La première cohorte d’étudiants de la Formation initiale et perfectionnement professionnel des cadres de la Police nationale d’Haïti (FIPCA-PNH) a gradué en octobre dernier. Démarré en 2010, ce projet de transfert de connaissances et d’expertise, auquel participe l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), vise à favoriser le développement des compétences des inspecteurs et commissaires de la PNH, afin qu’ils puissent assurer la sécurité publique de façon adéquate dans ce pays.
L’UQTR fait partie d’un consortium participant à ce qui s’avère être actuellement le plus gros projet de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) en Haïti; en effet, quelque 16 millions de dollars ont été investis par l’ACDI afin de construire une académie de police temporaire et mettre sur pied plus de six programmes de formation s’adressant aux commissaires et aux inspecteurs de la PNH. Les objectifs de ces programmes sont, entre autres, d’améliorer leur professionnalisme et leur sens du droit et de l’éthique, ainsi que de les sensibiliser à l’égalité entre les hommes et les femmes.
Un besoin accru par le séisme
Avant même que le tremblement de terre de 2010 ne vienne dévaster une partie de sa population ainsi que son précaire équilibre socioéconomique et politique, Haïti avait demandé l’aide du gouvernement canadien afin de mettre en place un programme d’amélioration de son service de protection publique. Il va sans dire que le séisme n’a fait qu’accentuer ce besoin. Sylvain Benoit, directeur du Bureau de l’international et du recrutement de l’UQTR et responsable du FIPCA-PNH pour l’université trifluvienne, fait état de cette réalité : « C’est un problème de sécurité déjà existant qui a été accru par le tremblement de terre. Non seulement il y a eu plusieurs décès, mais la désorganisation sociale et civile a apporté une recrudescence de la violence. Le projet avait été pensé avant le séisme et c’était une nécessité à cette époque, mais aujourd’hui, il a pris encore plus d’importance. »
Une approche participative
Une fois l’étape du choc passée, l’équipe de l’UQTR devait s’atteler à la tâche et miser sur son expertise. Ainsi, François Bergeron et François Guillemette, respectivement professeurs au Département des sciences de la gestion et au Département des sciences de l’éducation, ont mis au point les programmes de formation initiale et de perfectionnement en appliquant l’approche par compétences.
Comme l’illustre bien M. Bergeron, l’adaptation du modèle québécois au modèle haïtien comporte certains défis : « Les Haïtiens sont habitués à un mode d’enseignement plus traditionnel, à travers lequel le professeur communique son savoir lors de cours magistraux, alors que l’approche par compétences préconisée au Québec est beaucoup plus pratique. On place tout de suite les étudiants en contexte de réalisation. »
Selon M. Guillemette, cette transition s’est effectuée avec succès : « L’approche par compétences et l’apprentissage expérientiel ont constitué des réalités nouvelles pour les Haïtiens. Néanmoins, ils les ont aisément adaptés en faisant référence à des approches déjà en place en Haïti et qui étaient semblables sur certains aspects. »
Pour s’adapter aux différences culturelles, chaque membre de l’équipe québécoise travaille en collaboration avec un professeur-concepteur haïtien. Ce dernier est présent à toutes les étapes, de la création du module de formation jusqu’à la planification de chaque leçon, en passant par le guide pédagogique, le guide d’évaluation et le plan de cours. Ainsi, on s’assure que les scénarios et les exercices pédagogiques soient en adéquation avec la réalité haïtienne.
Benoît Hurtel, chargé de cours à l’UQTR et expert en communication qui prend part au projet, insiste sur l’importance de cette approche participative : « Ce sont les Haïtiens qui déterminent ensemble leurs besoins et pensent les solutions par eux-mêmes. Notre rôle consiste à les soutenir et à leur fournir des outils probants qui vont les aider, et ce, tout en respectant leur rythme. »
Un avenir prometteur
Même si le projet FIPCA-PNH se termine en 2015, les effets positifs de ces formations perdureront pour plusieurs années. En effet, les policiers nouvellement formés deviendront des agents de changement qui propageront les bonnes conduites à adopter autour d’eux. Jean Côté, conseiller expert en sécurité publique, explique que les formateurs seront devenus autonomes aux termes du projet : « L’approche privilégiée par le consortium, soit le développement du contenu en collaboration avec des professeurs-concepteurs de la Police nationale d’Haïti et l’accompagnement d’universitaires haïtiens comme diffuseurs du contenu, va permettre à celle-ci de ne plus être dépendante des experts internationaux pour la préparation de la relève chez les officiers. »
Cela dit, la présence de l’UQTR pourrait quand même s’avérer requise en Haïti dans les prochaines années. Bien que le projet ne soit pas encore approuvé, on parle maintenant de construire une académie de police permanente dans la ville haïtienne de Ganthier. De quoi tenir occupés nos experts pour les années à venir.
Depuis 2010, l’UQTR participe à un projet de transfert de connaissances et d’expertise pour favoriser le développement des capacités des inspecteurs et commissaires de la Police nationale d’Haïti à assurer la sécurité publique dans ce pays. Ce programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada, agissant par l’entremise d’Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada, est mené en partenariat par l’UQTR avec l’entreprise québécoise en consultation internationale CRC Sogema, l’Université de Sherbrooke et le Collège Maisonneuve.
**Ce texte est tiré du numéro d’hiver 2014 de la publication Connexion UQTR. Consultez la publication ici : www.uqtr.ca/connexion