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Éric Gilbert: Persévérer, c’est reconnaître ses difficultés

Dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire (JPS), du 13 au 17 février, les Services aux étudiants (SAE) soulignent le parcours d’étudiants s’étant démarqués par leur persévérance. Nous vous présentons aujourd’hui le témoignage d’Éric Gilbert. Sur le point de terminer sa maîtrise en administration des affaires (MBA), il espère que son parcours inspirera ses enfants…

Éric Gilbert est finissant à la maîtrise en administration des affaires (MBA).

Éric Gilbert est finissant à la maîtrise en administration des affaires (MBA). (Photo Annie Brien)

De 1991 à 1994, Éric fait des études collégiales en génie industriel au cégep de La Pocatière. Dès le départ, ses parents enclenchent un divorce et ne peuvent le supporter financièrement, donc il travaille 40 heures par semaine dans un restaurant McDonald pour subvenir à ses besoins. Il va à l’école de jour, travaille de soir et fait ses travaux scolaires de nuit. En conclusion du divorce, il perd contact avec son père. Malgré tout, il diplôme et répond aux conditions nécessaires pour être admis à l’UQTR dans le même domaine. Sur le point de poster sa demande d’admission, il remet en doute sa décision. Pensant à tous les sacrifices réalisés et sans doute à répéter en poursuivant ses études, il choisit d’intégrer le marché de l’emploi en se promettant que ce sera partie remise.

Il est embauché à La Tuque comme professionnel en supervision d’assurance qualité et gestion de production jusqu’au printemps 2007 (entre-temps, il devient père de deux fils). Il s’oriente ensuite comme chef des installations matérielles et responsable de la sécurité, à Shawinigan, au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de l’Énergie. Après un an, s’étant approprié son travail et son nouveau milieu, la proximité de l’UQTR lui rappelle sa vieille promesse.

Il se renseigne donc sur les programmes offerts et s’inscrit au certificat en administration à temps partiel. Il anticipe le retour aux études. Les lectures et les travaux d’équipe lui demandent une gymnastique organisationnelle pour concilier famille, travail et études. Heureusement, son employeur est accommodant et il se répète, en leitmotiv : « vouloir réussir et aller chercher de la scolarité c’est une chose, mais en sacrifiant au minimum mon implication familiale. » Il est un papa engagé et veut le rester. Somme toute, il conserve un bon équilibre et diplôme à l’été 2011. Ayant encore soif d’apprentissage et souhaitant accéder à des postes supérieurs au CSSS, il se demande quelle serait la formation à acquérir. Le certificat en ressources humaines répond à sa question et comme plusieurs cours lui sont crédités il le termine à l’hiver 2012.

À sa grande surprise, ses professeurs perçoivent en lui des qualités pour poursuivre au MBA, alors il choisit de relever ce défi et y est admis à l’automne (avec spécialisation en diagnostic et intervention) sur une base d’expérience. Pour un défi, ça en sera tout un! Les exigences y sont plus importantes, certes, mais au point de vue personnel deux événements compliquent son parcours.

  • À l’automne 2013, on lui diagnostique une malformation cardiaque nécessitant une opération imminente. Il ne sait pas quand elle aura lieu et il espère que l’impact sur sa session sera mineur. Le professeur André Cyr, avec une empathie très ressentie, intervient en sa faveur pour lui permettre d’obtenir la latitude nécessaire pour répondre aux exigences de ses cours. L’opération se passe bien, mais l’anesthésie générale entraîne des pertes de mémoire et une diminution de sa concentration se répercutant à l’école et au travail, pendant environ six mois.
  • En juin 2015 (le jour du 13e anniversaire de son fils), il apprend le suicide de son père qu’il n’a pas revu depuis le divorce. Malgré la coupure des liens familiaux, il réalise qu’il n’y a plus aucun espoir de renouer ces liens et il ressent une perte de repères généralisée. Cette fois, le professeur Frédéric Laurin se porte à son secours en l’aidant à y voir clair et à mettre en place les moyens nécessaires pour réussir.

