La mondialisation des affaires oblige les PME québécoises à se montrer de plus en plus performantes en matière de productivité. Pour les y aider, le Département de génie industriel de l’UQTR leur propose, depuis une vingtaine d’années, une démarche de diagnostic et de résolution de problèmes appelée cartographie de la chaîne de valeur. Au fil des ans, quelque 160 PME réparties à travers la province ont pu bénéficier de ce service, dont les retombées se révèlent fort positives.
«La cartographie de la chaîne de valeur permet à une entreprise d’identifier ses forces et ses faiblesses ainsi que son potentiel d’amélioration, à partir d’une analyse des processus internes, pour établir ensuite un plan d’intervention visant des gains de productivité. Cette démarche procure une aide précieuse et un avantage concurrentiel aux PME qui, bien que faisant preuve d’une grande créativité, manquent souvent de structure et de planification», d’expliquer le professeur en génie industriel Georges Abdul-Nour, qui travaille depuis de nombreuses années au projet de cartographie de la chaîne de valeur.
Avec la collaboration d’étudiants en génie industriel de l’UQTR, le professeur Abdul-Nour offre les services de cartographie à des entreprises variées, comptant de 10 à 500 employés. Le processus de cueillette et d’analyse des données nécessite environ trois jours de travail. «Dans les premières années, notre intervention durait jusqu’à quatre mois et portait sur tous les produits d’une PME participante. Nous avons retravaillé notre approche et concentrons maintenant notre analyse sur une seule famille de produits à la fois, ce qui réduit le temps d’intervention. Bien que ce dernier soit court, plusieurs PME se disent surprises par la quantité d’informations obtenues», rapporte le chercheur.
Depuis 2005, le Conseil national de recherches Canada (CNRC) s’est associé au projet de cartographie de chaîne de valeur de l’UQTR, par l’intermédiaire du Programme d’aide à la recherche industrielle (PARI). Ce partenariat, prolongé jusqu’en 2016, permet d’offrir gratuitement le service de cartographie aux PME qui en font la demande.
Avantages et résultats probants
En participant à une démarche de cartographie de la chaîne de valeur, les dirigeants de PME cernent mieux les lacunes de leur entreprise et, par le fait même, les besoins de leurs employés. En un court laps de temps et avec des investissements minimaux, ils obtiennent un diagnostic et des renseignements essentiels à la bonification des processus de l’entreprise. Simple à comprendre, la cartographie leur fournit un tableau de bord permettant d’améliorer le contrôle de la qualité ainsi que les méthodes et délais de production, tout en réduisant les coûts et le gaspillage.
«Après le réseautage, la cartographie de la chaîne de valeur est le moyen par excellence de survie et de développement des PME, d’affirmer le professeur Abdul-Nour. Les résultats que nous avons obtenus jusqu’à présent sont d’ailleurs éloquents. La grande majorité des PME participantes ont manifesté un taux de satisfaction très élevé. Plusieurs ont augmenté leur productivité de façon significative, certains doublant même leur capacité de production. Près de 60% des pistes d’amélioration proviennent des entrepreneurs eux-mêmes et de leurs employés, ce qui démontre leur appropriation des concepts et leur ouverture vers l’amélioration. Cette donnée est importante car plus l’implication des gens de l’entreprise est élevée, plus la cartographie s’avère une réussite.»
Depuis les débuts du projet de cartographie de la chaîne de valeur à l’UQTR, une vingtaine d’étudiants en génie industriel ont travaillé à sa réalisation, en collaboration avec les PME. Une autre cinquantaine d’étudiants en génie industriel ont effectué des stages en entreprise pour appliquer les recommandations de la cartographie, plusieurs étant ensuite embauchés par les PME participantes.
Outre le CNRC, le projet de cartographie de la chaîne de valeur de l’UQTR intéresse d’autres organismes. En 2010, le Centre francophone d’informatisation des organisations (CEFRIO) a fait appel à l’équipe du professeur Abdul-Nour pour vérifier l’impact d’une formation en ligne sur la production d’une quinzaine d’entreprises manufacturières québécoises. Il y a cinq ans, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a eu recours à la démarche de cartographie de l’UQTR pour améliorer la performance de l’industrie de la crevette en Gaspésie. Depuis l’automne 2012, un autre projet de cartographie de la chaîne de valeur se déroule dans cinq entreprises de pêche et transformation, en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, toujours à la demande du MAPAQ.
«Nous avons aussi soumis un projet à l’Agence canadienne de développement international (ACDI), pour cartographier des réseaux alimentaires au Sénégal. Cette démarche vise la diminution des pertes en produits alimentaires et toucherait principalement l’approvisionnement en tomates et en oignons», signale M. Abdul-Nour.
Le service de cartographie de la chaîne de valeur est offert gratuitement aux entreprises québécoises qui se qualifient pour le Programme d’aide à la recherche industrielle (PARI) du Conseil national de recherches Canada (CNRC). Pour de plus amples renseignements, consultez le conseiller en technologie industrielle de votre région.
Les étapes de la cartographie de la chaîne de valeur
- visite en entreprise :
- présentation de la cartographie de la chaîne de valeur
- visite des installations et remise d’un questionnaire
- collecte des données :
clientèle, produits, horaires de travail, employés, procédés de fabrication, aménagement, plan de maintenance, stratégies de production, sources de gaspillage, listes d’équipements, etc.
- analyse des données
- rédaction du rapport :
diagramme des flux, calcul du taux de rendement global, graphique de la chaîne de valeur, ciblage des pertes, pistes d’intervention, etc.
- retour en entreprise pour compléter la collecte des donnéesprésentation du rapport final