La détresse psychologique chez les étudiants universitaires
Collaboration de Sylvie Robidoux, psychologue, et Olivier René, conseiller d’orientation, des Services aux étudiants (SAE)
Le passage vers l’âge adulte est une période de changement psychologiquement stressante et exigeante sur le plan adaptatif. Dans la réalité des études universitaires, c’est à ce moment que plusieurs jeunes adultes doivent assumer pour la première fois de leur vie de nouvelles responsabilités, et ce, tout en ayant à composer plus ou moins facilement avec les exigences de la vie étudiante universitaire (nouveau contexte d’études, flexibilité de leur horaire, nouvelle façon de gérer leur temps, méthodes d’apprentissage, conciliation travail-études, nouvelle vie sociale, etc.).
Parmi les différentes sources de stress vécues lors du parcours universitaire [1], on retrouve notamment la pression liée à la réussite scolaire, la compétition dans certains programmes d’études, le sentiment de solitude, le manque de temps, les enjeux liés à la précarité financière ainsi que les craintes reliées à l’insertion dans le monde du travail. La vie étudiante universitaire comporte donc son lot de stress!
En 2018, l’Union étudiante du Québec a mené l’enquête « Sous ta façade », une étude panquébécoise sur la santé psychologique des étudiantes et étudiants universitaires [2]. Cette enquête a permis de mettre en lumière le fait que la population étudiante universitaire présentait un niveau de détresse psychologique plus élevé que la population québécoise en général dans des proportions de 55,1 % chez les universitaires comparativement à 36,1 % dans le groupe d’âge des 15‑24 ans et à 48,4 % contre 30,8 % dans le groupe des 25‑44 ans. De plus, les résultats d’une étude [3] réalisée en 2004 auprès de 6 200 universitaires canadiens de 1er cycle révèlent que près de 30 % (29,2 %) des étudiants ont été considérés comme éprouvant un niveau élevé de détresse psychologique.
Quand apparait la détresse psychologique et comment la distinguer?
Lorsque les stresseurs s’accumulent, qu’ils sont vécus de manière intense et qu’ils perdurent dans le temps, ils risquent d’affecter les capacités d’adaptation de la personne, et ainsi, avoir des répercussions sur le fonctionnement au quotidien. C’est alors que les signes de détresse psychologique peuvent se présenter.
La détresse psychologique représente en premier lieu le signal que quelque chose ne va pas et qu’il y a un déséquilibre. Il s’agit d’une difficulté d’adaptation situationnelle qui s’exprime par un ensemble d’émotions et de pensées négatives ayant un impact sur le fonctionnement. La détresse psychologique se distingue des symptômes dépressifs (associés à des épisodes de tristesse, de désespoir ou de manque d’énergie), de l’épuisement émotionnel ou psychologique (lorsque la charge de travail devient trop lourde et qu’elle entraine une fatigue et une baisse de motivation importante) ou encore des comportements suicidaires (idéations suicidaires et les tentatives de suicide) [4]. Aussi, la détresse psychologique ne représente pas un trouble mental, bien que certains troubles de santé mentale (p. ex. : trouble anxieux, dépression, trouble bipolaire, trouble psychotique) peuvent se développer à la même période.
Comment identifier la présence de détresse psychologique?
Pour que la détresse soit considérée significative, elle doit entrainer un changement dans les habitudes et les comportements. La présence d’un seul signe de détresse, ou plus, sur une courte période n’est pas alarmante. C’est la présence de plusieurs signes simultanément ainsi que la fréquence et l’intensité de ceux-ci qui peuvent indiquer une détresse plus importante et sérieuse.
Les signes de la détresse psychologique peuvent être de quatre ordres : physique, cognitif, émotif et comportemental.
- Signes physiques : fatigue ou nervosité, maux de tête ou de dos, tensions musculaires, sensations de lourdeur à la poitrine ou à l’estomac, insomnie.
- Signes cognitifs : difficulté à prendre des décisions, difficulté de concentration et d’attention ou oublis fréquents, idées pessimistes, méfiance.
- Signes émotifs : irritabilité, anxiété, tristesse, colère, excitabilité, humeur changeante.