Même s’il a eu «les genoux écorchés par la gravelle», comme il l’exprime en métaphore de ses difficultés, il termine la scolarité de son MBA à l’automne 2015 et finalise aujourd’hui la rédaction de son essai. Fort reconnaissant du support qu’il a eu à l’UQTR, il affirme «qu’iI ne faut assurément pas penser être le grand porteur de sa réalité, quand on est en souffrance ou qu’on vit quelque chose, mais bien s’en remettre aux ressources disponibles. Il ne faut pas sous-estimer que l’université, oui c’est un établissement d’enseignement, mais en arrière de ça ceux qui donnent ces cours ce sont des êtres humains. J’ai eu le privilège de côtoyer des gens très humains, très empathiques et très à l’écoute. C’est important de se référer à ces gens.»

Selon lui, s’inscrire et obtenir un diplôme sont une chose, «mais ce qu’il y a à faire entre les deux c’est le plus long, le plus dur. Quand on vit des situations difficiles, notre jugement des faits réels devient altéré et c’est important alors de se trouver un ou des confidents, au confort de ce qu’on est capable d’expliquer de sa situation. Ne pas avoir la pensée magique de prétendre qu’on pourra régler ça seul. Il y a un grand bout intrinsèque qui nous appartient, mais à un moment donné il faut savoir reconnaître qu’on ne peut pas se relever tout le temps de tout et qu’il faut souvent avoir un appui, comme si on se retrouvait sur la glace vive». L’expérience lui a fait comprendre qu’aller chercher de l’aide évite de prendre des décisions que l’on pourrait regretter.

Il invite ceux qui pensent faire un retour aux études à plonger, car il n’est jamais trop tard. Quand on lui demande ses stratégies les plus efficaces, il mentionne:

  1. Se fixer un objectif clair, avoir un portrait concret de sa réalité et faire des choix (parfois des sacrifices) en fonction du but à atteindre et de ses capacités personnelles.
  2. Avoir, dans chacun de ses cartables, son relevé de notes et sa feuille de route et systématiquement, surtout dans des moments de pseudo découragement, s’y référer pour se raccrocher à son objectif et à ses réussites. Des petites réussites, progressives, mais qui seront gages du plus grand objectif d’être diplômé de l’université.
  3. Savourer ses victoires: «pour se garder grounder, il faut savourer chacune des petites victoires accomplies. Ça peut être le résultat d’un travail, d’un examen ou se faire dire par un collègue d’équipe que la portion qu’on a rédigée est sharp. Toutes les fois où on a une marque d’estime, de reconnaissance du travail fait, la savourer, ne pas la prendre pour acquis».

Pour, lui la persévérance est une capacité intrinsèque consistant «à chacune des situations qui va nous faire fléchir les genoux, de bien vivre l’émotivité de la situation, de se donner le droit de trouver ça tough, pleurer si c’est nécessaire, mais de l’autre côté de tirer profit de ces situations malgré le fait qu’elles soient difficiles. Être capable de faire preuve d’humilité dans l’adversité et d’ouverture aux autres, dire ouvertement qu’on a besoin d’aide.»

Pour la presque 3e fois, il se dit un fier diplômé de l’UQTR et exprime sa reconnaissance envers ses professeurs (Bruno Fabi, André Cyr et Frédéric Laurin), sa conjointe Karine, ses enfants et son employeur (désormais CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec). Il s’est renseigné au sujet du doctorat, se prêtera peut-être à l’exercice de compléter une demande d’admission, mais il estime qu’avoir un diplôme de 2e cycle pourrait lui permettre d’atteindre ses ambitions professionnelles.

Éric, le diplôme est à portée de main et nous te souhaitons de réaliser tes ambitions! Comme tu le dis: tu ne l’as pas volée ta réussite. Bravo! #JPS2017

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