Simon Barnabé, titulaire de la Chaire de recherche industrielle en environnement et biotechnologie (CRIEB) de l’UQTR et ses partenaires ont obtenu, le 16 mai dernier, un prix «Célébrons le partenariat» de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ) pour le projet «Procédé intégré de production de biomasse algale à partir des rejets d’une aluminerie».
Rio Tinto Alcan INTL Inc. a fait appel à l’équipe du professeur Simon Barnabé de l’UQTR, Innofibre et Alga-Labs pour développer un procédé intégré de production de biomasse algale à partir des rejets d’une aluminerie et de sources de carbone organique locales en vue d’obtenir des biocarburants et de la bioénergie pour cette même usine.
Toute la chaîne de valeur est étudiée : développement de la souche de micro-algues, production, récolte, conditionnement et valorisation de la biomasse, ainsi que les calculs de bilans de masse, énergétique et de carbone.
La culture intensive d’algues à haute valeur calorifique et la valorisation de la biomasse dans une aluminerie pour réduire la dépendance aux carburants fossiles
Ce projet se distingue des autres projets sur les algocarburants à travers le monde par le développement de souches robustes et adaptées aux eaux usées de l’aluminerie, l’essai d’un prototype pilote de production hétérotrophe de biomasse algale utilisant un bassin ouvert configuré selon la technologie Alga-FuelTM et une combinaison de technologies papetières pour récolter et conditionner (déshydratation, bris des cellules) à moindre coût la biomasse algale en vue de la valoriser en bioénergie ou biocarburants. Tout ça dans le but d’articuler une première approche de cas d’affaires où une aluminerie et un producteur de microalgues hautement calorifiques cohabiteraient ensemble sur le même site.
Ce projet mise particulièrement sur les connaissances et technologies papetières pour réduire les coûts exorbitants de la récolte et du conditionnement de la biomasse algale. Rio Tinto Alcan INTL Inc. entend ainsi révolutionner le secteur des alumineries en intégrant la production de microalgues dans ses activités pour réduire son empreinte environnementale et les coûts y étant associés, en intégrant les concepts de l’écologie industrielle qui permettent de créer des opportunités socioéconomiques pour la communauté d’accueil.
Ce partenariat bénéficie de subventions du CRIBIQ, MITACS, CRSNG et du nouveau réseau pancanadien BioFuelNet ainsi que de contributions en argent et en nature de Rio Tinto Alcan, Alga-Labs et de l’UQTR, totalisant plus de 1 M$.
Ce projet permettra d’une part la réduction des émissions et des rejets liés aux activités de l’industrie canadienne de l’aluminium (eau, air, sol) et contribuera d’autre part à améliorer la santé des écosystèmes et des humains à proximité des alumineries, tout en augmentant les offres de partenariats socioéconomiques régionaux.
Les résultats pourront être transposés à d’autres industries à la recherche d’alternatives aux ressources fossiles, puisque ce projet de partenariat explore spécialement la possibilité d’appliquer les connaissances et les technologies papetières à la culture d’algues. Ceci ouvrira la porte à leur intégration dans d’autres types d’industries canadiennes, dont les papetières, en offrant un second souffle aux usines situées en région.
Ce projet nécessitant l’utilisation de sources de carbone organique locales, soit des effluents et des résidus d’entreprises agroalimentaires ou autres pour alimenter la production hétérotrophe de micro-algues, ces effluents et résidus deviendront par le fait même une nouvelle source de revenus pour ces entreprises locales. Il pourrait alors en émerger une nouvelle grappe industrielle se nourrissant des rejets des industries présentes en région permettant du coup de freiner l’exode économique associée à l’achat des carburants fossiles traditionnels.
Enfin, selon les contextes régionaux, des usines d’autres secteurs industriels pourront appliquer le concept de cohabitation mis en place dans ce projet leur permettant d’obtenir des bénéfices économiques et environnementaux pour leurs installations ainsi que pour leur communauté d’accueil. La relance des économies rurales, avec la valorisation de la biomasse, l’exploitation durable des richesses régionales, la revitalisation des infrastructures et des expertises locales (ex. papetières), la création d’emplois spécialisés, la stimulation de l’entrepreneurship en région de même que le développement d’une nouvelle filière énergétique propre et renouvelable, représentent des aspects de durabilité sociale, économique et environnementale qui orientent ce projet de partenariat et pour lesquels l’ensemble des partenaires dédient ces recherches et les innovations qui en découleront.