Université du Québec à Trois-Rivières

Identifier des facteurs de succès dans le traitement de l’infertilité

Au cours des dernières décennies, le taux d’infertilité a connu une croissance importante au Canada. En lien avec ce problème de santé, des couples de plus en plus nombreux ont participé à des programmes de procréation médicalement assistée (PMA), pour améliorer leurs chances de concevoir un enfant. Cependant, ces traitements sont longs et éprouvants, tant psychologiquement que physiquement, et ils exigent d’importantes ressources financières et humaines. Pour tenter d’identifier des facteurs qui pourraient contribuer au succès reproductif, la professeure Stephanie-May Ruchat, du Département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), a lancé récemment un projet de recherche avec la collaboration des professeures Émilie Lachance (sciences de l’activité physique, UQTR) et Julie Robitaille (sciences des aliments et nutrition, Université Laval), ainsi que de la Dre Véronique Babineau, gynécologue-obstétricienne et responsable de la clinique de PMA du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Trois-Rivières.

Veronique Babineau_Setphanie May Ruchat_Emilie Lachance

La professeure Stephanie-May Ruchat (au centre), du Département des sciences de l’activité physique de l’UQTR, entourée de la Dre Véronique Babineau (à gauche), gynécologue-obstétricienne et responsable de la clinique de procréation médicalement assistée du CSSS de Trois-Rivières, ainsi que de la professeure Émilie Lachance, du Département des sciences de l’activité physique de l’UQTR.

«Il s’agit d’une étude menée en deux phases. La première nous permettra d’évaluer la qualité et les habitudes de vie ainsi que la santé cardiométabolique de 70 couples, au cours de leur première année de traitement de fertilité à la clinique de PMA du CSSS de Trois-Rivières. Nous évaluerons notamment les caractéristiques corporelles et la condition physique des hommes et des femmes. Nous leur demanderons aussi de remplir des questionnaires portant, entre autres, sur leurs habitudes d’activité physique, leur alimentation, leur sommeil et leur anxiété. Ce volet de notre étude est unique au Québec, car il s’intéresse non seulement aux femmes, mais également à leur conjoint», explique la professeure Ruchat.

Capture

Source : site Web du gouvernement du Canada

La seconde phase du projet permettra de suivre la grossesse de femmes devenues enceintes à la suite de traitements de fertilité. Un groupe témoin, constitué de femmes tombées enceintes naturellement, sera aussi étudié. La collecte des données se poursuivra quelques semaines après l’accouchement. Les renseignements recueillis seront des indicateurs de santé maternelle et fœtale, ainsi que des informations sur la qualité et les habitudes de vie des femmes enceintes.

Ce projet de recherche a pour premier objectif de dresser le portrait de la santé des couples qui bénéficient du programme québécois de PMA. «Selon nous, il est essentiel de mieux caractériser ces couples et de mieux comprendre les facteurs qui contribuent à leur succès reproductif. Il s’agit d’une première étape indispensable pour identifier des cibles d’action visant à promouvoir la santé des couples qui ont un projet parental et à améliorer leur succès reproductif», mentionne la professeure Ruchat.

L’équipe de recherche souhaite aussi évaluer les effets de la PMA sur la santé de la mère et du nouveau-né. «Quatre ans après le lancement du programme québécois de PMA, nous sommes surpris qu’aucun registre n’ait encore été mis sur pied pour suivre les retombées des traitements de fertilité sur la santé des femmes et de leurs enfants, à court et long termes. Or, la littérature scientifique suggère que les complications maternelles et fœtales de grossesse sont plus élevées lorsque la conception résulte de la PMA, plutôt que d’une action naturelle. Ces complications peuvent avoir des conséquences négatives sur la santé à long terme des femmes et des enfants. Il est donc essentiel de s’intéresser de plus près à cette problématique», souligne la chercheuse.

Retombées espérées

La professeure Ruchat anticipe d’importantes retombées cliniques pour ce projet : «À partir de nos résultats, nous espérons pouvoir développer, à plus long terme, des interventions visant à restaurer la fertilité naturelle et à alléger les traitements de fertilité, tout en améliorant les chances de grossesse sans complication», indique-t-elle.

Grâce à de nouvelles actions contribuant à l’amélioration des habitudes de vie pendant la période précédant et suivant la conception, la chercheuse souhaite favoriser la santé de deux générations – celle des parents et de leurs enfants –, tout en diminuant les coûts pour les parents et le système de santé.

«Nous sommes très heureux de l’intérêt suscité par ce projet de recherche, lequel est financé par le Fonds pour la recherche clinique de l’UQTR et le Fonds de soutien au démarrage de projets en collaboration UQTR-CSSS de Trois-Rivières. Par nos travaux, nous pourrons participer au développement de la recherche à l’UQTR et au CSSS de Trois-Rivières, en mettant sur pied une nouvelle thématique de recherche au Département des sciences de l’activité physique et en établissant de nouvelles collaborations avec des médecins du CSSS de Trois-Rivières. Je tiens d’ailleurs à remercier tout particulièrement la Dre Véronique Babineau pour son enthousiasme et son implication dans ce projet. Ce dernier n’aurait pu voir le jour sans elle, du moins pas aussi rapidement», rapporte la professeure Ruchat.