Dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire, du 16 au 20 février, les Services aux étudiants (SAE) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) soulignent le parcours d’étudiants universitaires, motivés et motivants, s’étant démarqués par leur persévérance à poursuivre leurs études malgré des difficultés particulières. Nous vous présentons aujourd’hui le portrait de Guylaine St-Arnaud, qui souhaite entrer à la maîtrise en orthophonie.
En 1995, Guylaine termine une formation en bureautique et commence à travailler comme secrétaire. Rapidement, elle s’aperçoit qu’elle veut plus : «Je voulais voir les gens, je voulais avoir un contact et aussi faire autre chose que juste être dans un bureau», dit-elle. L’implication bénévole comble temporairement son besoin : dans un centre de ressources pour la naissance, dans les écoles de ses enfants et chez les scouts.
Quatorze ans plus tard, en 2009, elle accompagne deux de ses enfants en orthophonie et c’est «LA belle rencontre», comme on dit au cinéma. Elle tombe sous le charme de cette profession à l’approche humaine et grâce à laquelle il lui semble possible de faire la différence dans la vie de quelqu’un. «Ça a commencé de façon très hypothétique, en voyant l’orthophoniste je me disais : “Avoir connu ça quand j’avais 20 ans, c’est là-dedans que je serais allée.”» Son conjoint lui dit qu’elle n’est pas trop vieille, mais elle trouve qu’il y a beaucoup d’enjeux : les enfants à l’école, le conjoint, le déménagement nécessaire, car le programme n’était alors offert qu’à Montréal et à Québec…
Puis, le programme ouvre à Trois-Rivières et son conjoint lui achète un ordinateur pour Noël en lui disant : «Tiens, tu as ce qu’il faut pour rentrer maintenant!» L’idée fait son chemin. Guylaine fait sa demande pour entrer au baccalauréat en psychologie (une des portes d’entrée vers l’orthophonie) et elle est acceptée.
Elle choisit la psychologie en se disant : «Il faut quand même être réaliste, il y a des possibilités que je ne rentre pas en orthophonie. Je veux le faire, mais si je dois retourner travailler comme secrétaire, en ayant un bac en psycho, je vais peut-être être capable d’avoir quelque chose de plus.» Elle entre donc à l’université, confiante en ses capacités. Au collégial, elle était parmi les meilleures moyennes! «Disons que j’ai pris une débarque dans le sens que ça faisait 15 ans. Arrêter 15 ans… la première difficulté, ça a été de me remettre dedans, de me réhabituer. Me réhabituer à étudier, à écouter dans les cours, à prendre des notes.» La mise à niveau du collégial à l’université est importante. Avec l’âge, elle constate que sa mémoire n’est plus la même, mais une enseignante à qui elle en parle la rassure en lui disant qu’en effet, à 20 ans on se sert de notre mémoire, mais à 40 ans on se sert de stratégies, alors il s’agit de développer ces dernières. Quelles sont celles qu’elle a développées?
- Planifier son étude, souvent quand ses trois enfants sont à l’école, par tranches d’une heure maximum, même 30 minutes en cas de fatigue, et à l’aide d’objectifs précis.
- Composer des questions/réponses que son conjoint lui pose.
- Résumer les notions plus complexes sur des cartons pour les isoler, donc les étudier plus facilement.
Avant d’abandonner quoi que ce soit, elle recommande d’essayer : «Essayer autre chose, essayer d’une autre manière et demander de l’aide. Mettre en pratique des outils. C’est beau d’aller les chercher, mais il faut les utiliser. Au moins, tu auras essayé plusieurs fois et tu ne pourras pas te dire “Ah, j’aurais donc dû…”».
Si elle n’est pas acceptée en orthophonie, elle sait qu’autre chose va lui arriver. Elle se donne deux ans pour faire des tentatives d’admission. Si ça ne fonctionne pas, elle va retourner travailler, idéalement au moins en psychologie. Elle est réaliste, mais elle se voit recevoir sa réponse positive. «Ça fait quatre ans que je fais les efforts. Je fais tout ce que je peux pour entrer en orthophonie. Je ne pensais jamais me rendre là, c’était tellement loin au début.» Toutes les clientèles l’intéressent. Elle a travaillé avec les enfants, les personnes âgées et connaît les personnes handicapées. «Je veux aider le monde», conclut-elle, et elle ne considère pas son expérience en secrétariat comme une perte de temps. Elle a acquis de l’expérience et des compétences qui seront réinvesties. Elle n’est pas amère envers ses choix et fonce vers son rêve, fière de son formatage, de sa remise à neuf et d’être rendue où elle est.