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Des aînés inuits témoignent des changements climatiques dans le Grand Nord canadien

Entre 2007 et 2010, une équipe de chercheurs en provenance de plusieurs universités canadiennes, dont l’UQTR, a fait appel à la mémoire et au savoir d’aînés inuits, afin de connaître leur perception des changements climatiques dans différentes régions nordiques du pays.

Mme José Gérin-Lajoie, lors de son passage à Pond Inlet (Nunavut).

Mme José Gérin-Lajoie, lors de son passage à Pond Inlet (Nunavut).

Coordonnatrice de recherche au laboratoire de la professeure Esther Lévesque (Département des sciences de l’environnement et Groupe de recherche en biologie végétale, UQTR) et au Centre d’études nordiques, Mme José Gérin-Lajoie a participé à ce projet en menant des entrevues auprès de nombreux aînés inuits, pour connaître leurs observations environnementales.

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«Au cours des 20 dernières années, d’importants changements ont été constatés par les aînés inuits, et ce, dans toutes les régions visitées. Partout, la croissance de la végétation s’est accélérée. Les plantes sont plus nombreuses et plus hautes. Des espèces de végétaux et d’animaux, jamais vus au Nord, font aussi leur apparition», indique Mme Gérin-Lajoie.

D’est en ouest, les Inuits remarquent qu’il y a moins de neige et plus de vent. La texture de la neige se modifie, rendant plus difficile la construction d’iglous. Les épisodes de dégel sont plus nombreux pendant l’hiver, et la mer gèle plus tard et dégèle plus tôt. La saison de la chasse sur la glace s’en trouve raccourcie d’au moins un mois. La fragilité de la glace rend également les déplacements plus risqués.

Alors qu’autrefois, les Inuits se fiaient à des repères naturels (ciel, nuages, etc.) pour prédire la température, ils n’arrivent plus à le faire aujourd’hui. La météo devient imprévisible. Les précipitations ont également changé: plus abondantes à l’est, moins présentes à l’ouest.

De façon unanime, les aînés inuits rapportent que la terre s’assèche, ainsi que le lichen. Cette situation entraîne notamment le déplacement des caribous, en décroissance au nord du Québec.

«La plus grande inquiétude manifestée par les aînés inuits, c’est la perte de leurs sources de nourriture, car ces dernières garantissent leur bien-être physique et mental, ainsi que le maintien de leur mode de vie communautaire et traditionnel», souligne Mme Gérin-Lajoie.

Les propos recueillis auprès des aînés inuits ont fait l’objet d’un livre intitulé «The Caribou Taste Different Now», récemment publié par le Nunavut Arctic College Media.