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L’humain au coeur de l’évaluation

L’humain au cœur de l’évaluation
L’évaluation joue un rôle central dans tout dispositif de formation (Scallon, 2004). Elle sert à analyser les programmes, certifier les acquis, ajuster les pratiques d’enseignement et accompagner les personnes apprenantes vers la réussite (Conseil supérieur de l’éducation [CSE], 2018; Lafontaine et Toczek-Capelle, 2023).
Cependant, dans un contexte d’accélération sociale (Rosa, 2010/2005) et de valorisation croissante des données éducatives, les pratiques évaluatives tendent à être déployées sous le prisme des logiques de performance et de standardisation (Demers, 2016). Si ces approches permettent d’optimiser la gestion des données, elles risquent de déshumaniser l’évaluation en la réduisant à la notation, à un simple outil quantitatif, éloigné de sa vocation première : un outil diagnostic, un levier de régulation continue et un moyen de reconnaissance des acquis et de soutien à l’apprentissage (Hadji, 2021). Les tests standardisés, tels que l’enquête PISA, bien qu’utiles pour collecter des données à grande échelle, posent des enjeux éthiques et méthodologiques majeurs (Blais et al., 2015; Moya et al., 2023). Parallèlement, l’utilisation croissante des tableaux de bord et des algorithmes réduit souvent les données sur les personnes apprenantes à des chieres déconnectés des réalités concrètes (Sabzalieva et Valentini, 2023). Ces outils, marqués par des biais cognitifs
et institutionnels, tendent à occulter les exigences d’inclusion et à accentuer les
2 inégalités éducatives, un enjeu encore insueisamment étudié (Collin et Marceau,
2022).
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, particulièrement dans le domaine de l’enseignement, les systèmes éducatifs, ancrés dans des logiques de notation, peinent à réinventer leurs pratiques évaluatives (CSE, 2018). Les dispositifs actuels de reconnaissance des acquis et des compétences, encadrés par des politiques institutionnelles strictes, montrent leurs limites à documenter la diversité des apprentissages informels et des parcours atypiques (Renold et al., 2023). Cette structuration rigide freine l’accès aux études et ralentit l’intégration professionnelle à divers niveaux (CSE, 2023). Il devient impératif de repenser l’évaluation en adoptant une approche humaine et inclusive, valorisant les singularités et la diversité des personnes apprenantes (Jeerey, 2013). Cela passe notamment par un dépassement des pratiques centrées sur la notation, le classement et les cadres strictement statistiques et édumétriques, au profit de méthodes innovantes et adaptées aux parcours complexes et aux réalités individuelles. Cette transformation ne cherche pas à abaisser les exigences, mais plutôt à redéfinir l’évaluation pour qu’elle s’appuie sur des principes d’éthique, d’équité et de reconnaissance des compétences développées, qu’elles soient issues de contextes formels ou informels (Nolla et al., 2021; Réto, 2019). Cette session d’études de l’ADMEE-Canada propose de repositionner l’évaluation comme un outil au service de la motivation, du bien-être et de l’engagement des personnes apprenantes. Elle invite à une refonte de l’évaluation dans une perspective plurielle et contextualisée, afin de mieux comprendre, soutenir et valoriser les apprentissages, tout en intégrant la complexité des réalités éducatives et humaines.
Axes thématiques du colloque
L’humain au centre de l’évaluation : émotions, biais et résonance
Éthique, intégrité et équité dans l’évaluation d’aujourd’hui et de demain
Production et analyse des données éducatives : opportunités et défis
La reconnaissance des acquis : un enjeu de refondation de l’évaluation en contexte de pénurie
La bienveillance en évaluation : un levier de motivation et de durabilité