- Signes comportementaux : sautes d’humeur ou impatience, isolement (retrait), crises de larmes, abus d’alcool ou de drogues, surconsommation de médicaments) [2].
Quelques facteurs de protection à la détresse psychologique
Il est utile de rappeler qu’il existe plusieurs facteurs de protection contre le stress. L’un des plus puissants, qui a un impact certain sur la santé et le bien-être, est le soutien social qu’il provienne de l’entourage direct ou de professionnels de la relation d’aide. Il a notamment pour effet de réduire directement ou indirectement les effets néfastes du stress et de permettre de relativiser les situations de vie difficiles.
Un autre facteur de protection efficace consiste à développer et entretenir un sentiment d’appartenance à un groupe en faisant par exemple une activité parascolaire ou en se joignant à des personnes qui partagent les mêmes intérêts.
Bien sûr, le fait d’apprendre à prendre soin de nous-mêmes, de tendre vers de bonnes habitudes de vie, de réussir à équilibrer convenablement nos temps d’études, de travail, de sommeil, de loisirs et d’activités sociales, demeure un défi quotidien. Toutefois, apprendre à connaitre ce qui nous fait du bien et prendre soin de soi représentent un facteur de protection individuel primordial dans la prévention de la détresse psychologique.
Un dernier facteur important est de ne pas rester seul avec sa souffrance. Il est nécessaire d’en parler, de partager ses états d’âme, de recourir à de l’aide, comme consulter un professionnel des Services aux étudiants ou du réseau de la santé si c’est nécessaire.
Vivez-vous de la détresse psychologique en ce moment? Connaissez-vous une personne que vous pouvez appeler sans hésitation, à toutes heures du jour ou de la nuit, pour lui parler de ce que vous vivez? Si vous ne pouvez pas identifier une personne-ressource de votre entourage (ami, collègue, famille) au moment où vous en avez le plus besoin, des ressources d’aide existent et sont à votre disposition.
À l’UQTR, vous pouvez, entre autres, entrer en contact avec le Service de psychologie des Services aux étudiants (1261 Albert-Tessier, 819 376‑5011 p. 6056) pour de l’aide ou pour une référence. Vous pouvez également cliquer sur le bouton rouge « Besoin d’aide psychologique » qui se trouve dans votre portail étudiant pour trouver des ressources d’aide spécialisée ou encore contacter la ligne Info‑santé Info-social 811 en tout temps.
Globalement, une bonne stratégie pour prévenir la détresse psychologique serait donc la mise en place et le maintien d’un réseau social élargi qui nous procure la certitude que quelqu’un est là pour nous aider en cas de besoin (famille, amis, collègues, ressources professionnelles et communautaires).
Finalement, nous avons tous une responsabilité devant la détresse éprouvée par les autres. Collectivement d’abord, nous pouvons contribuer à diminuer la pression découlant de la compétition et de la performance dans le monde universitaire. Individuellement, nous pouvons soutenir ceux de notre entourage qui vivent des situations difficiles, mais aussi, et surtout, nous pouvons apprendre à prendre soin de nous et de notre santé mentale.
Vous êtes invités à participer à l’activité qui se tiendra conjointement sur les campus de Trois-Rivières et de Drummondville le 29 janvier 2020, entre 9 h et 15 h 30, dans le cadre de la Journée Bell Cause pour la cause sous le thème « En santé mentale, tous les gestes comptent ».
Campus de Trois-Rivières : dans le couloir menant au hall Gilles-Boulet près du CRMS (pavillon Albert-Tessier, 1er étage).
Campus de Drummondville : dans le corridor du rez-de-chaussée près de l’espace café (1005).
[1] Union étudiante du Québec, 2018, Enquête « Sous ta façade », Enquête panquébécoise sur la santé psychologique des étudiantes et étudiants universitaires.
[2] Idem.
[3] Adlaf, E.M., Demers, A. & Gliksman, L. (Éds) (2004). Enquête sur les campus canadiens. Toronto.
[4] Union étudiante du Québec, 2018, Enquête « Sous ta façade », Enquête panquébécoise sur la santé psychologique des étudiantes et étudiants universitaires.