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Mieux comprendre la dépression

L’avis psychologique

Collaboration de Julie-Anne Jalbert, consultante au Service de psychologie des Services aux étudiants

Il arrive à tout le monde de «se lever du mauvais pied», de ne pas avoir envie de travailler ou de ne pas se sentir à la hauteur face à une situation donnée. Il est d’autant plus normal d’éprouver des difficultés à la suite d’événements impliquant une perte (p. ex.: le décès d’une personne significative, la perte d’un emploi, la fin d’une relation amoureuse ou un échec à un examen). Le sujet est d’ailleurs abordé dans l’une des chroniques psychologiques du service de psychologie des Services aux étudiants de l’UQTR intitulée «La perte et le deuil».

Pour consulter l’article sur la perte, cliquez sur ce lien.

Toutefois, lorsque l’humeur maussade se perpétue dans le temps, s’intensifie, qu’elle affecte le fonctionnement au quotidien ou qu’on n’y attribue pas nécessairement de cause, la question se pose: Suis-je en dépression? Il est important de consulter un médecin lorsque notre moral nous apparaît anormalement bas et que cela a un impact considérable sur notre fonctionnement quotidien. L’aspect médical doit être considéré en premier lieu, car il peut expliquer le changement d’humeur (p. ex.: effets secondaires d’un médicament, dérèglement hormonal, abus de substance, etc.).

Aussi, il importe de distinguer les réactions du deuil «normal» de celles qu’on appelle un trouble dépressif caractérisé (anciennement trouble dépressif majeur). Tout d’abord, au niveau des ressemblances, ils partagent principalement les mêmes symptômes, par exemple : humeur dépressive, diminution du l’intérêt, gain ou perte de poids significatif, insomnie ou hypersomnie, agitation ou ralentissement psychomoteur, fatigue, diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision, pensées de mort récurrentes, etc. Les sentiments prédominants du deuil sont le vide et la perte, alors que dans la dépression, on retrouve plutôt une humeur dépressive persistante et une incapacité à anticiper la joie ou le plaisir.

Aussi, ce qui les différencie concerne la capacité d’identifier la nature de la perte et l’atteinte à l’estime de soi:

1) Généralement, l’endeuillé est capable d’attribuer sa souffrance à une perte précise (p. ex. : décès d’un proche, perte d’un emploi, etc.) et nous comprenons souvent pourquoi cela lui demande autant d’énergie. Le dépressif, de son côté, peut être plus difficile à comprendre, car sa réaction fait penser à quelqu’un qui souffre d’une perte, mais dont la nature est inconnue ou qui, à première vue, ne pourrait pas expliquer la gravité de son état.

2) En ce qui a trait à l’estime de soi, chez une personne qui vit un deuil, l’estime de soi n’est habituellement pas affectée. L’endeuillé peut avoir de la difficulté à accomplir ses tâches quotidiennes en raison de la souffrance, toutefois il ne se voit normalement pas comme étant la cause de sa souffrance. Il n’en demeure pas moins qu’il puisse vivre des regrets envers la personne perdue ou l’abstraction perdue. Alors que chez le dépressif, l’estime de soi est souvent affectée. La personne peut avoir tendance à se dévaloriser, à se dénigrer ou à se voir comme étant la cause de sa souffrance.

Deuil ou dépression, la question du travail de deuil est présente. Il s’agit parfois d’essayer d’identifier la nature de la perte et comment elle peut avoir un impact sur l’estime personnelle. La médication, comme les antidépresseurs, peut parfois être appropriée pour diminuer les symptômes dépressifs, surtout dans le cas d’un trouble dépressif caractérisé. La compréhension de la souffrance vécue et le travail du deuil peuvent, quant à eux, être facilités par une psychothérapie. La guérison peut prendre du temps et peut parfois être difficile, mais elle est possible.

Références bibliographiques
Association américaine de psychiatrie (2015). DSM-V: Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (5e éd.). France : Elsevier Masson.
Freud, S. (2004). Deuil et mélancolie: Extrait de Métapsychologie. Sociétés, no 86 (4), 7-19.
Kristeva, J. (1987). Soleil noir : Dépression et mélancolie. Paris : Gallimard.