Université du Québec à Trois-Rivières

Les « zones d’ombre » les plus fréquentes des démarches en orientation. Partie 1

Auteur : Olivier René, conseiller d’orientation professionnelle aux Services aux étudiants de l’UQTR avec la collaboration d’Elisabeth Girard, stagiaire en orientation de l’Université de Sherbrooke à la session d’hiver 2024

Les motifs qui amènent les membres de la communauté étudiante à consulter en orientation sont diversifiés et multiples. Dans la pratique des conseillères et conseillers d’orientation (c.o.), il est fréquent de constater certains aspects qui ne sont pas, de prime à bord, des motifs de consultation, mais qui font surface dans le déroulement d’une démarche en orientation.

Comme elles ne sont pas toujours à la conscience de la personne, nous ferons ici référence à des « zones d’ombre ». Une « zone d’ombre » évoque donc l’idée de ce qui n’est pas assez éclairé, ce qui manque de lumière ou encore ce qui peut apparaitre flou pour une personne. Ces différents aspects peuvent ralentir le rythme de la démarche, biaiser la compréhension d’une situation ou encore nuire aux réflexions sur soi.

Voici le premier de deux articles qui expose les « zones d’ombre » liées aux démarches en orientation et quelques pistes pour les éclairer.

01_Les fausses croyances (sur soi, sur les autres, sur la formation et sur le marché du travail)

Une des étapes essentielles d’une démarche en orientation concerne le développement d’une connaissance de soi adéquate pour cheminer vers un projet d’études ou de carrière et prendre des décisions de manière éclairée en cohérence avec soi-même.

Les fausses croyances (ou les croyances erronées) sont la plupart du temps des idées ou des conceptions basées sur différentes informations recueillies ici et là et qui vont confirmer nos perceptions. Elles réfèrent également à des prémisses qui n’ont pas encore été validées ou confrontées avec la réalité. En d’autres termes, une fausse croyance c’est le fait de tenir ses pensées pour vraies sans les questionner et sans les vérifier.

Quelques exemples :

« On m’a toujours dit que j’étais bonne pour écouter les autres et que je serais bonne en relation d’aide. »

« Depuis que je suis toute petite, je me vois enseigner à des enfants dans une classe. »

« Les seuls débouchés en kinésiologie, c’est de travailler dans un gym. »

« Il faut absolument que je fasse un MBA pour gagner un bon salaire. »

« Le monde en bio méd, ce sont des gens qui trippent vraiment sur la recherche en laboratoire. »

Éclairage/lumière :

Face aux croyances qui pourraient nuire au déroulement d’un processus d’orientation, il est important de prendre conscience de leur présence et de leur influence sur le projet d’études ou de carrière, de les questionner pour, par la suite, les valider par de nouvelles informations fiables. Le but est d’essayer de développer des conceptions plus réalistes et flexibles (sur soi, sur les autres, sur la formation et sur le marché du travail). Par exemple, le fait de rencontrer une ou plusieurs personnes qui exercent la profession ou qui travaillent dans un domaine qui nous intéresse (expérience d’exploration professionnelle validante) permet de confronter nos fausses croyances à la réalité.


02_L’urgence de choisir ou choisir dans l’urgence

Dans un monde qualifié par l’instantanéité, l’immédiateté et l’accélération, ressentir l’urgence de devoir faire un choix, notamment relié à un programme de formation ou à une profession, est fréquent et commun. Toutefois, il est aussi fréquent que ce sentiment d’urgence puisse avoir des conséquences sur les études et affecte le parcours de formation.

Les dates limites d’admission pour certains programmes contingentés, d’inscription à des cours, d’abandon avec ou sans remboursement ou encore pour postuler dans un emploi sont des moments fixes et connus. Ces dates deviennent donc des facteurs qui vont déterminer le niveau d’urgence selon le temps que nous allons accorder pour réfléchir et pour nous préparer à prendre une décision. Pour sûr, plus un choix est effectué dans l’urgence, plus il y a des risques que ce choix ne reflète pas réellement nos besoins.

Le plus souvent, le sentiment d’urgence va limiter ou empêcher la réflexion et nous maintenir dans une position étourdissante où l’on risque de faire du surplace.

Quelques exemples :

« Là, je ne veux pas perdre mon temps… ni perdre ma session. »

« Je n’ai pas le choix, je dois faire ça maintenant sinon il sera trop tard. »

« Je ne sais pas ce que j’aime vraiment, mais je dois me décider tout de suite. »

« Il faut que je fasse tous les préalables de mon plan B cette session, sinon je ne pourrai par entrer. »

« Je n’arrive pas à penser à ce que je veux et à ce que je veux faire, tout va trop vite. »

« Je n’ai pas le temps de réfléchir, la date limite c’est aujourd’hui! »

Éclairage/lumière :

Les décisions les plus porteuses en lien avec notre parcours professionnel sont celles qui seront réfléchies et analysées selon différents critères et conditions qui correspondent à notre réalité vécue. Il est facile de l’oublier, toutefois, prendre une décision relève d’un processus qui n’est pas instantané. S’engager dans un processus décisionnel implique du temps, de l’énergie et de l’investissement de soi.

Il est important de se rappeler qu’il n’y a pas de mauvais choix, mais plutôt différents types de compromis à considérer dans une décision.

Pour information sur le Service d’aide en orientation des Services aux étudiants (SAE) de l’UQTR : www.uqtr.ca/sae/orientation
Pour prendre rendez-vous en orientation : 819 376-5011, poste 6055 ou service.orientation@uqtr.ca

Références :

Aubert, N. (2003). Le culte de l’urgence, la société malade du temps. Paris : Flammarion.
Dionne, F., Gagnon, J., et Raymond., G. (2020). Déjouer la procrastination pour réussir et survivre à vos études : une méthode scientifique basée sur l’approche d’acceptation et d’engagement (ACT). Les Presses de l’Université du Québec (PUQ).
Falardeau, I. (2007). Sortir de l’indécision, Québec, Septembre éditeur.
Service de psychologie et d’orientation de l’Université de Sherbrooke (2021). La prise de décision. Université de Sherbrooke.
Repéré à : https://www.usherbrooke.ca/etudiants/fileadmin/sites/etudiants/documents/Psychologie/Brochure_prise_de_decision_2021.pdf