Le concept de « trouble mental » est-il objectif?

Dans cette présentation co-organisée par la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe et le CEIDEF, madame Gagné-Julien défend que la définition du concept de « trouble mental » peut être à la fois socialement construit et objectif. Pour ce faire, elle emprunte aux outils de la philosophie féministe des sciences la notion d’objectivité sociale: selon cette théorie, l’objectivité scientifique peut être atteinte si la connaissance est produite selon des mécanismes et processus qui permettent une critique diversifiée. Appliquée à la psychiatrie et au concept de « trouble mental », cette conception de l’objectivité implique que la définition du concept peut être objective si la manière de parvenir à cette définition est inclusive, diversifiée et transparente (en incluant par exemple la perspective des personnes ayant reçu un diagnostic dans la définition). Elle tente par-là de dépasser le débat traditionnel en philosophie de la médecine et de la psychiatrie qui oppose depuis maintenant plus de 40 ans les naturalistes et les normativistes. Elle propose également une nouvelle conception « hybride » qui parvient à éviter les écueils de celle de Jerome Wakefield.

Présentatrice:
Anne-Marie Gagné-Julien a complété un doctorat à l’Université du Québec à Montréal, sous la direction de Luc Faucher (UQAM) et Maël Lemoine (Université de Bordeaux). Sa thèse de doctorat, intitulée «  » vers une définition socialement construite et objective du trouble mental «  », porte sur l’objectivité du concept de trouble mental et sur le débat entourant le problème de la médicalisation en psychiatrie. Suite à un stage postdoctoral à l’Unité d’éthique biomédicale de l’université McGill, sous la supervision de Phoebe Friesen et à l’École Normale Supérieure (Paris) sous la supervision de Stéphanie Ruphy, elle poursuit actuellement un second stage postdoctoral au Centre de recherche en éthique (CRÉ) et à la Chaire de recherche du Canada sur l’injustice et l’agentivité épistémiques (CRC-IAE), sous la supervision d’Amandine Catala et Luc Faucher. Ses intérêts de recherche se situent à l’intersection de la philosophie et de l’éthique de la psychiatrie, de la philosophie féministe des sciences et de l’épistémologie sociale. Son projet de recherche principal vise à explorer les questions épistémologiques et politiques entourant le processus de révision du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). L’objectif de ce projet est de promouvoir un modèle décisionnel plus inclusif applicable aux structures de l’Association de Psychiatrie Américaine pour inclure, exclure ou réviser les catégories diagnostiques du DSM. Elle s’intéresse également aux injustices épistémiques et à l’activisme dans le champ de la santé mentale.

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