Professeur en sciences de la gestion à l’UQTR, François Labelle s’intéresse particulièrement au développement durable chez les PME. Au fil des ans, il a constaté que l’engagement sociétal des entreprises est souvent freiné par la difficulté des gestionnaires à se renseigner à propos du développement durable. Pour faciliter leur recherche d’informations, le professeur Labelle a créé le site Internet Vigie-PME. Ce dernier donne accès aux plus récents enseignements scientifiques concernant le développement durable et la responsabilité sociétale, associés à l’entrepreneuriat et à la gestion des PME. Déjà, plus de 60 000 internautes ont visité Vigie-PME depuis sa naissance, il y a trois ans.

François Labelle, professeur au Département des sciences de la gestion de l’UQTR. (D. Jalbert photo : Philippe Gervais)

«Le site Vigie-PME est un instrument de diffusion du Laboratoire de recherche sur le développement durable en contexte de PME, affilié à l’Institut de recherche sur les PME de l’UQTR. Interface entre le public et les chercheurs, le site propose trois principaux outils : La Boussole Durable, un système de veille répertoriant des articles scientifiques pertinents ainsi qu’une section de vulgarisation scientifique», rapporte le professeur Labelle.

La Boussole Durable

La Boussole Durable est un outil permettant aux PME de s’évaluer et de se comparer quant à leur gestion en matière de développement durable et de responsabilité sociétale. En répondant à un court questionnaire (une trentaine de questions), le gestionnaire d’une PME peut identifier le profil de durabilité de son entreprise. Il peut aussi remplir un questionnaire détaillé pour obtenir plus de précision.

«Cet outil a été élaboré à la suite d’une enquête réalisée auprès de plusieurs centaines d’entreprises déjà engagées sur la voie de la durabilité. Les PME répondantes proviennent de toutes les régions du Québec et de tous les secteurs industriels. La Boussole Durable permet aux entreprises de se situer en termes d’orientation durable par rapport à d’autres PME, tout en trouvant des pistes d’amélioration. En répondant au questionnaire, les participants contribuent également à bonifier nos données scientifiques, puis nous permettent d’enrichir l’état de nos connaissances à propos du défi contemporain de la durabilité, auquel nous devrons tous participer», d’expliquer le professeur Labelle.

Les résultats de ces enquêtes constituent aussi un outil intéressant pour orienter les programmes d’aide aux entreprises en matière de développement durable. «Les PME ne constituent pas un tout monolithique dans le domaine de l’engagement sociétal, fait remarquer le chercheur. Elles sont mues par différents objectifs, motivations et comportements, et n’affichent pas toutes le même profil. En comprenant mieux où elles sont rendues et où elles se situent en matière de développement durable, il sera possible de leur offrir des mesures incitatives mieux ciblées.»

Les profils de La Boussole Durable

La Boussole Durable classe les PME en quatre catégories :

Réactive
Peu de pratiques de développement durable, préfère la stabilité et l’autonomie à la proactivité, l’innovation et la prise de risque.

Traditionaliste
Peu d’actions en développement durable, sauf pour les pratiques assurant une rentabilité accrue à court terme.

Stratégique
Innove et développe des produits et services contribuant au développement durable, obtenant ainsi un avantage concurrentiel et un rendement supérieur.

Militante
Le développement durable étant sa raison d’être, elle n’hésite pas à accepter un profit et une croissance moindres pour accomplir sa mission.

Système de veille

Vigie-PME opère également un système de veille informatisé qui, à l’aide de mots-clés (ex. développement, durable, responsabilité sociale, etc.), recense les articles traitant de développement durable en contexte d’entreprise, à l’intérieur de quelque 150 revues scientifiques. Le système affiche le titre et le résumé de l’article, dans la langue de publication (français ou anglais).

«Le répertoire des nouveautés s’enrichit de façon continue grâce à ce système de veille. Les internautes trouvent ainsi accès aisément, et en un seul lieu, aux résultats de recherche les plus récents diffusés par les meilleures publications. Cet outil permet aux gestionnaires de PME d’économiser temps et argent dans leur quête d’information en matière de développement durable. Il peut aussi servir aux étudiants et aux chercheurs à l’affût des connaissances de pointe dans leur domaine», souligne M. Labelle.

Vulgarisation scientifique

Les articles publiés au sujet du développement durable en contexte d’entreprise sont souvent rédigés en anglais, ou dans un langage scientifique parfois hermétique pour les gestionnaires de PME. Devant ce constat, le professeur Labelle a ajouté à Vigie-PME une section où il est possible de trouver plus de 25 textes en français et en espagnol, vulgarisant les meilleurs articles scientifiques sur les PME et la durabilité.

«L’équipe de Vigie-PME choisit des articles parmi les plus marquants et les plus intéressants. Ceux-ci sont ensuite vulgarisés par des étudiants à la maîtrise en gestion de l’UQTR, sous ma supervision et celle d’une professionnelle de recherche. Les textes de vulgarisation sont ensuite publiés sur Vigie-PME. Condensés de recherche en format abrégé, ces textes visent à rendre compte d’observations et de conclusions intéressantes pour les gestionnaires de PME, les gens d’affaires et entrepreneurs. L’exercice de vulgarisation permet également de sensibiliser les étudiants au développement durable et d’améliorer leurs compétences communicationnelles», note le professeur Labelle.

Travail d’équipe

Pour faire vivre le site Vigie-PME, M. Labelle bénéficie de la collaboration du professeur Thang Le Dinh (sciences de la gestion, UQTR), de l’auxiliaire de recherche Nathalie Marchand (Institut de recherche sur les PME) ainsi que de la rédactrice en chef Anne-Marie Pichette. Des partenaires externes ont également contribué au développement du projet : le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le projet Synapse de la Chaire de recherche et d’intervention en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi et le Réseau entreprises et développement durable.