L’avis psychologique

Collaboration de Sophie Ménard, psychologue aux Services aux étudiants

En cette semaine de prévention du suicide, et en général pour tout événement de la vie quotidienne, abordons une situation à laquelle il est parfois difficile d’être confronté: l’écoute d’une personne en difficulté.

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Marie semble traverser une période difficile depuis quelques temps. Elle participe moins aux sorties avec ses amis, manque parfois des cours et a l’air fatiguée. Elle se montre irritable, susceptible, renfermée sur elle-même. Vous aimeriez lui parler et savoir ce qui se passe, mais craigniez de voir l’ampleur de sa détresse et de ne pas savoir quoi faire pour l’aider.

Pourquoi est-ce difficile d’écouter une personne en difficulté? Un sentiment de malaise peut survenir lorsque nous sommes confrontés à un sentiment d’impuissance: nous ne pourrons pas faire revenir son amoureux, régler ses problèmes financiers ou améliorer la relation avec sa mère. Chez certaines personnes se retrouve aussi la crainte d’empirer l’état de la personne en lui faisant repenser à ce qui ne va pas bien. Cette crainte est alimentée entre autres par le fait que la personne se mette à pleurer en parlant de ce qui la fait souffrir. Il peut également être ardu de saisir l’ampleur de ce que la personne vit. Comment se fait-il qu’elle soit dans un tel état pour cela? La peur d’être connecté à sa propre détresse, par sympathie, peut également complexifier l’expérience d’écoute, par crainte d’être submergé d’émotions.

Pour écouter les autres avec attention, il faut être attentif à l’autre au moment présent. Cela signifie chasser les pensées qui pourraient venir vous distraire de votre tâche et vous concentrer uniquement sur la personne en face de vous. Prenez le temps d’explorer ce qu’elle vous dit, posez des questions, approfondissez. Dans un premier temps, vous n’avez pas à penser à ce que vous pourrez lui dire, car vous n’avez pas à lui proposer une solution toute faite ou autre formule magique. Attardez-vous à l’écouter, laissez-lui toute la place, simplement. Tolérez le sentiment d’impuissance par rapport à sa réalité. Si vous avez des soupçons d’idéations suicidaires, posez la question: est-ce que tu penses au suicide? Clarifiez l’état de la personne: comment, où et quand envisage-t-elle le suicide?

Écouter ne signifie pas:

  • Conseiller: «Je pense que tu pourrais…»
  • Surenchérir: «Mon cousin, c’est encore pire, il…»
  • Moraliser: «Si cela te permets de ne plus refaire cette erreur, tu auras appris…»
  • Consoler: «Ce n’est pas si grave, cela va s’arranger…»
  • Raconter: «Ça me fait penser à…»
  • Sympathiser: «Oh, pauvre toi!»
  • Clore la discussion rapidement: «Allez vient, on va se changer les idées!»

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Pour une majorité de personne, l’expérience de l’écoute véritable est une expérience nouvelle et extrêmement bienfaisante. C’est un moment de prise de contact avec soi-même, avec le support d’une personne bienveillante. Ce moment peut permettre l’évacuation d’un trop-plein d’émotions, une prise de conscience sur soi-même ou sur la situation vécue et surtout le fait de réaliser que je ne suis pas seul puisque quelqu’un prend la peine de m’écouter.

Après cet épisode d’écoute attentive, la proposition de ressources peut s’avérer nécessaire, particulièrement si des idées suicidaires ont été mises en évidence. Le Centre de prévention du suicide propose une ligne sans frais, 24/7 au 1 866-APPELLE (277-3553). À l’UQTR, des sentinelles sont formées afin de diriger les personnes ayant des idéations suicidaires vers les ressources disponibles. Elles arborent visiblement l’inscription sur la porte de leur bureau. En cas d’urgence, l’hôpital est la meilleure ressource. La consultation psychologique est une autre ressource possible, pour une aide à plus long terme.

Le Service de psychologie des Services aux étudiants offre le service de consultation psychologique. Pour prendre rendez-vous, vous pouvez vous adresser au secrétariat au 819 376-5011, poste 6056.

Veuillez noter qu’à partir du 4 février 2016, et ce, jusqu’à une date encore indéterminée, nos locaux seront temporairement déménagés du 1261, pavillon Albert-Tessier au 2079, pavillon Michel-Sarrazin pour des travaux d’aménagement.

Références

Centre d’écoute et prévention du suicide Drummond. Pour soutenir un proche.

Rosenberg, M. (2003). La communication non violente au quotidien. France : Éditions Jouvence.