L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) a souligné aujourd’hui l’ouverture d’un nouveau profil en criminalistique à l’intérieur de son programme de baccalauréat en chimie, lors d’une cérémonie officielle réunissant la première cohorte d’étudiants ainsi que des intervenants associés au projet.
Débutant à la présente rentrée automnale, le baccalauréat en chimie avec profil en criminalistique accueille 24 étudiants. Unique au Québec, ce programme formera des chimistes spécialisés en criminalistique, une discipline appartenant au vaste domaine des sciences légales (forensic sciences).
La criminalistique s’intéresse spécifiquement à l’exploitation et à l’étude des traces physiques, vestiges d’activités criminelles, délictueuses ou accidentelles. Ces traces sont analysées dans le cadre d’expertises scientifiques en matière criminelle, pénale, civile, réglementaire ou encore administrative.
« Nous célébrons avec fierté l’ouverture de ce nouveau profil en criminalistique, un programme original axé sur la formation de chimistes spécialisés. Nos diplômés pourront mettre à profit leurs connaissances au sein de nombreuses organisations ayant à intervenir en enquête, surveillance, détection et sécurité, en lien avec l’application des lois. Le développement de la criminalistique à l’UQTR pourrait aussi participer à une meilleure compréhension de la criminalité en liaison avec les sciences sociales et, surtout, contribuer à mieux apprécier la survenance des sinistres et accidents pour en réduire les risques », de commenter M. Sylvain Delisle, vice-recteur aux études de premier cycle et au soutien académique.
Première cohorte et nouveau professeur
Ouvert aux inscriptions depuis l’hiver dernier, le profil en criminalistique a attiré plusieurs candidats avec 80 demandes d’admission. De ce nombre, seulement 24 étudiants ont été retenus, suivant le contingentement en vigueur. Parmi les membres de cette première cohorte, composée de 9 hommes et 15 femmes, la plupart arrivent des cégeps (sciences de la nature ou techniques) et quelques-uns (7) sont déjà des universitaires. L’origine géographique se révèle aussi variée : cinq étudiants sont issus des régions environnantes alors que les autres proviennent d’ailleurs au Québec.
Outre les étudiants de cette première cohorte, l’UQTR a également accueilli un premier professeur en criminalistique : le colonel Frank Crispino, ayant servi pendant près de 30 ans dans la Gendarmerie nationale en France. Titulaire d’un doctorat en sciences forensiques de l’Université de Lausanne et expert en criminalistique, M. Crispino connaît bien la police scientifique et le milieu des enquêtes policières. Il a mené une carrière prolifique en investigation judiciaire et en lutte antiterroriste. Avant de rejoindre l’UQTR, il a entre autres commandé, durant les cinq dernières années, la Section des recherches à Bordeaux. Il a également participé activement à l’élaboration du cursus en criminalistique de l’université trifluvienne. Cette dernière prévoit d’ailleurs embaucher d’autres professeurs, au fil du temps, pour compléter l’équipe en criminalistique.
Programme d’avant-garde
Le profil en criminalistique de l’UQTR est le fruit d’une collaboration avec l’École nationale de police du Québec (ENPQ) et le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML) du Québec. L’UQTR a également pu compter sur l’assistance de l’École des sciences criminelles de l’Université de Lausanne, pionnière et chef de file en matière d’enseignement et de recherche en criminalistique.
À la croisée des sciences, du droit et de la police, le profil en criminalistique repose sur une solide formation en sciences fondamentales comportant des connaissances en chimie et la maîtrise des procédures analytiques indissociables de la discipline. Les cours reliés plus particulièrement à la criminalistique sont variés : photographie scientifique, traces humaines, identification d’objets, narcotiques, stupéfiants et toxicologie, enquête sur les lieux, criminologie, organisations policière et judiciaire, droit et preuve matérielle, enjeux de justice et de sécurité, etc.
La formation fait une large place à l’aspect pratique et au volet expérimental afin d’amener les étudiants à maîtriser la démarche criminalistique, à procéder avec rigueur aux diverses analyses et à se familiariser avec la plupart des techniques modernes d’acquisition et de traitement des données. À cette fin, l’UQTR prévoit se doter d’équipements spécialisés, logés dans un complexe sécurisé : laboratoire de photographie criminalistique, laboratoire de chimie criminalistique (pour l’analyse des traces et documents) et laboratoire d’analyse et d’imagerie informatique (ordinateurs et logiciels spécialisés).
L’approche adoptée à l’UQTR décline la criminalistique en plusieurs thématiques autour de la notion de trace. Celle-ci peut être biologique (ADN, fluides humains déposés ou projetés) ou chimique (incendie, explosion, etc.), d’impression humaine (empreinte digitale, palmaire, plantaire, etc.) ou d’objets (arme, outil, semelle, etc.).
Perspectives d’emploi
À l’issue de son baccalauréat, le diplômé pourra soutenir les enquêteurs par un travail d’analyse des traces matérielles et numériques en laboratoire et d’interprétation scientifique des résultats. Il sera aussi habilité à témoigner comme expert au tribunal ou à agir à titre de consultant au sein de diverses organisations de sécurité ou de renseignement. Comme analyste du renseignement criminalistique, il pourra aussi optimiser l’exploitation des traces collectées et la gestion systématique des liens entre divers phénomènes criminels.
Les employeurs potentiels des diplômés en criminalistique se répartissent dans plusieurs secteurs : les laboratoires offrant des services de criminalistique, les organisations policières, les services gouvernementaux de laboratoire, de surveillance, d’inspection, de détection et d’investigation en matière d’accidents complexes, de sinistres et d’activités litigieuses de toutes sortes, les services d’expertise en sinistre et l’industrie de la sécurité, de même que les juristes intéressés à mieux comprendre la valeur des traces et de leur interprétation.
Le diplôme de baccalauréat en chimie – profil criminalistique de l’UQTR donne aussi accès au permis d’exercice de l’Ordre des chimistes du Québec. Les finissants du programme seront ainsi en mesure d’intervenir aussi bien dans les services criminalistiques que dans différents laboratoires. Les diplômés pourront également accéder à des études supérieures, notamment au programme de deuxième cycle en criminalistique que l’UQTR entend développer, en lien avec les besoins identifiés par les milieux professionnels intéressés.