Richard Couture – Résumé de sa carrière
À la suite du décès de M. Richard Couture le 10 mai dernier, l’Université du Québec à Trois‑Rivières souhaite (UQTR) souhaite rendre hommage à ce grand pionnier, professeur et chercheur dans le domaine de l’écologie des eaux douces.
Richard Couture est né à Montréal, dans le quartier de Saint-Henri, à l’été de 1938. Cependant, à cause de la guerre, il fut placé à la campagne, chez des fermiers à Saint-Faustin, à quelques centaines de mètres de la pisciculture gouvernementale de salmonidés (omble de fontaine). Avec la complaisance des employés, il fut instruit des différentes étapes de l’élevage du poisson. Après l’école de rang, ce fut les collèges de Louiseville (collège Saint-Louis) et l’Académie de la Salle de Trois-Rivières. C’étaient des établissements surtout axés sur les sciences.
Après maintes discussions, l’orienteur de l’académie proposa, compte tenu de son goût prononcé pour les bateaux et la pêche, la possibilité de deux formations, l’École Marine de Rimouski et l’École Supérieure des Pêcheries. Il choisit cette dernière à cause des nombreuses possibilités des champs de recherche et de la possibilité d’études avancées (maîtrise et doctorat).
Durant ses études, il fit deux stages d’été successifs en 1958 et 1959 au laboratoire de La Tabatière. Ces stages ont permis de mesurer et de comprendre l’évolution des différentes couches d’eau du golfe Saint-Laurent d’une part et de déterminer la sélectivité des agrès de pêche comme les trappes à morue et les chaluts à sébaste d’autre part. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il observa ses premières captures de crevettes.
Durant l’été 1960, il exécuta un stage en eau douce, à la pisciculture de maskinongé (Esox masquinongy) de Lachine (Montréal). Par un heureux hasard, il y retrouva un pisciculteur qu’il avait connu à Saint-Faustin, ce qui facilita grandement l’apprentissage de la technologie d’élevage des Ésocidés. En 1961, il entra à l’Office de biologie de Montréal et fut transféré au Service d’aménagement de la faune en 1962. Durant cette période, il étudia la biologie du maskinongé et fit des inventaires ichthyologiques du bassin versant de la rivière Châteauguay dont les résultats furent publiés, un peu tardivement, en 1971.
Au printemps de 1964, il quitta le Service d’aménagement de la faune pour s’inscrire à la maîtrise à l’Université Laval avec le professeur Pierre Trudel. Le sujet principal des recherches était les crevettes. La conjoncture était favorable pour entreprendre des travaux sur ce groupe. D’une part, quelques publications, particulièrement celles de Squires (1961) sur les crevettes de la région de Terre-Neuve laissaient entrevoir la possibilité d’une pêche commerciale. D’autre part, le Bureau d’aménagement de l’Est-du-Québec (BAEQ) demandait des projets visant à augmenter la diversité des pêcheries. La direction des pêcheries du Ministère de l’Industrie et du Commerce du Québec, l’Université Laval et le BAEQ s’unirent pour un programme de recherches sur les crevettes. Ceci est un exemple de collaboration où les recherches académiques pures et les recherches appliquées sont au service de la communauté.
L’objectif fixé au départ, soit en 1964, était d’inventorier les espèces présentes dans nos eaux, d’établir leur distribution et de déterminer leur importance. Des 23 espèces de crevettes capturées, deux en particulier, à cause de leur abondance et leur instinct grégaire, ont surtout retenu notre attention au départ, Pandalis boréalis et Pandalus montagui. Pendant l’été 1965, à la suite des observations de l’année précédente, l’objectif était de faire porter les efforts sur la localisation des concentrations de P. boréalis dans la partie ouest du golfe Saint-Laurent, sur les fonds de plus de 160 m, soit une superficie de +3000 milles nautiques carrés. Les captures de 1965 furent de 29 000 lb, de 229 000 en 1966 et 599 400 en 1967.
L’importance des captures provoqua un petit problème, la qualité du produit. Un laboratoire s’ouvrit à Matane dans l’intention de mettre au point des méthodes de transformation et de mise en marché. C’est ainsi que notre crevette prit, à tort, le nom de « crevette de Matane ». À partir de 1967, jusqu’à l’été 1971, les travaux serviront à établir un programme d’exploitation rationnelle pour conserver à cette ressource naturelle renouvelable son dynamisme et sa rentabilité.
Il obtint son grade de maîtrise en 1966 : le sujet de son mémoire était la biologie de Pandalus montagui; et il obtint son grade de doctorat en 1969 : le sujet de la thèse fut une espèce de crevette très peu connue, Argis dentata. Il y a eu un changement d’orientation à l’été 1971. Il y avait eu la création de l’Université du Québec à la fin des années 60. La demande pour des professeurs ayant un doctorat fut très forte. Le choix était simple, il y retrouvait plusieurs des anciens collègues de l’Académie de la Salle qui avaient suivi le cours de l’École des pêcheries et qui avaient mis en marche des projets de recherche sur l’écologie des eaux douces, dans le cadre d’un Département de chimie-biologie. De plus, développer une nouvelle université, au Québec, était un « défi » très intéressant.
La tâche d’un professeur comporte trois éléments : A) Enseignement; B) Recherche; C) Service à l’université (administration pédagogique et service à la collectivité). En ce qui concerne l’enseignement, il hérita des cours suivants : 1) Océanographie et biologie marine; 2) Aménagement des populations piscicoles; 3) Zoologie des vertébrés; 4) Aménagement de la faune terrestre. De plus, il encadra le cours de Séminaires et projets de fin d’études, 81 projets et la direction des travaux de maîtrise (21 projets). En recherche, il collabora au projet Thermopol sur les effets des rejets d’eau chaude de Gentilly (1971-1974). Ensuite, il travailla dans le Groupe de recherche sur les écosystèmes aquatiques (GRÉA) en produisant des études halieutiques sur 1) Étude des poissions des herbiers du lac Saint-Pierre (1980-1990); 2) Étude du poulamon atlantique de la rivière Ste-Anne-de-la-Pérade (1981-1987); et Étude des populations d’écrevisses du lac Saint-Pierre (1981-1987). En collaboration avec le service de la Faune, il travailla sur le canard pilet dans la région du lac Saint-Pierre (1987-2005). Entre 1991 et 1994, il collabora avec une équipe de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) sur le tétras du Canada (Dendragapus canadensis) à Anticosti et en Abitibi. Il faut aussi signaler les travaux sur la bécasse d’Amérique (1974-2013).
Son expérience administrative est assez variée. Il fut chef de section (biologie), directeur du Département de chimie-biologie, directeur du laboratoire de recherche sur les écosystèmes aquatiques et vice-doyen de la famille des sciences pures, appliquées et de la santé. À la fin de sa carrière, il fut nommé protecteur universitaire (ombudsman 1998-1999) et dépositaire des plaintes à la politique d’éthique en recherche (2000-2002)