En lisant en s’écrivant La drôle de guerre de Jean-Paul Sartre
– Francis Walsh a soutenu sa thèse de doctorat en lettres –
Le blogue d’information En Tête de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) présente le résumé de thèse de doctorat en lettres de M. Francis Walsh, intitulée «En lisant en s’écrivant La drôle de guerre de Jean-Paul Sartre».
La légende veut qu’il y ait deux Sartre : un premier, celui d’avant la Deuxième Guerre mondiale, écrivain prometteur, individualiste et apolitique ; et un second, celui de l’après-guerre, théoricien de la littérature engagée et chef de file du mouvement existentialiste. Ni vrai ni faux, éminemment efficace, ce récit prend forme dès les premiers mois de la guerre : la mobilisation secoue fortement le jeune Sartre. Soudainement emporté par le courant de l’Histoire, le voilà météorologue pour l’armée, à quelques dizaines de kilomètres de la ligne Maginot. Or, de septembre 1939 à mai 1940, la guerre est plutôt paisible. L’Histoire ralentie, les soldats attendent la « vraie » guerre. Sartre, lui, lit plus d’une centaine de livres de tout horizon – philosophie, roman, théâtre, journaux intimes, ouvrages historiques – et il écrit : en plus d’échanger quotidiennement de longues lettres avec Simone de Beauvoir, il tient exceptionnellement son propre journal – qui sera publié après sa mort sous le titre Carnets de la drôle de guerre – dans lequel il commente ses lectures et interprète sa propre expérience, tout en jetant les bases de L’être et le néant, notamment.
Pourquoi analyser la drôle de guerre de Jean-Paul Sartre ? Parce qu’elle permet d’observer une diversité d’interrelations : entre la lecture et l’écriture du soi d’abord, leur part du Moi et celle de l’Autre, puis entre l’élaboration de l’œuvre et la fabrique du soi, de l’identité littéraire – que cette dernière soit narrative ou stylistique, par exemple – et, finalement, entre ce soi – l’ipséité – et l’historicité, le collectif. Ce sont ces rapports que permettent d’envisager les analyses de Sartre lecteur, carnetiste et épistolier durant la drôle de guerre ; c’est à une théorie de la subjectivation littéraire qu’en contribuera l’étude.
Soutenance de thèse ayant eu lieu le 26 janvier 2018
Membres du jury
Mme Mathilde Barraband, Ph. D., directrice de recherche
Professeure, Université du Québec à Trois-Rivières
M. Gilles Philippe, Ph. D., codirecteur de recherche
Professeur, Université de Lausanne
Mme Manon Brunet, Ph. D., présidente du jury
Professeure, Université du Québec à Trois-Rivières
M. Yan Hamel, Ph. D., évaluateur externe
Professeur, TÉLUQ
M. John Ireland, Ph. D., évaluateur externe
Professeur associé, University of Illinois at Chicago