L’avis psychologique
Collaboration de Sol Rivard, psychologue du Service aux étudiants et à la réussite étudiante
Il y a une croyance forte que la déprime augmente à l’approche du temps des Fêtes. On dit même que les taux de suicide sont à la hausse pendant la période de Noël. Eh bien, à ceux qui l’ont entendu, détrompez-vous! Dans les faits, les comportements autodestructeurs et les taux de suicide tendent à baisser lors des journées précédant Noël.
Une autre croyance bien établie est celle voulant que durant la période des Fêtes, les rapports familiaux conflictuels ne font qu’empirer et devenir une source de stress plus grande. Encore une fois, il semble que cela soit inexact. Puisque durant les vacances de Noël, les gens entrent en contact avec leur famille étendue (grands-parents, oncles, tantes, etc.) pour de plus longues périodes, leurs difficultés avec les membres de leur famille rapprochée (père, mère et fratrie) tendent à être amoindries (Bergen & Hawton, 2007). Le mois de décembre serait donc bon pour le moral!
Le jour de l’an, lui, apporterait son lot d’embûches. La première de ces embûches est celle du temps : le jour de l’an marque le passage du temps. Toutes festives qu’aient été les célébrations de Noël, il n’en demeure pas moins que chaque année passée rapproche de la fin de l’existence. Aussi, la manière dont la personne rencontre cette réalité, soit en en prenant conscience pleinement, partiellement ou pas du tout, risque d’avoir un impact sur son développement ultérieur. Pour certains, des festivités exaltantes et éclatantes constituent une forme de déni des peurs et de la souffrance reliées aux effets du temps.
Une fois lancé sur cette voie «dorée», la deuxième embûche du jour de l’an risque de se présenter, à savoir celle des résolutions irréalistes ou magiques. Au contraire, pour amorcer un processus de changement comme les résolutions du Nouvel An, il faut d’abord que la personne puisse remarquer ce qu’elle perd dans le changement qui est planifié. Dit autrement, le désir de changer ne suffit pas et le gain total, sans concession ou effort, est irréaliste (Shengold, 2007).
La troisième embûche du jour de l’an est celle de la baisse d’estime de soi et de la confiance en soi. De façon générale, en cas d’échec face au maintien des résolutions du Nouvel An, les gens voient leur estime d’eux-mêmes diminuer (Norcross, Ratzin & Payne, 1989). Donc, autant il peut être facile d’imaginer le gain total décrit précédemment, autant le fait d’être confronté à la difficulté de changer ouvre la porte au blâme de soi-même et à l’impression d’absence de valeur personnelle. Le jour de l’an est donc plus éprouvant que Noël!
Mais certains faits fournissent des pistes pour traverser le mois de janvier du bon pied. Les voici : les personnes qui ne consomment pas d’alcool en temps normal et qui en consomment exagérément au jour de l’an, de même que les personnes qui ont des problèmes de couple qui perdurent dans le temps, risquent davantage que d’autres de vivre des expériences négatives et d’adopter des comportements autodestructeurs en janvier (Bergen & Hawton, 2007).
En conclusion, il semble préférable d’avoir des attentes réalistes, d’être prêt à renoncer aux comportements que l’on veut voir disparaître, de ne pas consommer plus d’alcool qu’on en a l’habitude et de ne pas laisser sa relation de couple s’envenimer le reste de l’année.
Bonne année 2014 et bonne session à tous!
L’équipe du Service de psychologie est aussi là pour vous accompagner dans votre processus de changement, si vous en ressentez le besoin. Pour prendre rendez-vous avec un consultant, appelez au 819 376-5011, poste 6056, ou présentez-vous au 1275, pavillon Albert-Tessier et demandez Mme Hélène Rousseau.
Références
Bergen, H., & Hawton, K. (2007). Variation in deliberate self-harm around Christmas and New Year. Social Science & Medecine, 65, 855-867.
Norcross, J. C., Ratzin, A. C., & Payne, D. (1989). Brief report. Ringing the new year : the change process and reported outcomes of resolutions. Addictive Behaviors, 14, 205-212.
Shengold, L. (2007). The dreaded promise of Christmas and the New Year. Psychoanalytic Quaterly, 76, 1351-1359.