Université du Québec à Trois-Rivières

Unir les connaissances pour la réhabilitation des agroécosystèmes

– Collaboration de Laura Massicotte, étudiante au baccalauréat en études françaises –

Être productif tout en protégeant l’environnement comporte des défis pour le secteur agricole. D’abord, défi technique qui suppose des changements dans les pratiques agricoles, puis défi culturel qui nécessite que la protection de l’environnement s’intègre à la culture de l’agriculteur. C’est afin de soutenir les agriculteurs dans ces changements, par l’instauration d’un climat d’échange et d’entraide entre spécialistes et agriculteurs, que Julie Ruiz, professeure au Département des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), a lancé le projet Co-construire des modèles collaboratifs pour la réhabilitation des agroécosystèmes, une recherche interdisciplinaire innovatrice.

Julie Ruiz, professeure au Département des sciences de l’environnement et titulaire de la Chaire de recherche UQTR en écologie du paysage et aménagement.

Le projet vise la mise sur pied d’un «laboratoire vivant» liant tous les acteurs, des chercheurs aux agriculteurs en passant par différents organismes du milieu, œuvrant pour la réhabilitation des agroécosystèmes, c’est-à-dire des écosystèmes qui ont subi des modifications par l’homme pour la production agricole. Co-construire ce dispositif de laboratoire vivant, l’alimenter et en suivre les retombées sont les trois objectifs poursuivis par le programme de recherche, lequel a reçu une subvention Développement de partenariat du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) du Canada.

Le laboratoire vivant prend la forme, en hiver, d’ateliers de co-conception de projets (visant l’amélioration des agroécosystèmes) auxquels prennent part une cinquantaine d’agriculteurs et divers experts du secteur agricole, par exemple des agronomes-conseil et des chercheurs. Pendant la belle saison, l’expérimentation se déroule sur les fermes. L’amont du bassin versant (voir encadré) de la rivière L’Acadie en Montérégie sert de laboratoire à cette démarche pour mesurer les effets des changements mis en place par les agriculteurs. Ce bassin versant donne aussi son nom au laboratoire vivant: L’AcadieLab.

Coconstruire pour réhabiliter les agroécosystèmes

Julie Ruiz, également titulaire de la Chaire UQTR en écologie du paysage et aménagement, explique: «On travaille sur les enjeux environnementaux caractéristiques de l’agriculture intensive du Québec, avec des fermes qui sont parmi les plus grosses de la province». L’objectif du projet est que «les agriculteurs passent à l’action pour la réhabilitation des agroécosystèmes, qu’ils soient capables de mieux s’approprier les enjeux environnementaux et de développer leurs propres solutions», ajoute la chercheuse.

Ce qui distingue particulièrement cette approche, c’est le rôle tant des agriculteurs que des divers experts qui interviennent dans la démarche. Au lieu de recevoir les solutions «clé en main» proposées par les experts, les agriculteurs sont impliqués dès le départ dans la co-construction de projets adaptés à leur ferme avec les spécialistes. Ainsi, les obstacles possibles, les intérêts et les connaissances de chacun sont pris en considération dans la recherche de solutions aux enjeux environnementaux du territoire.

Aurélie Dumont, doctorante dont le projet de recherche, réalisé sous la direction de Julie Ruiz, consiste à suivre la communauté d’agriculteurs dans cette initiative, note: «Le processus permet de générer l’adoption de nouvelles pratiques qui feront pleinement partie de l’identité des agriculteurs. Elles seront donc pérennisées.»

Ce programme initié en juillet 2014 ne cesse d’évoluer au fil des échanges entre les collaborateurs. «La recherche est là pour suivre et soutenir le dispositif. Aujourd’hui, le projet appartient plus aux acteurs qu’à nous», souligne la professeure, qui souhaite qu’un tel dispositif puisse être déployé sur d’autres territoires agricoles.

Laura Massicotte est étudiante au baccalauréat en études françaises. Elle signe ici un texte dans le cadre du projet d’intervention dans la communauté «Rédaction d’articles sur la recherche universitaire», réalisé à l’hiver 2017 en collaboration avec le Vice-rectorat à la recherche et au développement, Elizabeth Marineau, agente de recherche au Décanat des études, la professeure Geneviève Bernard Barbeau, du Département de lettres et communication sociale, ainsi que les chercheurs qui ont généreusement accepté de se prêter au jeu de la vulgarisation journalistique.

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