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Quand le suicide frappe… qu’en est-il de ceux qui restent?

L’avis psychologique

Collaboration de Sylvie Robidoux, psychologue du Service aux étudiants

Voici l’histoire de Mathieu et de sa famille (noms fictifs)  qui a été touchée par le suicide de ce dernier il y a bientôt deux ans.

Mathieu était un enfant actif et joyeux, le «rayon de soleil de la famille», puis un adolescent plein de potentiel et de projets qui, peu à peu, est devenu taciturne, isolé, maussade. Ses parents attribuaient ce changement d’attitude au passage à l’adolescence, pensant que tout rentrerait dans l’ordre au cégep. À cette période, l’humeur de Mathieu était très changeante : parfois, il semblait bien aller, à d’autres moments, il redevenait silencieux, irritable, en retrait, jusqu’à ce qu’un jour, subitement, il mette fin à ses jours.

Ses parents, sous le choc, ne pouvaient croire à ce suicide et encore moins l’accepter. Dans un état d’irréalité, ils ont fait ce qu’il fallait pour la cérémonie d’adieux et les nombreuses démarches, assaillis par la culpabilité de n’avoir pas vu à quel point leur fils n’allait pas bien, de n’avoir pu empêcher ce drame, se reprochant de ne pas avoir été assez présents, assez à l’écoute, paralysés par la honte, craignant les jugements qu’on ne manquerait pas de porter sur la famille et leurs capacités de parents.

Louise, la mère de Mathieu n’a pas pu reprendre le travail, complètement effondrée, envahie par une peine immense, n’arrivant toujours pas à trouver des réponses aux nombreuses questions qui l’habitent. Depuis quelques mois, elle reçoit une aide professionnelle pour se sortir de la dépression. Quant à Claude, le père de Mathieu, ne sachant pas quoi faire de tout ce qu’il ressentait, n’osant pas en parler, s’est lancé dans le travail et le sport pour tenter d’oublier, de passer à autre chose. Le couple s’est séparé récemment, ils ne sont pas arrivés à s’appuyer mutuellement, trop pris par leur propre douleur. Ils en étaient même venus à se reprocher mutuellement la mort de leur fils.

Claudie, la sœur de Mathieu, s’est sentie toute aussi coupable, triste et impuissante face à ce qui était arrivé à son frère, mais elle n’osait pas en parler à ses parents pour ne pas ajouter à leur souffrance. Ses résultats scolaires ont chuté, elle mangeait peu et avait des difficultés de sommeil importantes. Ses parents, malgré leurs propres difficultés, ont pu déceler la souffrance de leur fille et l’ont encouragée à consulter. Elle chemine peu à peu vers un mieux-être.

Les proches ne réagissent pas tous de la même façon à la perte d’un être cher par suicide, mais tous auront à faire un travail de deuil. Ce deuil, comme tous les autres, se fait par un processus douloureux mais nécessaire pour retrouver goût à la vie. La souffrance des endeuillés par suicide est toutefois amplifiée par le caractère violent du geste posé, la culpabilité et la colère souvent inavouable, la honte, le sentiment d’abandon, l’incompréhension et la difficile acceptation qu’il n’y aura pas nécessairement de réponses aux questions soulevées par un tel geste.

Sylvie Robidoux, psychologue

Pour traverser cette épreuve, les endeuillés par suicide ont surtout besoin de temps, de pouvoir respecter leur propre rythme, mais également de soutien, d’écoute, de chaleur et de pouvoir exprimer toutes ces émotions intenses qui les submergent. Le soutien de l’entourage est nécessaire mais peut parfois être insuffisant. Il existe alors des ressources plus spécialisées qui peuvent prendre le relai :

Pour les étudiants qui ont été touchés par le suicide d’un proche ou pour ceux qui ont des idées suicidaires, le Service de psychologie du Service aux étudiants de l’UQTR au 819 376-5011, poste 6056

Finalement, l’Association québécoise de prévention du suicide, en collaboration avec les producteurs du téléroman Yamaska, ont créé le site www.tesimportant.com lequel offre des capsules vidéo sur différents thèmes touchant le suicide et une tribune à ceux qui veulent témoigner de leur expérience.

En guise de conclusion, voici une réflexion à garder à l’esprit, et particulièrement en cette Semaine nationale de prévention du suicide qui se tiendra cette année du 3 au 9 février :

«Pour une personne en détresse, le suicide peut sembler la seule façon de mettre fin à une souffrance intolérable et de se sortir du désespoir, mais après coup, cette souffrance intolérable est inévitablement portée par ceux qui restent, les proches dévastés qui, longtemps, sont habités par cette douloureuse perte.»