L’avis psychologique

Collaboration de Josianne Fournier, consultante au Service de psychologie du Service aux étudiants

Karine est complètement désemparée. Elle a perdu son père qui est décédé subitement d’un malaise cardiaque (perte d’un être cher). Francis, joueur de hockey de haut niveau, s’est blessé lors d’un match. Il ne pourra plus jouer au hockey et doit renoncer à la carrière professionnelle qu’il avait envisagée (perte d’un rêve). Marie vient de recevoir un diagnostic de sclérose en plaques. Peu à peu, elle verra ses capacités diminuer (perte de la santé et perte de capacités). Pierre travaillait fort depuis des années dans le but de devenir directeur d’entreprise. C’est un de ses collègues qui vient d’obtenir le poste (perte d’un idéal). Stéphanie vient d’être quittée par son conjoint qu’elle aimait plus que tout et avec qui elle voulait fonder une famille (perte d’un être cher, perte d’un rêve et d’un idéal).

AvisPsyPerteDeuilDans toutes les situations décrites, chaque personne est confrontée à une perte et aura à faire un processus de deuil pour surmonter l’épreuve qui lui arrive. De même, nous aurons tous à vivre des deuils au cours de notre vie.

Le deuil est une réaction normalement attendue suite à une perte physique ou affective. L’intensité et la durée du processus de deuil dépendent de la nature de la perte. Une personne qui apprend le décès d’un proche, qui perd un emploi, qui met fin à une relation amoureuse ou qui échoue à un examen va nécessairement traverser un processus de deuil, puisqu’elle doit prendre conscience de la réalité de la perte, vivre ses émotions, créer un nouveau lien avec la personne ou avec les projets non achevés, accepter la perte et réinvestir sa vie.

Plusieurs auteurs dans la littérature sur le deuil font référence aux cinq étapes du chagrin d’Élizabeth Kübler-Ross, soit le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Il faut être prudent face à l’interprétation des travaux de Kübler-Ross : le processus de deuil est complexe et non linéaire. Il n’existe pas de réelle marche à suivre lorsqu’il est question d’une perte ou d’un deuil.

Dans son article sur le deuil, Flavia Mazelin-Salvi (2010)[i] soulève le tabou de société entourant la mort et la perte en faisant remarquer l’utilisation récurrente de l’expression «faire son deuil», laquelle paraît être le synonyme de «passer à autre chose». Conséquemment, plusieurs personnes s’inquiètent d’être anormales lorsque leur processus de deuil est long et douloureux. Il est à noter qu’il n’existe aucune catégorie diagnostique pour le deuil compliqué, anormal ou pathologique; il est nécessaire de prendre en compte le contexte du processus de deuil, ainsi que les facteurs internes et externes avant d’affirmer qu’un travail de deuil n’évolue pas comme il le devrait.

AvisPsyPerteDeuil2En réaction à un deuil, il est naturel de vivre une période de choc et des émotions négatives variées, telles qu’un sentiment de culpabilité face à des actions non entreprises lorsque la personne était vivante, de l’insomnie, une tendance à l’isolement social, le souhait d’être décédé en même temps que la personne aimée et une perte d’intérêt pour les activités de la vie quotidienne [ii]. Il serait préoccupant qu’une personne refuse de prendre conscience de la perte et qu’elle mette tout en œuvre pour refouler ses émotions négatives. Malgré la croyance populaire, il n’y a aucun avantage à effectuer son processus de deuil dans un temps record!

Dans les faits, le travail de deuil vise une période de réorganisation de sa vie en fonction de la perte vécue. L’acceptation de la perte se fait de manière progressive au même titre qu’une phase de réadaptation pour une personne ayant subi une blessure physique [iii]. Il est important de se rappeler que l’objectif du travail de deuil n’est pas de faire disparaître toute trace de tristesse, de colère ou de douleur, mais bien de s’assurer que les émotions négatives prennent de moins en moins de place dans la vie de la personne.

En période de deuil, l’entourage peut parfois se sentir déstabilisé et ne pas savoir quoi dire à la personne qui vit la perte, ce qui est tout à fait normal. Dans cette situation, il est préférable de ne pas recourir à des formules toutes faites et de référer la personne vers des ressources adaptées.

Si cet article soulève des questionnements ou si vous avez besoin d’information quant aux ressources d’aide disponibles, n’hésitez pas à prendre rendez-vous au Service de psychologie du Service aux étudiants au 1275, pavillon Albert-Tessier (819 376-5011, poste 6056).


[i] Mazelin-Salvi, F. (2010). Accepter le temps du deuil

[ii]  De Montigny, J. (Novembre 2002). Quand le deuil se complique. Psychologie Québec, 19-22.

[iii] Association québécoise de prévention du suicide. (n.d.). Comprendre le deuil