Si la rentrée automnale est derrière nous, elle constitue néanmoins un moment porteur d’intensité qui perdure au fil des semaines. L’arrivée des 14 500 étudiants au trimestre d’automne 2014 apporte une bonne dose d’énergie vitale, de stimulation intellectuelle. Toute la communauté universitaire est transportée par ce dynamisme et se met à pied d’œuvre afin de poursuivre le développement de l’Université; les efforts de toutes et de tous rejaillissent sur nos avancées et nos succès dans divers dossiers. Les bonnes nouvelles se succèdent, les réussites s’accumulent : qu’on pense seulement à la pelletée de terre du campus de Drummondville, à l’ouverture de notre MBA à l’Université de commerce du Vietnam, à l’ouverture d’un bureau de sélection en Chine pour l’École internationale de français, à l’augmentation toujours croissante de notre population étudiante, à la bonne performance de nos professeurs et étudiants de cycles supérieurs en recherche…
Il y a donc de très bonnes nouvelles, mais aussi des enjeux qui découlent du contexte financier de l’État québécois. Les compressions budgétaires demandées aux établissements d’enseignement supérieur – auxquelles s’ajoute une autre coupure récurrente de 31,6 millions de dollars (réduction d’environ 1,5% de la subvention aux universités) annoncée le 12 novembre 2014 – ont été largement abordées ces dernières semaines, notamment lors de la tournée de membres de l’équipe de direction (Johanne Giguère, vice-rectrice à l’administration et aux finances, Olivier Malo, vice-recteur aux ressources humaines, et moi-même) dans les départements et unités. L’objectif de cette tournée, débutée en octobre 2014 et se terminant avant le temps de Fêtes, consiste à offrir une information transparente et à jour sur l’enjeu budgétaire, mais également à parler de la planification stratégique et de la vision 2020 de l’Université. Il ressort de nos échanges que tous veulent se serrer les coudes pour continuer à jouer le rôle qui est attendu de l’UQTR, c’est-à-dire transmettre le savoir universitaire au plus grand nombre de personnes possible, participer à la découverte scientifique et prendre activement part à l’essor des collectivités.
Plan stratégique 2015-2020
Un des moteurs du développement de notre Université, qui mobilise toute la communauté universitaire, est sans contredit le processus de planification stratégique. Comme je l’avais annoncé en juin 2014, l’élaboration du Plan stratégique 2015-2020 s’articule à travers six groupes de travail, qui se sont penchés sur autant d’enjeux stratégiques identifiés grâce à l’analyse préalable des environnements interne et externe de notre organisation (pour plus de détails, voir le texte Planification stratégique : horizon 2020).
Chacun des groupes de travail a maintenant déposé son rapport au comité de planification stratégique. Au total, une trentaine de recommandations ont émané des six chantiers, permettant de dégager de grandes orientations dont voici un bref aperçu :
- le positionnement de l’UQTR à titre de leader régional et comme vecteur de développement scientifique, social, culturel, politique et économique pour les collectivités;
- la gouvernance et la gestion adaptées à nos stratégies de développement;
- l’excellence en enseignement, en recherche et en développement des ressources humaines;
- le caractère distinctif d’une «Université en santé», qui doit s’affirmer sur deux plans : l’innovation dans le secteur des sciences de la santé, et la promotion de l’activité physique et des saines habitudes de vie auprès de la communauté universitaire.
La prochaine étape consiste à mettre à contribution nos partenaires par l’entremise de focus groupes, composés de membres internes et externes à l’UQTR, qui discuteront de ces grandes orientations. En parallèle, la communauté universitaire sera sollicitée dans le cadre d’une consultation publique qui prendra forme sur le Web.
Vision 2020
De l’exercice stratégique émane une vision et des ambitions renouvelées. Pour bâtir l’avenir, il faut rêver. Et pour cela, il faut savoir se projeter malgré le contexte financier difficile; il faut à tout prix éviter d’adopter une attitude défaitiste et arrêter d’avancer. D’où l’importance de se doter sur l’horizon 2020 d’objectifs ambitieux, mais réalistes :
- la croissance d’un effectif jusqu’à 20 000 étudiants;
- l’obtention de 20 chaires de recherche gouvernementales et en partenariat convoitant un financement de 20 millions de dollars;
- la hausse du budget de fonctionnement à hauteur de 200 millions de dollars grâce à l’identification de nouvelles sources de revenus;
- l’atteinte d’une cible historique de 100 millions de dollars en dons cumulatifs depuis la création de la Fondation de l’UQTR.
Voilà donc les beaux défis qui nous attendent au cours des prochaines années.
De beaux défis, certes, mais que nous ne pouvons dissocier de certains enjeux qui nous touchent particulièrement. Inutile de le rappeler, le cadre financier de l’État québécois et les compressions budgétaires demandées aux universités fragilisent l’UQTR, tout comme l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur. En parallèle, la question du financement des universités et du réinvestissement dans l’éducation supérieure reste entière. Alors que l’avenir des universités est en quelque sorte hypothéqué, le débat sur la nature même de l’institution universitaire, amorcé en 2013, n’a pas encore été complété.
