Russie, Mexique, Finlande, Chine, Macédoine… la longue liste de pays dans lesquels le Trifluvien Guy Langevin a fait vivre son art au cours des 40 dernières années pourrait prendre à elle seule les trois quarts de ce texte. Il en va ainsi pour l’impressionnant répertoire de prix qui lui ont été décernés afin de récompenser son travail de graveur.
Ce qui a fait la grande notoriété de ce diplômé de l’UQTR en Arts et sciences humaines (1977) sur la scène internationale est sans contredit la production de gravure à la manière noire. Cette technique datant de la Renaissance est en fait un procédé de gravure en taille-douce qui permet d’obtenir différents niveaux de gris, sans recourir aux hachures ou aux pointillés de la gravure traditionnelle. La manière noire offre ainsi une grande variété de teintes – d’où le nom de mezzotinto qu’on lui attribue parfois –, ce qui donne l’impression au spectateur que les formes produites par l’artiste semblent sortir de l’ombre.
Ce n’est d’ailleurs pas en Europe, où la pratique de la manière noire est plus connue, que Guy Langevin a appris les rudiments de cet art en 1987, dix ans après ses débuts comme professionnel. Simplement curieux de découvrir une nouvelle technique qui le ferait évoluer en tant qu’artiste, c’est à Trois-Rivières qu’il fait la découverte de la manière noire auprès de son collègue artiste Nelson Gagné, un autre diplômé de l’UQTR. Pour M. Langevin, c’est le coup de foudre instantané! La manière noire est plus qu’une technique, elle devient une façon de penser l’image autrement et l’amène à complètement remettre son travail en question.
«J’étais loin de me douter à ce moment-là que ma carrière allait être complètement transformée, que j’allais parcourir le monde avec mes œuvres, prendre part à des rendez-vous internationaux et recevoir des prix prestigieux. C’est complètement fou quand on y repense», se remémore l’artiste avec fierté.
Autres sources d’orgueil pour le Trifluvien de 64 ans, ce sont les invitations provenant des quatre coins du monde pour enseigner la manière noire dans de populaires rendez-vous culturels ou des classes de maîtres.
«On parle d’une technique ancestrale dont nous avons appris et peaufiné les rudiments dans notre petit studio de Trois-Rivières. Nous avons tout appris sur le tas, sans l’enseignement de maître dans le domaine. Aujourd’hui, on me demande d’enseigner la manière noire au Japon, en Chine ou en Europe. Pas mal pour un autodidacte de cette discipline!», sourit M. Langevin.
L’UQTR au cœur
Frôlant les 500 expositions en carrière, le Trifluvien enseigne l’art depuis quatre ans aux étudiants du Cégep de Trois-Rivières. Une façon de transmettre sa passion à la relève, comme l’ont fait pour lui ses professeurs de l’UQTR durant les années 1970.
«À ce jour, mes plus grandes influences sont certainement les professeurs de l’UQTR qui menaient une carrière artistique en parallèle avec l’enseignement. Je pense entre autres à Francine Simonin qui m’a beaucoup inspiré. Même si j’ai côtoyé plusieurs grands artistes professionnels durant ma carrière, ceux qui m’ont le plus influencé sont probablement les professeurs qui m’ont formé durant mes études à l’UQTR.»
L’Université n’a pas oublié elle non plus le passage de Guy Langevin en ses murs. En 2017, l’établissement d’enseignement lui accorde le prestigieux prix Pythagore (Arts et sciences humaines) afin de reconnaître son incroyable carrière.
«Ce fut pour moi l’occasion de me reconnecter avec mon université. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de collaborer avec l’UQTR durant ma carrière alors le fait de recevoir le prix, c’était comme retrouver une famille que j’avais perdue de vue depuis trop longtemps. Ça m’a fait chaud au cœur.»
Un riche héritage régional
S’il est reconnu sur la scène, nationale et internationale, le nom de Guy Langevin résonne fortement dans le paysage culturel mauricien. Fondateur de l’atelier Presse Papier en 1979, Guy Langevin est également le cofondateur de la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières. Cet événement est l’un des rendez-vous phares en Amérique du Nord pour les artistes estampiers professionnels depuis 1999.
Langevin poursuit son travail d’ambassadeur de la région et de l’UQTR, alors que plusieurs institutions muséales possèdent quelques-unes de ses œuvres, que ce soit en Asie, en Europe et au Canada. Son expertise est sollicitée pour l’organisation d’expositions, pour siéger à certains jurys internationaux, pour donner des formations de pointe et prononcer des conférences.
Malgré ses 40 ans de carrière, Guy Langevin arrive toujours à produire près de 7 à 8 œuvres de manière noire par année. Sachant que chacune des œuvres peut prendre un mois et demi à mettre au monde, il est considéré comme un artiste très productif et influent. En plus de la manière noire, il continue à pratiquer le dessin, la peinture et la photo.
Pour un aperçu du travail de Guy Langevin, une visite s’impose sur sa page Facebook au www.facebook.com/guy.langevin.52.