Trois professeurs du Département de sciences comptables de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) ont créé une plateforme sur Internet, qu’ils ont nommée FISCALITÉuqtr.ca. Le site, qui existe depuis 2007, permet aux étudiants de cette discipline d’avoir accès à de nombreux outils liés à leur domaine d’études. C’est une façon innovatrice d’aborder l’enseignement de la fiscalité, mais surtout qui pourrait s’appliquer à d’autres champs d’apprentissage. Nicolas Boivin, Marc Bachand et Nicolas Lemelin espèrent que leur initiative encouragera d’autres collègues à emboîter le pas et fournir davantage de ressources en ligne à leurs étudiants.
Tout pour faciliter la diffusion de l’apprentissage
Le site offre des guides en ligne auxquels les visiteurs peuvent accéder gratuitement. Ces guides sont non seulement accessibles à tous, ce sont également les manuels du cours de Nicolas Boivin. Les étudiants en fiscalité n’ont qu’à aller sur le site pour télécharger les manuels ainsi que les livres d’exercices. Toutefois, cette approche est «à ne pas confondre avec des « cours en ligne »», explique M. Boivin. Il précise que les étudiants en fiscalité doivent quand même se présenter au cours. Les connaissances théoriques sont vues hors cours, grâce aux manuels accessibles en ligne, et les exercices sont complétés en classe, en présence du professeur. Ce dernier peut donc expliquer la matière à travers les problèmes de fiscalité présentés dans le matériel pédagogique offert sur le site.
Les visiteurs peuvent aussi atteindre WikiFisc, un microsite sur lequel les participants au cours peuvent poser leurs questions; toutefois, ce sont leurs collègues étudiants qui y répondent. Un Wiki est d’ailleurs défini comme une base de données éditée par une communauté, pour la communauté. Nicolas Boivin et Marc Bachand évaluent ensuite les réponses. C’est un système intéressant, selon M. Boivin, car il permet de réunir les questions les plus fréquentes en un même lieu, ce qui évite à ces trois professeurs de fiscalité de devoir répondre plusieurs fois aux mêmes questions. Il y a tout de même un certain travail de modération qui s’y fait, avec entre autres un système de récompenses offrant des points, des «badges» et un classement général pour les étudiants qui répondent correctement aux questions de leurs collègues. Ces récompenses ajoutent une légèreté ludique à l’entraide entre les participants.
Les réseaux sociaux présents dans l’enseignement
En plus du site lui-même, le trio de professeurs a misé sur une connectivité complète en créant également un compte Twitter, une page Facebook et une page Youtube pour FISCALITÉuqtr.ca. Les professeurs s’assurent alors d’une grande connectivité avec leurs élèves, utilisent des médias visuels en plus des médias écrits, et sont présents pour répondre aux questions. En plus de cette facilité de contact, ces pages sur les réseaux sociaux ont aussi pour but de discuter avec les étudiants de sujets supplémentaires liés à la fiscalité, qui ne seraient pas vus en classe.
«Avoir le privilège qu’un étudiant dise « On aime votre page FISCALITÉuqtr.ca et on accepte que vos publications au quotidien rentrent dans notre fil d’actualité », d’avoir 1200 personnes qui nous offrent cette opportunité de se faufiler dans leurs fils d’actualité [sur les réseaux sociaux], c’est une immense marque de reconnaissance.»
Des prix, des espoirs et des projets
Ce projet a reçu le Prix du ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche, de la science et de la technologie. M. Nicolas Boivin a également reçu le Prix d’excellence en enseignement en mars 2013. Deux distinctions bien méritées, car les professeurs Boivin, Bachand et Lemelin bâtissent ce site depuis bientôt sept ans, ajoutant toujours un peu plus à chaque mois. Ils s’assurent que le matériel accessible sur le site soit disponible, non seulement pour les étudiants en fiscalité, mais aussi pour quiconque ayant un intérêt en cette discipline, étudiant québécois ou non.
Pour ce qui est des départements encore réticents à tenter l’expérience «Web 2.0», M. Boivin dit ceci :
«Devant l’inconnu, peut-être que les gens s’imaginent que ça va être horrible la gestion de tout ça, alors que ce n’est pas si pire. À partir du moment où on s’approprie cet environnement-là, qu’on comprend comment ça fonctionne, ce n’est pas si prenant que ça. Moi, je dis aux professeurs : Pas besoin de mettre ça en place tout d’un coup. Un axe suffit. Commencez par un début de site avec un axe, et si ce n’est pas concluant, tant pis, arrêtez. Si c’est concluant, peut-être ajouter un autre axe. Tout cela est morcelable.»
Cette approche «Web 2.0» est une innovation qui pourrait être utilisée dans le cadre d’autres programmes d’études. Ces trois collègues seraient prêts pour le Web 3.0, une ère virtuelle encore dans ses balbutiements qui amènera étudiants et professeurs bien au-delà de ces rôles. Une ère pour laquelle FISCALITÉuqtr ne semble rien de moins qu’un projet parmi si peu d’autres qui ouvrent la voie.