Le projet de loi 15 (Loi sur la gestion et le contrôle des effectifs des ministères, des organismes et des réseaux du secteur public ainsi que des sociétés d’État) a néanmoins remis sur la table l’enjeu de l’autonomie administrative des établissements du réseau de l’Université du Québec (UQ) et, par extension, la crainte de voir apparaître l’idée d’un système universitaire à deux vitesses. Le projet de loi 15 vise en effet à établir des règles de gestion et de contrôle des effectifs des organismes publics, dont le réseau de l’UQ, principalement pour suivre et encadrer leur évolution.
La conséquence serait d’alourdir encore davantage la reddition de comptes, par ailleurs déjà prévue par la loi constitutive de l’Université du Québec, en plus d’ajouter un contrôle des effectifs qui viendrait fragiliser la capacité des établissements du réseau à offrir des services universitaires de qualité favorisant la réussite. Les universités à chartes (celles à l’extérieur du réseau de l’UQ) étant exclues du projet de loi, cette situation entraînerait inévitablement des disparités importantes dans le système universitaire québécois.
En compagnie de madame Sylvie Beauchamp, la présidente de l’UQ, et de collègues d’autres établissements du réseau, je suis allée défendre l’importance de préserver un système universitaire québécois équilibré et performant, dans le cadre des Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi 15. Les établissements du réseau de l’UQ ont ainsi formellement demandé leur exclusion du projet de loi 15, considérant qu’il n’est pas nécessaire d’ajouter davantage de redditions de comptes pour une saine gestion et un contrôle des effectifs universitaires. À l’opposé de l’effet désiré, cette situation finirait par causer des impacts négatifs sur les services aux étudiants ainsi que sur l’économie des régions et du Québec.
Le développement du plein potentiel de l’UQTR est étroitement lié à sa capacité de s’adapter à une réalité qui lui est propre. Dans cette perspective, il est essentiel de conserver l’autonomie administrative prévue par la Loi sur les établissements d’enseignement de niveau universitaire, à laquelle est assujetti l’ensemble des 18 universités québécoises (réseau et hors réseau). Il s’agit là du meilleur gage de l’utilisation optimale des ressources, en vue de déployer l’UQTR en fonction des priorités qui lui sont dictées par le contexte dans lequel elle évolue.
Projet de loi 10
Les universités du réseau de l’UQ, qui jouent un rôle très actif en formation et en recherche dans le domaine de la santé et des services sociaux (UQAM, UQTR, UQAC, UQAR, UQO et UQAT), ont présenté ce mois-ci un mémoire à la Commission de la santé et des services sociaux, dans le cadre du projet de loi 10 (modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales). L’objectif de ce mémoire, dont l’UQTR est un des signataires avec les établissements mentionnés précédemment, consiste à sensibiliser le gouvernement du Québec afin qu’il bonifie le projet de loi 10 pour y intégrer pleinement la dimension sociale, l’approche multidisciplinaire, les réalités régionales et la mission universitaire.
Il s’agit là d’un enjeu important. En témoigne la présence grandissante des établissements du réseau de l’UQ dans la formation et la recherche liées à la santé, aux services sociaux ainsi qu’au bien-être physique et psychosocial. Le projet de loi 10, en proposant la fusion des ASSS et de l’ensemble des établissements publics d’une région au sein d’un seul établissement régional, est susceptible d’avoir un impact important sur les collaborations que les universités ont tissées avec ceux-ci.
Seulement à l’UQTR, près de 30% des étudiants sont inscrits dans plus de 40 programmes d’études en sciences de la santé aux trois cycles. La recherche dans ce domaine est également très dynamique en nos murs : on compte huit chaires (dont quatre du Canada), deux groupes et quatre laboratoires de recherche. Grâce aux nombreux partenariats avec les établissements de santé et de services sociaux, nos étudiants stagiaires ont accès à des milieux de pratique diversifiés et de qualité; nos chercheurs y trouvent le terrain idéal pour mener leurs recherches qui visent l’amélioration des pratiques, des soins et des services au bénéfice de la population des régions et du Québec.
À cet égard, le mémoire déposé présente une approche inclusive de la formation et de la recherche à travers sept recommandations visant à respecter, dans l’esprit du projet de loi 10, les vocations de tous les établissements universitaires, avec ou sans faculté de médecine, afin qu’ils participent activement à l’évolution du système de santé et de services sociaux.
Audition à la Commission de la culture et de l’éducation
L’équipe de direction se prépare activement en vue de l’audition des dirigeants des établissements d’enseignement de niveau universitaire à la Commission de la culture et de l’éducation. L’UQTR devrait s’y présenter au cours des premiers mois de l’année 2015. Il s’agit d’un exercice de reddition de comptes triennal, auquel sont conviés tous les dirigeants d’universités du Québec en vertu de la Loi sur les établissements d’enseignement de niveau universitaire. Ce sera également un moment pour faire valoir notre position sur différents enjeux liés, par exemple, au financement des universités et de la recherche, à l’autonomie des universités et à la gouvernance. Et surtout, d’affirmer que l’UQTR, grâce à tous les membres de sa communauté universitaire, n’arrête pas ses efforts de développement en lien direct avec ses quatre grandes priorités institutionnelles que sont le développement des cycles supérieurs, le renforcement de la recherche, le rayonnement à l’international et la saine gestion.
Bonne fin de trimestre!