Le professeur Bohuslav Kokta est décédé à l’hôpital universitaire d’Ostrava-Fifejdy en République tchèque le 5 septembre dernier. Après plus de quarante ans de loyaux services à l’UQTR, le professeur Kokta a pris sa retraite en mars 2011. Durant sa carrière, il aura occupé plusieurs postes d’importance dont, notamment, ceux de responsable du Groupe de recherche en pâtes et papiers (1972‑1975), de directeur du Comité d’études avancées en pâtes et papiers (1977-1982) et de directeur du Département de génie chimique (2002-2005 et 2007-2010). À titre de professeur associé, monsieur Kokta était jusqu’à tout récemment toujours actif au sein de l’Institut I2E3. Il a fait partie de ces pionniers qui ont contribué à faire de la filière de recherche en pâtes et papiers de l’UQTR, une référence sur le plan national et international. Cofondateur du Centre de recherche en pâtes et papiers, devenu le Centre de Recherche sur les Matériaux Lignocellulosiques (CRML) et ultimement, l’Institut d’Innovations en Écomatériaux, Écoproduits et Écoénergies à base de biomasse (I2E3), il a contribué à mettre sur pied la maîtrise en sciences des pâtes et papiers dans les années 70. C’est en grande partie sous son impulsion et grâce aux collaborations internationales qu’il a initiées que ce secteur est devenu un pôle d’excellence en recherche à l’UQTR.
Durant sa carrière, il aura dirigé et codirigé une douzaine d’étudiants au doctorat en plus d’être proactif en recherche. Il a reçu à titre individuel près de 3,7 millions de dollars de subventions et a participé à l’obtention de 2,7 millions de dollars en subventions d’équipes, sans compter les appareillages divers de plus de 1,6 million obtenus avec sa collaboration, marquant ainsi l’essor et la réputation du Centre de recherche en pâtes et papiers devenu aujourd’hui l’I2E3. Ses travaux de recherche ont donné lieu à la publication de plus de 362 publications, dont deux chapitres de livres, 137 articles dans des revues savantes à grand impact et 52 actes de conférences et plus de 108 conférences que lui ou ses étudiants ont présentées. Il a également à son actif une vingtaine de brevets d’invention et d’applications industrielles, dont la pâte explosion, brevet encore actif aujourd’hui et invention toujours fort utile en recherche et en applications diverses.
Honoré par ses pairs à de nombreuses reprises, le professeur Kokta a reçu le prix John S. Bates de la Pulp and Paper Technical Association of Canada à deux reprises, pour le meilleur article d’une division, en 1982 et en 1987. En 2004, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) lui a remis un prix de reconnaissance pour sa contribution importante en recherche. La même année, il était récipiendaire du prix de reconnaissance de l’Institut des polymères de Bratislava en Slovaquie, pour marquer les mérites des collaborations internationales qu’il a instaurées. Le rôle qu’il a joué à l’international en fait l’un des dignes ambassadeurs de l’UQTR. Selon un recensement récent, M. Kokta compte parmi les 10 chercheurs de l’UQTR les plus cités dans le monde. Il aura permis à l’institution et au secteur des pâtes et papiers de rayonner en affirmant notre expertise. Lors de ses congés sabbatiques de 1996-1997 et 2002-2003, il a œuvré à l’Institute of Macromolecular Chemistry de Prague, en République tchèque où il a su développer et approfondir l’expertise dans les domaines des polymères-composites et de l’ingénierie des polymères et intensifier la recherche en mettant sur pied des collaborations internationales par la formation d’un réseau de recherche et d’échanges entre les universités et instituts tchèques, slovaques et canadiens.
Il est clair que les contributions du professeur Kokta sont remarquables à plusieurs points de vue, autant au niveau académique que personnel. Tout au long de sa carrière active, il a su agencer son rôle de professeur et de chercheur à une autre de ses grandes passions, les courses à pied et les marathons. Grâce à cette détermination marathonienne, il a même participé au Mile à Jobin en 2011 alors qu’il était encore en convalescence! Les professeurs du feu Département de génie chimique et des collègues provenant de secteurs connexes bénéficient encore aujourd’hui de l’excellence de ses réalisations, de son œuvre de pionnier et de son rayonnement dans la communauté scientifique nationale et internationale. Il aura fait partie des piliers d’un département et d’un secteur entier de recherche qui a fait la renommée de notre institution.
Un grand chercheur dont on se souviendra longtemps.
Éric Loranger
Simon Barnabé
Codirecteurs de l’Institut I2E3 de l’UQTR