens du Plateau à participer au cours, afin que ses étudiants puissent apprendre dans un contexte réel.
Cette approche a fait grand bruit en Europe: deux délégations de la France sont en effet venues observer comment se passait l’intégration à l’UQTR. «Ils ont été assez étonnés de voir comment les gens du Plateau étaient bien intégrés dans le milieu universitaire. Ils disaient qu’ils n’avaient jamais vu ça!», confie M. Ayotte.
Activités à venir
Le 15 mars prochain, le Plateau de travail UQTR tiendra un kiosque au hall Gilles-Boulet dans le cadre de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle. La communauté universitaire est évidemment invitée à venir y faire un saut.
Aussi, avec l’arrivée du printemps, les gens du Plateau vont s’adonner à la culture de légumes, qu’ils distribueront sur le campus lors de la saison estivale.
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