Les personnalités machiavéliques, narcissiques et psychopathes, dites sombres, ont été beaucoup étudiées en psychologie. Toutefois, peu de chercheurs se sont penchés sur les agissements néfastes de ces personnalités en milieu de travail. S’intéressant à ce sujet, la psychologue et professeure Cynthia Mathieu, du Département de gestion des ressources humaines de l’UQTR, travaille au développement d’outils qui permettront aux entreprises de mieux identifier et gérer ces personnalités sombres.
«Les psychopathes et les narcissiques, en particulier, performent très bien lors des entrevues d’embauche, car ils savent se vendre et se vanter. Ces habiletés, valorisées dans notre société, peuvent cacher des personnalités sombres qui, une fois recrutées, nuisent à leurs collègues ou aux employés qu’elles dirigent, ainsi qu’au rendement de l’entreprise», explique la professeure Mathieu.
En milieu de travail, les psychopathes usent de leur charme envers leurs supérieurs ou les gens qui leur sont utiles, pour arriver à leurs fins. Ils traitent inégalement leurs employés ou les ridiculisent. Ils font preuve d’égocentrisme ou de tromperie et d’un manque d’empathie. Ils se révèlent incapables de bâtir une équipe, blâment les autres pour leurs erreurs et partagent difficilement les idées. Ils peuvent se montrer imprévisibles ou agressifs.
«La présence de dirigeants ayant des traits psychopathes mène, chez les employés, à une baisse de satisfaction et de motivation au travail, à une augmentation du taux de roulement, à des niveaux plus élevés de détresse psychologique et à des conflits travail-famille. Il existe aussi un lien entre le leadership de style abusif des personnalités sombres et le harcèlement en milieu de travail», rapporte Mme Mathieu.
Le comportement des personnalités sombres étant contreproductif pour les organisations, il importe d’aider ces dernières à aller au-delà de l’approche traditionnelle d’embauche, pour mieux reconnaître les caractéristiques de ces personnalités lors de la sélection et de la promotion des employés. Ce dépistage des mauvais leaders pourrait s’améliorer grâce aux travaux de la professeure Mathieu.
«Pour faire avancer mes recherches sur les personnalités sombres, je réalise des études directement sur le terrain, dans différentes entreprises. Cette démarche me distingue des autres chercheurs, qui font surtout appel à des étudiants volontaires pour mener leurs travaux», mentionne la professeure Mathieu, dont les résultats de recherche ont été diffusés notamment en Angleterre, en Espagne et aux États-Unis.