L’ouragan Sandy qui s’est abattu sur Haïti, Cuba et la côte atlantique des États-Unis, fin octobre, a été à la fois spectaculaire et dévastateur. Les médias du monde entier ont couvert l’événement, avec force, commentaires et images en boucle, 24 heures sur 24, avant, pendant et après l’impact de l’ouragan sur les côtes des états du New Jersey et de New York, plus particulièrement. La couverture de cette catastrophe naturelle a surtout insisté sur le phénomène météorologique et sur ses conséquences en terme de destruction et de désorganisation dans une région densément peuplée des États-Unis.
Mon propos ici est d’aller au-delà du spectaculaire et du sensationnel. Tout d’abord, les médias ont mis du temps à couvrir l’impact de Sandy sur le territoire et le peuple d’Haïti, déjà durement touchés depuis 2010 par un tremblement de terre, puis une sécheresse catastrophique, avec pour conséquence l’augmentation de la précarité et des risques d’épidémies dans ce qui est déjà le pays le plus pauvre des Amériques. Sandy a causé une cinquantaine de morts en Haïti; ceux-ci comptent-ils moins que la centaine de décès dans les états américains de la côte atlantique? Le plus ancien pays indépendant des Caraïbes et de l’Amérique latine mérite, il me semble, plus de considération! D’autre part, Sandy a également frappé l’île de Cuba, et là encore, les grands médias occidentaux n’en ont pas parlé; ce silence serait-il en lien avec le boycottage et l’embargo économiques exercés par les États-Unis vis-à-vis du régime communiste de Cuba depuis plus de cinquante ans?
Autre élément choquant : la controverse autour de l’annulation, pour la première fois depuis quarante ans, du marathon de New York, le plus grand du monde avec quelque 50 000 participants inscrits cette année. La chaîne de télévision publique France 2, dans son téléjournal, a interviewé des marathoniens français indignés par l’annulation, lesquels ont été informés à leur arrivée à New York. Une telle contrariété me paraît insignifiante quand on connaît la détresse des centaines de milliers de citoyens new-yorkais et new-jerséyens privés de leur domicile, de leurs biens, d’électricité, d’essence et de mazout au seuil de l’hiver.
L’ouragan Sandy a fortement désorganisé la vie économique, non seulement de New York et du New Jersey, mais aussi d’une bonne partie de l’Amérique du Nord, dont New York est la métropole; fait exceptionnel, la Bourse de New York a même dû suspendre ses opérations pendant deux jours. Les transports publics et les aéroports ont été paralysés assez longtemps pour paralyser les transports de personnes et de marchandises à l’échelle métropolitaine, régionale, nationale, continentale et transatlantique. L’économie américaine demeure la première du monde; New York est, avec Londres, l’une des deux places financières les plus importantes de la planète. Dans ces conditions, la désorganisation causée par l’ouragan Sandy a des impacts économiques directs et indirects sur les échanges financiers et commerciaux.
De nombreux commentateurs estiment que l’ouragan Sandy et son impact auraient pu influencer le résultat du duel Obama – Romney. Il est vrai que le président sortant s’est illustré ces derniers jours en prenant personnellement la tête de l’organisation des secours et des mesures d’urgence, mais tant reste à faire, et les sinistrés de la côte atlantique ont d’autres soucis que d’aller voter. Il est également vrai que Mitt Romney, avant l’arrivée de l’ouragan, avait affirmé que lui, une fois élu président, abolirait l’agence fédérale des mesures d’urgence (FEMA) et confierait sa mission au secteur privé; la misère humaine pourrait-elle être source de profits?
Comme quoi un ouragan peut infléchir la politique et refléter deux visions du monde qui sont diamétralement opposées!
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