Dans les décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale, la nutrition se taille une place grandissante dans l’espace public. Les groupes énonciateurs d’avis se diversifient, chacun émettant ses explications sur ce qu’il faut manger ou éviter d’ingérer. Tous ces discours s’entrecroisent dans un tumulte médiatique d’où le citoyen extraira un choix de pratiques alimentaires devant améliorer son état de santé.
Mais souvent, l’argumentation qui lui est soumise charrie également des considérations n’ayant que peu à voir avec la promotion sanitaire, puisqu’invoquant plutôt des valeurs et des modes de vie dont il s’agit alors d’assurer la pérennité, ou de précipiter l’émergence. C’est dans cette perspective que seront caractérisés et comparés les principaux discours nutritionnels au Québec de 1945 à 1980, en l’occurence ceux émis par les organismes publics, les éducateurs membres du clergé, les nutritionnistes, les naturopathes, les compagnies d’assurances et le mouvement hippie.