– Collaboration de Maxime Vallières, étudiant au baccalauréat en études françaises –
Pour certains élèves dits en difficulté, le parcours scolaire est parsemé d’embûches. Dans le cas des élèves issus de l’immigration, les intervenants scolaires ont à tenir compte de différents éléments afin de prendre la meilleure décision quant à leurs besoins. Corina Borri-Anadon, professeure au Département des sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières, s’intéresse à la façon dont les écoles évaluent et répondent aux besoins éducatifs particuliers des élèves issus de l’immigration.
«Est-ce que l’élève a vraiment une difficulté à apprendre, demande madame Borri-Anadon, ou est-ce que ses connaissances linguistiques, ses expériences, l’amènent à comprendre le monde différemment?» Voilà le genre de question qu’il faut se poser au sujet des élèves issus de l’immigration. Non seulement les différences linguistiques ont-elles un impact sur l’élève, mais les repères socio-culturels, le rapport au monde et le processus migratoire, par exemple, peuvent aussi exercer une influence importante.
Comprendre les interventions
Ces différents éléments doivent être pris en compte quotidiennement par les intervenants lorsqu’ils prennent des décisions quant au cheminement scolaire des élèves. Le but du projet de madame Borri-Anadon est de comprendre comment ces décisions sont prises. Quelles sont les règles des établissements? À quel point ont-elles une influence? Est-ce que les décisions se prennent en groupe ou est-ce qu’un membre de l’équipe a plus de pouvoir décisionnel? Afin de répondre à ces questions, la chercheure doit établir un rapport privilégié avec les intervenants des écoles et les parents d’élèves. La confiance est donc une condition importante dans la collecte de données.
La recherche, qui se déroule dans deux écoles primaires de Montréal, s’effectue par l’observation de la façon de faire des différents intervenants, et par l’interrogation, à la fin de l’année scolaire, de chaque personne impliquée dans les décisions prises au sujet d’un élève. Pourquoi des écoles primaires de cette ville en particulier? Simplement parce que toutes les conditions nécessaires au bon fonctionnement du projet y étaient réunies, notamment en ce qui a trait au nombre important d’élèves issus de l’immigration et aux partenariats déjà existants avec la commission scolaire.
Répondre à des besoins grandissants
Corina Borri-Anadon insiste tout de même sur le fait que les enjeux auxquels répond le projet ne sont pas limités à la ville de Montréal. «De plus en plus, précise-t-elle, le nombre d’élèves issus de l’immigration augmente. Même s’ils ne se retrouvent pas nécessairement en nombre important, ça ne veut pas dire que les écoles n’ont pas à répondre à leurs besoins.»
À cet égard, elle rappelle que toutes les écoles de la Mauricie ont accueilli au moins un élève issu de l’immigration en 2015-2016. À l’échelle du Québec, c’est un peu plus du quart de l’ensemble des élèves qui est né à l’extérieur du Canada ou dont au moins un des parents est né à l’extérieur du pays.
Favoriser la réussite
Lorsque mise en présence de l’un de ces élèves, comment l’équipe-école peut-elle s’assurer d’adopter des pratiques favorisant sa réussite? Madame Borri-Anadon propose quelques pistes d’action. Les intervenants doivent s’assurer de comprendre les besoins de l’élève, qui peuvent être complexes. Pour ce faire, ils sont appelés à reconnaître l’élève et les défis qu’il a à relever en ce qui a trait à son intégration linguistique, scolaire et sociale. Gagner sa confiance et celle de ses parents est primordial.
En outre, les intervenants sont invités à questionner leurs propres pratiques, entre autres en portant un regard critique sur leur matériel pédagogique. Convient-il aux différentes expériences et réalités de l’élève? L’importance d’adopter des pratiques pédagogiques souples et d’amener l’élève à créer des liens entre ses apprentissages et ses expériences est également soulignée. Au final, c’est en s’assurant d’adopter des pratiques équitables que les besoins de tous les élèves seront pris en compte.
Maxime Vallières est étudiant au baccalauréat en études françaises. Il signe ici un texte dans le cadre du projet d’intervention dans la communauté «Rédaction d’articles sur la recherche universitaire», réalisé à l’hiver 2017 en collaboration avec le Vice-rectorat à la recherche et au développement, Elizabeth Marineau, agente de recherche au Décanat des études, la professeure Geneviève Bernard Barbeau, du Département de lettres et communication sociale, ainsi que les chercheurs qui ont généreusement accepté de se prêter au jeu de la vulgarisation journalistique.
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