Université du Québec à Trois-Rivières

Les enjeux éthiques en ergothérapie: comprendre pour mieux intervenir

– Collaboration de Laurie Montembeault, étudiante au baccalauréat en études françaises –

Il n’est pas rare d’être confronté à un enjeu éthique, c’est-à-dire une situation qui compromet l’actualisation d’au moins une de nos valeurs. Marie-Josée Drolet, ergothérapeute et professeure d’éthique appliquée au Département d’ergothérapie à l’Université du Québec à Trois-Rivières, a soulevé plusieurs enjeux de ce type qui se présentent dans le système de santé québécois.

Marie-Josée Drolet, professeure au Département d’ergothérapie de l’UQTR. (Photo Annie Brien)

Après avoir travaillé une dizaine d’années comme ergothérapeute, Marie-Josée Drolet a relevé plusieurs enjeux éthiques qui se présentaient dans des situations auxquelles elle a fait face. Des enjeux tels l’accès à des soins de santé qui étaient inadéquats ou discriminatoires, des fins d’interventions douteuses, des consentements aux soins plus ou moins éclairés, etc. Éthicienne de formation, elle a donc mené une recherche afin de soulever les enjeux éthiques pouvant être rencontrés dans la profession d’ergothérapeute.

Méthodologie de recherche

Pour cette étude, Mme Drolet a recruté 180 ergothérapeutes de milieux différents et dont la clientèle est variée. Les ergothérapeutes ont été divisés en plusieurs sous-groupes selon leur milieu de travail: travaillant au public, au privé, avec des personnes âgées, dans les milieux scolaires, avec une clientèle composée d’enfants, auprès d’autochtones et faisant de l’enseignement et de la supervision de stages.

Les données ont été recueillies à partir d’entrevues menées selon un cadre très structuré d’après le modèle de Swisher et al. Ce modèle propose quatre types d’enjeux éthiques: «Les dilemmes éthiques, où deux valeurs ne peuvent pas être actualisées en même temps; la tentation éthique, où une valeur est compromise par un intérêt personnel ou corporatif; le silence éthique qui est une situation où on observe qu’il y a un manquement éthique, mais on garde le silence; la détresse éthique qui est une situation où la personne sait ce qu’elle a à faire, mais trop de barrières sont devant elle, ce qui l’épuise», explique Marie-Josée Drolet.

La professeure a aussi documenté trois niveaux d’enjeux : les enjeux micro comme les liens entre le client et l’ergothérapeute, les enjeux méso, qui sont liés aux institutions et à leur mode de financement, et les enjeux macro, qui concernent l’organisation même du système de santé.

Retombées dans la société

Étant donné que l’ergothérapie n’est pas le seul domaine où les professionnels sont confrontés aux enjeux éthiques, Marie-Josée Drolet espère que sa recherche entraînera une prise de conscience sur les enjeux vécus par la majorité des professionnels de la santé. Par ailleurs, elle croit que pour avoir un meilleur système de santé, la société se doit de réfléchir aux enjeux éthiques: «Nous (les professionnels du domaine de la santé) voulons être utiles, mais nous le sommes moins lorsque nous sommes épuisés ou lorsque nous avons des tentations éthiques et que nous mettons de côté les intérêts des patients».

Au terme de sa recherche, Marie-Josée Drolet aimerait lancer une nouvelle enquête qui sera diffusée à l’échelle du Québec. Avec cette enquête, elle souhaiterait voir se développer quelques solutions: «Je pense déjà à des ressources en ligne qui pourraient être développées ou à du mentorat. On verra si un projet de recherche précis sur une de ces solutions se développe. À suivre…»

Laurie Montembeault est étudiante au baccalauréat en études françaises. Elle signe ici un texte dans le cadre du projet d’intervention dans la communauté «Rédaction d’articles sur la recherche universitaire», réalisé à l’hiver 2017 en collaboration avec le Vice-rectorat à la recherche et au développement, Elizabeth Marineau, agente de recherche au Décanat des études, la professeure Geneviève Bernard Barbeau, du Département de lettres et communication sociale, ainsi que les chercheurs qui ont généreusement accepté de se prêter au jeu de la vulgarisation journalistique.

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